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CIBBER (Colley), auteur et acteur, né à Londres en 1671, mort en 1757, était fils d'un sculpteur distingué. Il excellait dans le genre comique et la caricature. Il devint en 1711 un des directeurs du théâtre de Drury-Lane, et fut nommé en 1730 poëte lauréat. Celles de ses comédies qui eurent le plus de succès sont : le Mari insouciant, 1704; le Non-Juror, 1717, imitée du Tartufe. Le recueil de ses œuvres forme 4 vol. in-12, 1760. Cibber se distingua plus par l'esprit et la vivacité du dialogue que par l'invention et l'originalité. — Son fils, Théophile Cibber, mort en 1757, fut aussi auteur et acteur; il arrangea pour le théâtre plusieurs pièces de Shakespeare; on a publ. sous son nom les Vies des poëtes anglais et irlandais, 1753, qui sont de Rob. Shiels.

CIBO, famille génoise. V. CYBO.

CIBYRE, Cibyra, auj. Bourouz, v. de Phrygie, au S. O., sur les confins de la Carie et de la Pisidie. Grande et puissante autrefois; soumise aux Romains l'an 83 av. J.-C.; détruite par un tremblement de terre et relevée par Tibère. Évêché dans les premiers siècles du Christianisme.

CICÉRON, Marcus Tullius Cicero, le plus célèbre des orateurs romains, né près d'Arpinum, l'an 107 av. J.-C., d'une famille de chevaliers peu connue, se forma de bonne heure à l'éloquence en étudiant la rhétorique et la philosophie sous les meilleurs maîtres, et débuta au barreau dès l'âge de 26 ans en défendant Roscius d'Amérie contre un affranchi de Sylla, alors tout-puissant. Après avoir passé quelques années à Athènes pour se perfectionner dans son art, il entra à 30 ans dans la carrière des honneurs, fut nommé questeur en Sicile, et se concilia tellement l'amour de ses administrés, que lorsqu'ils poursuivirent le propréteur Verrès qui les avait indignement pillés, c'est lui qu'ils chargèrent de l'accusation. Il gagna cette cause importante, malgré la puissance et les richesses de son adversaire. Nommé consul l'an 63 av. J.-C., il combattit et fit rejeter une loi agraire présentée par Rullus, découvrit et fit échouer la conspiration de Catilina et fut proclamé par le sénat Père de la Patrie; mais quelques années après (58), les partisans de Catilina, à la tête desquels était Clodius, ayant repris le dessus, il fut banni de Rome, sous le prétexte qu'il avait fait exécuter les conjurés sans jugement. Il fut rappelé au bout de 16 mois; son retour fut un triomphe. Quatre ans après, Milon ayant tué le turbulent Clodius (53), Cicéron se chargea de le défendre, mais il ne put parvenir à le sauver. En 52, il fut chargé du gouvernement de la Cilicie (52), et obtint dans cette province des succès militaires qui lui valurent de la part de ses soldats le titre d’imperator. Pendant la guerre civile il s'attacha au parti de Pompée; mais après la bataille de Pharsale il abandonna quelque temps les affaires et consacra ses loisirs à la composition de ses plus beaux ouvrages de philosophie. Cependant, lorsque César eut rappelé Marcellus, dont Cicéron était l'ami, il rompit le silence pour le remercier de cet acte de générosité; bientôt après, il arracha au dictateur par un discours éloquent le pardon de Ligarius. Après le meurtre de César, auquel il était resté étranger, Cicéron se déclara contre Antoine, l'attaqua avec violence dans ses Philippiques (44), et se rapprocha du jeune Octave, le croyant moins dangereux pour la liberté; mais lorsque celui-ci eut formé avec Antoine et Lépide cette ligue connue sous le nom de Triumvirat, il n'eut pas honte d'abandonner Cicéron à la haine d'Antoine, qui envoya des sicaires pour le mettre à mort. Ils le trouvèrent à Formies : Cicéron leur livra sa tête sans vouloir résister (43); il avait 64 ans. Sa tête et ses mains furent envoyées à Antoine, qui les fit attacher à la tribune aux harangues. — On a reproché à ce grand homme quelque faiblesse de caractère et une vanité excessive; mais on ne peut lui refuser toutes les vertus qui font le bon citoyen. Il eut aussi les plus belles qualités de l'homme privé : père tendre, il ne put jamais se consoler de la perte de sa fille Tullie; excellent ami, il resta toute sa vie étroitement lié avec Atticus. Comme orateur, il n'a point d'égal chez les Romains; son éloquence brille surtout par l'abondance et par le nombre. Cicéron fut aussi un philosophe distingué, et il contribua puissamment à introduire à Rome la philosophie des Grecs; il appartenait à la secte des Académiciens. Cicéron avait prodigieusement écrit; il ne nous est parvenu qu'une partie de ses ouvrages. On les divise en 4 classes : 1° harangues, parmi lesquelles on admire surtout les Verrines, les Catilinaires, le Pro Milone, le Pro Marcello, le Pro Ligario, les Philippiques; 2° livres de rhétorique, dont le plus beau est l’Orateur; 3° Traités des Devoirs, des Biens et des Maux, De la Nature des Dieux, les Tusculanes, la République (qui ne nous est arrivée que mutilée et dont A. Maïa retrouvé en 1822 des fragments dans des palimpsestes); 4° lettres, dont seize livres à Atticus; elles fournissent les matériaux les plus précieux pour l'histoire du temps. Parmi les ouvrages perdus, on regrette surtout l’Hortensius ou De la Philosophie, et le traité de la Gloire. On a donné une foule d'éditions, soit spéciales, soit générales, des œuvres de Cicéron. Les éditions complètes les plus estimées sont celles des Aldes, 1519; des Étiennes, 1528, 1543; de Lambin, 1566; de Gruter, 1618; de Gronovius, 1692; d'Olivet, 9 vol. in-4, 1740; d'Ernesti, cum clave, 1776, 8 vol. in-8; de Schutz, 1814-23, 20 vol. in-12; de la collection des Classiques latins de Lemaire, 1827-32, 19 vol. in-8; d'Orellius, Zurich, 1826-27, 2e édit., 1845, etc. Plusieurs ouvrages ont été traduits séparément par d'Olivet, Auger, Mongault, Bouhier, Castillon, Clément, Barrett, Guéroult, Burnouf, Villemain, Gaillard, etc. On doit à M. J. V. Leclerc une traduction complète de Cicéron, avec le texte en regard et de savantes notes, 1821-1825, 30 vol. in-8; on le trouve également trad. dans les collections Panckoucke et Nisard. Sa Vie a été écrite par Plutarque, par Middleton (trad. par Prévost) et par Morabin.

Q. CICÉRON, frère du préc., prit parti pour Pompée, bien qu'il eût servi sous César dans les Gaules, et fut en 43, comme son frère, victime de la proscription. Il cultivait les lettres : on a de lui un traité De petitione consulatus (avec les œuvres de son frère). — M. Cicéron, fils de l'orateur, commanda un corps de cavalerie à Pharsale, combattit avec Brutus à Philippes, puis se réfugia près de Sextus Pompée. Il se déshonora par sa passion pour le vin.

CICOGNARA (le comte Léopold), né à Ferrare en 1767, mort en 1834, s'est distingué par son amour éclairé pour les arts. Après avoir rempli des fonctions politiques éminentes, il fut nommé membre, puis président de l'Académie des beaux-arts de Venise. Son principal ouvrage est Storia della Scultura, Venise, 1813-18, 3 vol. in-fol., faisant suite à l’Histoire de l'art de Winckelmann.

CICONES, peuple de Thrace, sur l'Hèbre, plus connu dans la mythologie que dans l'histoire; ch.-l., Ismare. C'est chez les Cicones que périt Orphée.

CID (Rodrigue Diaz DE BIVAR, surnommé le), héros castillan, né à Burgos vers l'an 1030, mort à Valence en 1099, se signala par ses exploits sous les règnes de Ferdinand, Sanche II et Alphonse VI, rois de Léon et de Castille. Il s'attacha à Sanche II, roi de Castille, qui était en guerre avec Alphonse, roi de Léon, son frère; Sanche ayant été assassiné et remplacé par Alphonse, le Cid fut disgracié et quitta la cour. Dans sa retraite, il rassembla ses vassaux et ses amis, marcha contre les Maures, les battit en plusieurs rencontres, s'empara de Tolède (1085), de Valence (1094), et par ses exploits força le roi à le rappeler et à lui donner toute sa confiance. Ayant vaincu cinq rois maures, les députés que ces rois lui avaient envoyés le qualifièrent, en le saluant, du titre de seid ou cid, c'est-à-dire seigneur; ce surnom lui resta depuis. On le surnomme aussi