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1685 et 1839. (Pour chaque concile, V. les noms des villes où ils se sont tenus.)

CONCINI (CONCINO), dit le maréchal d’Ancre, né à Florence, où son père était notaire, vint en France en 1600 avec Marie de Médicis, femme de Henri IV. Avec l’appui de sa femme, Léonore Galigaï, qui était femme de chambre et favorite de la reine, il s’éleva en peu de temps à la plus haute faveur. Après la mort de Henri IV il acheta le marquisat d’Ancre, fut nommé gouverneur de la Normandie, et enfin maréchal de France, sans avoir jamais tiré l’épée. Il était en même temps premier ministre du jeune roi Louis XIII et exerçait sur ce prince un empire tyrannique. Mais sa fortune si rapide et ses hauteurs excitèrent la jalousie des grands seigneurs ; poussé par eux, le jeune roi, qui depuis longtemps supportait impatiemment le joug de cet étranger, ordonna sa mort. Il fut frappé par Vitry dans la cour du Louvre, le 24 avril 1617. Sa femme, condamnée à mort comme sorcière, fut décapitée, puis brûlée, et leur fils déclaré par le parlement ignoble et incapable de tenir aucun état dans le royaume.

CONCLAVE (du latin conclave, chambre), collége des cardinaux réunis pour élire un pape. Pendant toute la durée de l’élection, les conclavistes ne peuvent avoir aucune communication avec le dehors ; ils sont placés sous la surveillance du cardinal camerlingue et d’un officier laïque appelé maréchal de l’Église. Tous les jours ils s’assemblent pour voter, jusqu’à ce qu’un même nom réunisse les deux tiers des suffrages. Pour prévenir la durée illimitée des conclaves, les règlements portaient que si le 8e jour le pape n’était point encore élu, les cardinaux seraient réduits au pain et au vin ; cet usage est tombé en désuétude. Le conclave fut institué en 1274 par Grégoire X. Dans l’origine, l’élection des papes se faisait par le clergé et le peuple de Rome.

CONCORD, nom de plusieurs v. des États-Unis, dont la principale est le ch.-l. du New-Hampshire, sur le Merrimak, à 95 kil. N. O. de Boston ; 8000 h.

CONCORDAT, contrat passé entre le pape et un gouvernement catholique pour fixer les droits respectifs de l’Église et de l’État. Les plus célèbres sont : le C. de Worms, conclu en 1122 entre le pape Calixte II et l’empereur d’Allemagne Henri V : il mit fin à la longue querelle des Investitures ; — le C. de 1516, entre le pape Léon X et le roi François I, relativement à la collation des bénéfices et à la nomination des évêques, qui fut dès lors attribuée au roi ; — celui de 1801, conclu entre Bonaparte, premier consul, et le pape Pie VII : il mit fin à l’anarchie qui régnait depuis la Révolution dans l’église de France, et rétablit dans ce pays l’autorité pontificale ; la nomination des évêques fut accordée au chef de l’État, mais l’institution réservée au pape. Il fut complété en 1802 par des articles organiques qui avaient pour base la déclaration de 1682, mais qui ne furent pas sanctionnés par le St-Siége. — En 1855, le pape Pie IX fit avec l’empereur d’Autriche François-Joseph un Concordat qui de tous ceux existants est le plus favorable à l’autorité ecclésiastique.

CONCORDE, divinité des Romains, fille de Jupiter et de Thémis. Peu après le départ des Gaulois Sénonais, le dictateur Camille, pour apaiser les querelles sans cesse renaissantes du sénat et du peuple, éleva un temple à la Concorde ; cet édifice était situé au bas du mont Capitolin. Le sénat s’assemblait souvent dans ce temple.

Place de la Concorde, la plus vaste et la plus belle de Paris. Œuvre de Gabriel, elle fut commencée en 1763 et finie en 1772. Elle porta d’abord le nom de Place de Louis XV. En 1792, elle fut appelée Place de la Révolution : c’est là qu’on faisait les exécutions capitales. Elle reçut en 1795 le nom de Place de la Concorde. Du centre de cette place, on aperçoit au N. la Madeleine, au S. le Corps Législatif, à l’E. les Tuileries, à l’O. les Champs-Élysées et l’Arc-de-Triomphe.

CONCORDIA, bourg de Vénétie, sur le Romatino, à 53 kil. N. E. de Venise ; 1600 hab. Évêché. Détruite par Attila en 452, elle fut rebâtie dans la suite.

CONCORDIA (marquis de la). V. ABASCAL.

CONDAPILLY, CONDATCHI. V. KOND….

CONDATE. Ce mot, qui en celtique signifiait confluent, était commun à plusieurs villes de la Gaule ancienne, telles que celles qui se nomment auj. Condé, Cône, Cognac, Montereau, Rennes, etc.

CONDÉ, Condate ou Condatum, ch.-l. de cant. (Nord), sur l’Escaut, à 13 kil. N. E. de Valenciennes ; 5297 hab. Place forte ; canal qui communique avec Mons. Collége. Grand entrepôt de houille. — Anc. seigneurie, relevant du comté de Flandres, et qui appartint successivement aux maisons d’Avesnes, de Chatillon-St-Pol et à celle de Bourbon, dont une branche prit le nom de Condé. Elle entra dans cette dernière maison par le mariage de l’héritière Jeanne avec Jacques de Bourbon, comte de La Marche (1335). Assiégée par Louis XI en 1477, par le prince d’Orange en 1580, Condé fut prise par Louis XIV en 1676, et cédée définitivement à la France par le traité de Nimègue. Les Autrichiens s’en emparèrent en 1793, mais les Français la reprirent la même année. — À 2 kil. N. O. se trouve Vieux-Condé ; 3865 h. Fabriques de vinaigre, mines de houille.

CONDÉ-EN-BRIE, ch.-l. de cant. (Aisne), sur le Surmelin, à 20 kil. E. de Château-Thierry ; 600 hab. Canal latéral à la Marne.

CONDÉ-SUR-NOIREAU, ch.-l. de cant. (Calvados), à 24 kil. E. de Vire ; 6449 hab. Hôpital, fondé en 1281. Fabriques de toiles et cotonnades. Pat. de Dumont d’Urville, qui y a une statue.

CONDÉ (princes de), branche de la maison de Bourbon, a pour chef Louis, prince de Condé (7e fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme), qui descendait, à la 5e génération, de Jacques de Bourbon, comte de La Marche, héritier par sa femme de la seigneurie de Condé, et qui était frère d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre.

<span id="Condé (Louis I, prince de)"> Condé (Louis I, prince de), chef du parti calviniste, né en 1530 de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, fit ses premières armes sous le maréchal de Brissac en Piémont, et se distingua dans plusieurs actions ; mais après la mort de Henri II, les mécontentements que lui firent essuyer les Guises le jetèrent dans le parti des Réformés. Il fut, dit-on, le moteur secret de la conspiration d’Amboise, et comme tel il venait d’être condamné au dernier supplice, lorsque la mort de François II le sauva. Charles IX lui rendit la liberté : il n’en usa que pour se mettre ouvertement à la tête des Protestants. Il s’empara de plusieurs villes, mais il perdit la bataille de Dreux et y fut fait prisonnier (1562). Rendu à la liberté par la paix de 1563, il reprit les armes en 1567, livra la bataille de St-Denis, qui resta indécise, puis, en 1569, celle de Jarnac, qu’il perdit. Blessé dans le combat, il s’était déjà rendu prisonnier lorsqu’à fut lâchement assassiné par Montesquiou, capitaine aux gardes du duc d’Anjou. Il est le 1er de sa famille qu’on ait appelé M. le Prince. On a de lui des Mémoires (dans la collection Michaud et Poujoulat). — Son fils, [[w:Henri Ier de Bourbon-Condé|Henri I, prince de Condé]], né en 1552, n’échappa à la St-Barthélemy qu’en abjurant ; mais à peine libre, il reprit sa religion, leva des troupes, et s’unit avec le roi de Navarre (Henri IV) pour faire la guerre contre les Catholiques. Il mourut presque subitement en 1588 : on crut qu’il avait été empoisonné par ses domestiques, à l’instigation de sa propre femme. — Henri II, prince de Condé, fils posthume du préc., né en 1588, mort en 1646, fut aimé de Henri IV, qui le fit élever dans la religion catholique. Il avait épousé la belle Charlotte Marguerite de Montmorency, et fut obligé de l’emmener à Bruxelles pour la soustraire aux poursuites de Henri IV. Pendant la minorité orageuse de Louis XIII, il se mit à la tête d’un parti de mécontents : il fut pour ce fait, arrêté et enfermé pendant trois ans à la Bastille et au châ-