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bonne heure en Italie; s'attacha à Stilicon, premier ministre d'Honorius, et fut disgracié avec lui (408). Il jouit auprès de ses contemporains d'une telle réputation qu'ils lui élevèrent une statue à Rome, sur le Forum de Trajan, avec une inscription où il était égalé à Homère et à Virgile. Ce qui nous reste de lui ne justifie pas ces éloges outrés : on y admire une versification harmonieuse, facile, mais monotone; de grandes images, mais de l'enflure, peu d'invention et de génie. Ses poésies se rapportent presque toutes aux évènements de l'époque : ce sont des Éloges de Stilicon, des Invectives contre Rufin et Eutrope, le Consulat d'Honorius. On a aussi de lui un poëme épique, l'Enlèvement de Proserpine; c'est le plus estimé de ses ouvrages. Parmi les éditions de Claudien, on remarque celles de Barthius, Francfort, 1860; de S. M. Gesner, Leipsick, 1759, de Burmann, Amst., 1760, et celle de la Bibliothèque latine de Lemaire, due à M. Artaud, Paris, 1824. Il a été traduit par Delatour, Paris, 1798, 2 vol. in-8, par MM. Héguin-Deguerle et Trognon, dans la collection de Panckoucke, 1830, 2 vol. in-8, et se trouve aussi dans la collection Nisard.

CLAUDIEN-MAMERT. V. MAMERT.

CLAUDIOPOLIS, v. de l'Asie-Mineure, auj. Bastan;V. de Dacie, auj. Kolosvar.

CLAUDIUS (Appius), décemvir, issu d'une famille illustre du pays des Sabins qui s'était établie à Rome sous le consulat de Valérius Publicola, se rendit odieux par son orgueil et sa tyrannie. Nommé décemvir l'an 451 av. J.-C., pour rédiger un code de lois, il conserva le pouvoir sans l'autorisation du peuple, commit toutes sortes d'injustices, fit assassiner le brave Sicinius Dentatus qui réclamait l'accomplissement des lois, et voulut enlever, en la faisant passer pour esclave, la jeune Virginie, que son père se vit contraint de poignarder pour la soustraire à ses violences. Après ce dernier coup, l'armée et le peuple se soulevèrent, abolirent le décemvirat, et Appius Claudius fut jeté en prison. Il s'y donna la mort (449 av. J.-C.).

CLAUDIUS CÆCUS (Appius), censeur l'an 312 av. J.-C., se perpétua 5 ans dans cette dignité. Il fit construire la voie Appienne, dont on admire encore auj. les restes; Rome lui dut aussi un aqueduc. Dans sa vieillesse, il devint aveugle, d'où son surnom de Cæcus. Quand Pyrrhus envoya Cinéas à Rome pour traiter de la paix, 279, il se fit porter au sénat, et par un discours éloquent fit rejeter les propositions du roi d'Épire.

CLAUDIUS PULCHER (Publius), consul l'an 249 av. J.-C., perdit une bat. navale en Sicile contre les Carthaginois, devant Drépane. Adherbal, qui commandait la flotte ennemie, coula à fond plusieurs vaisseaux des Romains, en prit 93, et poursuivit les autres jusqu'auprès de Lilybée. On attribua la défaite de Claudius au mépris qu'il avait montré pour les augures; comme on lui annonçait, au moment de l'action, que les poulets sacrés ne mangeaient pas : « Qu'on les jette à la mer, dit-il, afin qu'ils boivent, s'ils ne veulent pas manger. »

CLAUDIUS (Mathias), poëte allemand, né à Rheinfeld, près de Lubeck, en 1743, mort à Hambourg en 1815, était ami de Klopstock. Il a publié sous le nom d’Asmus, messager de Wandsbeck, un grand nombre de poésies et de chansons devenues populaires en Allemagne. Il est auteur du fameux chant du Vin du Rhin (Rheinweinlied) que l'on chante dans toutes les fêtes bachiques de l'Allemagne.

CLAUSEL (Bertrand), maréchal de France, né à Mirepoix en 1772, mort en 1842, était neveu du conventionnel J. B. Clausel. Enrôlé dès 1791, il s'était déjà distingué aux Pyrénées, à Saint-Domingue, en Italie, en Dalmatie, lorsqu'il fut envoyé en Espagne, sous Junot et Masséna (1810); il assiégea Ciudad-Rodrigo, fut blessé à Salamanque, sauva en 1812, par une mémorable retraite, l'armée de Portugal et la ramena en Espagne, reçut en récompense le commandement en chef de l'armée du Nord de l'Espagne (1813), fut un des derniers à mettre bas les armes en 1814, et un des premiers à se déclarer en faveur de Napoléon aux Cent-Jours, prit à cette époque le commandement de Bordeaux et força la duchesse d'Angoulême à quitter cette ville; fut exilé au retour des Bourbons; fut nommé, à la révolution de 1830, général en chef des troupes de l'Algérie, occupa Blidah, Médéah, après avoir forcé le col de Mouzaïa, et tenta le premier l'œuvre de la colonisation; mais il eut la malheureuse idée de céder les prov. de Constantine et d'Oran à des princes tunisiens et fut écarté pour ce motif; il reçut néanmoins en 1831 le bâton de maréchal. Envoyé de nouveau en Afrique en 1835, avec le titre de gouverneur général, il prit Mascara, mais échoua devant Constantine (1836), et fut définitivement remplacé. Député de Réthel depuis 1827, il soutint constamment les idées libérales et la cause de l'Algérie.

CLAUSENBOURG, v. de Transylvanie. V. KOLOSVAR.

CLAVIER (Étienne), savant helléniste, né à Lyon en 1762, mort à Paris en 1817, occupa plusieurs places dans la magistrature, et se fit remarquer par son indépendance dans le procès de Moreau. Il devint ensuite professeur d'histoire au Collége de France, et entra en 1809 à l'Académie des inscriptions. On a de lui, outre une édition du Plutarque d'Amyot (1802-1806, 25 vol. in-8), des traductions de la Bibliothèque d'Apollodore, 1805, 2 vol. in-8, et de la Description de la Grèce, de Pausanias, avec le texte grec, 1814-1821, 6 vol. in-8, achevée par Coray et Courier, et une Histoire des premiers temps de la Grèce, Paris, 1809, 2 vol. in-8, réimprimée avec d'importantes corrections en 1822, 3 vol. in-8.

CLAVIÈRE (Étienne), né à Genève en 1735, fut d'abord banquier. Chassé de sa ville natale par les discordes civiles, il vint à Paris, écrivit dans les journaux, se lia avec Mirabeau, qu'il seconda dans ses attaques contre Necker, et fut nommé en 1792. ministre des finances. Après le 10 août, il devint membre du conseil exécutif; mais il fut bientôt après arrêté avec les Girondins sur la dénonciation de Robespierre, et décrété d'accusation. Pour se soustraire à l'échafaud, il se donna lui-même la mort (1793). On admirait son intégrité.

CLAVIGERO (François Xaxier), jésuite, né à la Vera-Cruz vers 1720, séjourna 35 ans au Mexique, et y recueillit de précieux renseignements sur l'histoire, les coutumes, les arts, les sciences et la langue de cette contrée avant et depuis l'invasion des Espagnols. Lors de la suppression de sa compagnie, il revint en Europe, se retira à Césène, et y publia le fruit de ses travaux sous le titre de Storia antica del Messico, etc., 1780, 4 v. in-8. Mort en 1793.

CLAVIJO (Ruy Gonzalez de), fut envoyé en 1403 par Henri III, roi de Castille, en ambassade près de Tamerlan, visita Constantinople, Trébizonde, l'Arménie, le Khoraçan, Samarcande, et rédigea en espagnol un journal de son voyage, qui fut imprimé seulement en 1582 à Séville : on y trouve des notions précieuses sur les contrées qu'il parcourut.

CLAVIJO (don Jose), littérateur espagnol, vice-directeur du cabinet d'histoire naturelle de Madrid, traducteur de Buffon et journaliste, eut à Madrid une liaison avec une sœur de Beaumarchais, et s'attira par là avec le frère une affaire d'honneur qui fit beaucoup de bruit. Il mourut en 1806. On a plusieurs fois mis sur la scène l'aventure de Clavijo.

CLAVIUS (Christophe), savant jésuite, surnommé l’Euclide du XVIe siècle, né à Bamberg en 1537, mort à Rome en 1612, fut employé par Grégoire XIII à la correction du calendrier. Il a laissé, outre l’Explication du Calendrier grégorien (Rome, 1603), des Commentaires sur Euclide, 1574, et un Traité de Gnomonique, 1581.

CLAY (Henri), homme d'État américain, né en 1777 en Virginie, mort en 1852, débuta au barreau; fut élu en 1803 membre de la Chambre du Kentucky,