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vrage censuré les philosophes, il s'attira la colère de Voltaire, qui l'a fort maltraité. Il a laissé une Oraison funèbre de Louis XV et des poésies latines.

COGNAC, Condate, ch.-l. d'arr. (Charente), sur la Charente, à 44 kil. O. d'Angoulême; 6968 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce. Excellentes eaux-de-vie. Les environs produisent les vins blancs dits des Grandes Borderies. — Cognac faisait anciennement partie de la Saintonge, et eut des seigneurs particuliers jusqu'au XIIe siècle; elle fut alors réunie à l'Angoumois. Devenue possession anglaise au XIIe s., elle ne revint à la France qu'en 1377. François I y naquit et y résida fort souvent. C'est à Cognac que fut signé avec le pape le traité de la Ste-Ligue (V. ce mot), en 1526. Cette ville, qui avait embrassé avec ardeur le Calvinisme, fut accordée en 1570 aux Protestants comme place de sûreté. Condé l'assiégea inutilement pendant la Fronde, en 1651.

COHAHUILA ou MONTELOVEZ, v. du Mexique, anc. capit. de l'État de Cohahuila. V. MONTELOVEZ.

COHAHUILA, État de la confédération mexicaine, borné à l'O. par celui de Chiahua, au S. par le Zacatecas, à l'E. par le Nouveau-Léon et le Texas; capit., Saltilto. Il compte 76 000 hab. et forme 4 dép.

COHORN (MENNO, baron de), habile ingénieur de la Hollande, le Vauban hollandais, né dans la Frise en 1641, mort en 1704, s'éleva de grade en grade au rang de lieutenant général, rendit à la Hollande les plus grands services dans les guerres qu'elle eut à soutenir contre Louis XIV, et se trouva plus d'une fois opposé à son rival Vauban. Son chef-d'œuvre est la forteresse de Berg-op-Zoom, longtemps regardée comme imprenable. Il a écrit en hollandais, sur l'art de fortifier les places, un ouvrage devenu classique, trad. sous le titre de Nouvelle Fortification, La Haye, 1706. Il a laissé son nom aux mortiers à la Cohorn, qu'un seul homme peut manœuvrer. Son fils a écrit sa Vie.

COIGNY (François DE FRANQUETOT, duc de), maréchal de France, né en 1670 au château de Coigny près de Coutances, mort en 1769, gagna avec le maréchal de Broglie sur les Impériaux, en 1734, les batailles de Parme et de Guastalla, et reçut en 1741 le bâton de maréchal. Il eut pour secrétaire le poëte Gentil Bernard, qui l'a célébré dans ses vers. — Henri de C., 1737-1821, officier distingué, petit-fils du préc., fit partie de la société intime de Marie Antoinette, émigra, ne rentra en France qu'en 1814 et fut en 1816 nommé par Louis XVIII maréchal de France et gouverneur des Invalides. A. Chénier immortalisa sa nièce dans sa Jeune Captive. Sa petite-fille épousa le général Sebastiani.

COIMBETOUR, v. de l'Inde. V. KOIMBATOUR.

COÏMBRE, Conimbriga, v. de Portugal, ch.-l. du Beïra, sur le Mondego, à 182 kil. N. E. de Lisbonne; 18 000 hab. Évêché, université (transférée de Lisbonne en 1308), la seule qu'il y ait en Portugal; belle cathédrale, superbe couvent de Ste-Claire, colléges divers, muséum d'histoire naturelle, biblioth., etc. Aux env., belles cultures; oranges exquises, vins estimés. — Cette ville était très-forte sous les Romains; elle fut prise par les Goths, puis par les Maures, enfin par les Chrétiens, et devint la résidence de plusieurs rois du Portugal; on y voit les tombeaux de ces princes. Coïmbre souffrit beaucoup du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755.

COIRE, en allemand Chur, Curia Rhætorum chez les anciens, v. de Suisse, ch.-l. du canton des Grisons, à 94 kil. S. E. de Zurich; 6000 hab., dont 230 seulement catholiques. Évêché catholique. Nombreux monuments gothiques: cathédrale, palais épiscopal, collége. Patrie d'Angelica Kaufmann. — Fondée au IVe s., et bientôt après agrandie par Constance. L'évêché de Coire, institué en 452, était jadis état d'Empire. Lors de la formation des trois ligues du pays des Grisons, Coire fut le ch.-l. de la Ligue Cadée.

COISLIN, famille noble de Bretagne, qui tire son nom de la seigneurie de Coislin (Loire-Inf.), a fourni plusieurs personnages distingués, entre autres, Pierre de C., 1636-1706, évêque d'Orléans, puis cardinal, qui se signala par sa tolérance et s'opposa aux persécutions après la révocation de l'édit de Nantes; — et Henri, duc de C., neveu du préc., 1664-1732, prince-évêque de Metz, 1er aumônier du roi, homme aussi savant que pieux, qui fut membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions. Il légua à l'abbaye de St-Germain la riche bibliothèque qu'il avait reçue en héritage du chancelier Séguier, et dont les débris ont été réunis après 1793 à la Bibliothèque impériale.

COITIER, médecin. V. COYTHIER.

COKE (Édouard), jurisconsulte anglais, né en 1549, fut successivement solliciteur de la couronne (1592), procureur général, président de la cour des plaids communs, 1er juge du banc du roi (1613), et rendit dans ces fonctions de grands services à Élisabeth et à Jacques I. Il fut chargé de poursuivre le comte d'Essex, Walter Raleigh, les auteurs de la conspiration des Poudres, et le duc de Somerset, ancien favori du roi. Il était en même temps un des membres les plus influents du Parlement et se faisait remarquer par son indépendance. Ayant irrité Jacques I et son favori Buckingham par sa courageuse opposition, il fut dépouillé de toutes ses dignités à la fin de sa carrière. Il mourut dans la retraite, en 1634, à 85 ans. On a de lui des Institutes du droit d'Angleterre, 1628, ouvrage classique, souvent réimprimé, 1660. Il eut pour rival et pour adversaire le fameux François Bacon.

COLARDEAU (Ch. P.), poëte français, né en 1732 à Janville (Orléanais), mort en 1776, est un de nos bons versificateurs. Il a composé quelques poésies qui brillent surtout par la pureté et l'harmonie : Épître d'Héloïse à Abélard, imitée de Pope, 1758; Héroide d'Armide à Renaud; Épîtres à Minette (1762) ; Épître à Duhamel (1764) ; les Hommes de Prométhée, 1775, et un poëme sur le Patriotisme. Il s'essaya aussi, mais avec peu de succès, dans la tragédie et la comédie. Il fut reçu à l'Académie peu de jours avant sa mort. Ses œuvres forment 2 vol. in-8, 1779.

COLBERG, v. maritime de Prusse (Poméranie), sur la Persante, à 2 kil. de son embouchure dans la Baltique, à 106 kil. N. E. de Stettin; 5900 hab. Place forte, petit port. Pêche et navigation actives; riches salines. Cette ville, jadis hanséatique, a soutenu 3 sièges contre les Russes, 1758, 1760, 1761, et un contre les Français, en 1807.

COLBERT (Jean Baptiste), ministre et secrétaire d'État, contrôleur général des finances sous Louis XIV, né à Reims en 1619, mort en 1683, était fils d'un fabricant de draps, et prétendait descendre d'une anc. famille d’Écosse. Il fut placé en 1648 dans les bureaux du secrétaire d'État Le Tellier, et passa peu de temps après dans ceux du cardinal Mazarin, dont il devint l'intendant. Il gagna l'estime de ce nouveau maître, qui à son lit de mort le recommanda à Louis XIV (1661), et l'année suivante, à la chute du surintendant Fouquet, il fut nommé contrôleur général. Bientôt, par ses soins, l'ordre et l'abondance remplacèrent le désordre et la disette; il mit un terme aux déprédations, et liquida les dettes de l'État; il rétablit les anciennes manufactures, en introduisit de nouvelles, particulièrement des manufactures de glaces et de tapis; il fit réparer les grandes routes, en ouvrit plusieurs, et joignit les deux mers par le canal du Languedoc. Il encouragea le commerce, protégea les sciences, les lettres et les arts, fonda l'Académie des inscriptions (1663), celle des sciences (1666), celle d'architecture (1671), établit l'école de Rome, fit élever l'Observatoire, où Huygens et Cassini furent appelés, fit paver et éclairer Paris, embellit cette ville de quais, de places publiques, de portes triomphales (Portes St-Denis et St-Martin); on lui doit aussi la colonnade du Louvre et le jardin des Tuileries. En 1669 Louis XIV ajouta aux attributions de Colbert