Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les IX, en 1789; Henri VIII et la Mort de Calas, 1791; Gracchus, 92, Fénelon, 93; Timoléon, 94. Dans toutes ses pièces, on trouvait exprimés, dans un style pur, noble et énergique, la haine du despotisme et un vif amour de la liberté; aussi eurent-elles pour la plupart un succès prodigieux. Chénier fut de toutes les assemblées politiques qui se succédèrent depuis 1792 jusqu'en 1802; quoique ardent démocrate, il s'efforça d'arrêter les excès révolutionnaires. Il s'était surtout occupé d'instruction publique : aussi fut-il, lors du rétablissement des écoles, nommé inspecteur général des études; mais il fut destitué sous l'Empire. Il était membre de l'Académie française, et fut chargé de faire au nom de ce corps le rapport sur les progrès de la littérature de 1788 à 1808, pour les prix décennaux. Outre ses tragédies, Chénier a composé des poésies lyriques (odes, hymnes, chants imités d'Ossian), dont il publia un recueil en 1797 ; des épîtres, des satires pleines de verve et de sel, parmi lesquelles on remarque l’Épître à Voltaire; quelques ouvrages en prose, dont le plus estimé est son Tableau de la littérature française depuis 1789, ouvrage posthume, Paris, 1815. Il a en outre composé une foule de chants patriotiques pour les fêtes républicaines. La calomnie l'accusa, mais contre toute vérité, de n'avoir rien fait pour soustraire son frère à l'échafaud : il a repoussé cette accusation avec éloquence dans son Épître sur la calomnie (1797). Ses œuvres ont été réunies par Arnault, 1824-26, 8 vol. in-8. Daunou a donné ses Œuvres posthumes, avec une Notice, 1824, 3 v. in-8. On y trouve plusieurs tragédies qui n'avaient pas été représentées, Philippe II, Brutus et Cassius, Œdipe roi, Œdipe à Colone, et Tibère, son chef-d'œuvre.

CHÉNIER (André de), frère aîné du préc., né à Constantinople en 1762, se distingua de bonne heure par son talent poétique; il réussissait surtout dans l’élégie. Révolté par les excès de la Révolution, il osa les blâmer hautement dans des lettres qu'il fit insérer au Journal de Paris; traduit pour ce fait devant le tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort, en 1794. Quelques jours avant l'exécution, il composa sur sa fin prématurée les vers les plus touchants. Ses œuvres, recueillies longtemps après sa mort, ont été publ. en 1819 par H. de La Touche. Une édition plus complète a paru en 1840. Nourri des poëtes grecs, A. Chénier sut comme eux unir aux sentiments les plus élevés un style pur, élégant, harmonieux. Parmi ses poésies, on admire surtout l'Aveugle, la Liberté, le Jeune Malade, le Mendiant, la Jeune Captive. C'est de lui qu'est ce vers qui définit bien son talent :

Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.

CHENNAB, l’Acesines, fl. de l'Inde. V. TCHENNAB.

CHENONCEAUX, bourg du dép. d'Indre-et-Loire, sur le Cher, à 14 kil. S. d'Amboise. Beau château bâti par François I pour la duchesse d'Étampes, et qu'habita ensuite Catherine de Médicis. Il est auj. possédé par le comte de Villeneuve.

CHEN-SI, prov. septentr. de la Chine, entre celles de Chan-si à l'E., de Kan-sou à l'O.; 845 k. sur 310; 14 800 000 h.; ch.-l. Si-an. Elle se div. en 7 dép.

CHÉOPS, anc. roi d’Égypte, régnait à Memphis, et fit élever la grande pyramide : il accabla son peuple d'impôts et de corvées afin d'exécuter ce travail gigantesque. On plaçait jusqu'ici son règne au XIIe s. av. J.-C. (1178-22); mais, d'après les monuments récemment explorés, il paraît antérieur à Abraham.

CHÉPREM, roi d’Égypte, frère et successeur de Chéops, régna 56 ans au dire d'Hérodote, et construisit une des pyramides, la 2e en grandeur.

CHEPSTOW, v. et port d'Angleterre (Monmouth), à 17 k. S. de Monmouth, à l'emb. de la Wye; 3000 h. Vieux château sur un roc presque perpendiculaire. Pont-tube en fer. Construction de navires.

CHER, Caris, riv. de France, naît près du hameau de Cher (Creuse), baigne Auzance, Montluçon, St-Amand, Châteauneuf, Vierzon, St-Aignan, Montrichard, Bléré, St-Sauveur, reçoit l'Yèvre, l'Arnon, l'Auron, et se jette dans la Loire au Bec-du-Cher (Indre-et-Loire), après un cours de 345 kil., dont 200 de flottage. Elle est peu navigable. — Il y a en Bretagne une petite riv. du nom de Cher, qui se jette dans la Vilaine au-dessus de Redon.

CHER (dép. du), le dép. le plus central, entre ceux du Loiret au N., de la Creuse au S., de l'Allier et de la Nièvre à l'E., de Loir-et-Cher, de l'Indre à l'O.; 7133 kil. carrés; 323 393 hab.; ch.-l., Bourges. Il est formé de la partie orient. du Berry et d'une portion du Bourbonnais. Sol plat, sablonneux. Fer, houille, marbre, grès, pierre de taille, pierre lithographique, argile, etc. Grains, vin, lin, eau chanvre, châtaignes, cire; chevaux, bétail, moutons estimés, quelques mérinos. Forges et fonderies; draps, toiles de chanvre; porcelaine, faïence, papeteries, etc. Commerce de fer, laines, merrain, huile de noix, salin, potasse, salpêtre, etc. — Ce dép. a 3 arr. (Bourges, St-Amand, Sancerre), 29 c., 297 comm.; il appartient à la 13e div. militaire, possède une cour impér. et un archevêché, (à Bourges).

CHERASCO, Clarascum, en français Quérasque, v. murée du Piémont, au confluent de la Stura et du Tanaro, à 35 kil. N. de Mondovi; 9000 hab. Jolie ville. — Ville libre jusqu'au XIIIe siècle, elle appartint depuis aux rois de Naples (1260), aux comtes et ducs de Savoie, aux Français (1796), et enfin aux rois de Sardaigne (1814). C'est auj. un des boulevards du roy. d'Italie. Richelieu y conclut en 1631 un traité qui maintenait le duc de Nevers, Charles I, dans le duché de Mantoue. Le général Bonaparte y signa en 1796 un armistice avec le Piémont.

CHERBOURG, Cæsaris burgus, peut-être le Coriallum des anciens, Carusbur au Xe s., v. et port du dép. de la Manche, ch.-l. du 1er arrond. de marine milit., sur une baie de la Manche, à l'embouch. de la Divette, à 340 k. N. O. de Paris (361 par la route de St-Lô), à 370 k. par chemin de fer; 28 800 h. Superbe port militaire, le seul que nous ayons dans la Manche : il peut contenir 50 vaisseaux de ligne; il est défendu par plusieurs forts construits sur des îlots environnants, dont les principaux sont le fort Impérial et le fort de Querqueville. La rade est fermée par une digue de 3866m, au milieu de laquelle est le Fort central. Outre le port militaire, il y a un port marchand. Trib. de 1re inst., de comm. et de marine. Collége, école préparatoire à la marine, école d'hydrographie. Chemin de fer. Dentelles, bonneterie, raffinerie de soude de varec; chantiers de construction, etc. — Vainement assiégée par Édouard III, roi d'Angleterre, en 1346, elle fut plus tard livrée aux Anglais par la trahison de son gouverneur (1418). Les Français la reprirent en 1450. Les Anglais s'en emparèrent une 2e fois en 1758 et la ravagèrent. La construction de son port actuel date de 1808; la digue, faite de main d'homme, a été commencée par Louis XVI en 1784 et n'a été terminée qu'en 1853. C'est à Cherbourg que s'embarqua Charles X en 1830.

CHERBURY (lord). V. HERBERT.

CHERCHELL, Iol, puis Julia Cæsarea, v. d'Algérie, sur la mer Méditerranée, à 60 k. O. d'Alger; 3050 hab. Cette ville, qui, sous les Romains, donna son nom à la Mauritanie Césarienne, appartint au roi Juba le Jeune, qui l'appela Cæsarea en l'honneur d'Auguste, son protecteur. Dévastée par les Vandales et les Arabes, elle fut reconstruite au XVe s. par les Maures chassés d'Espagne. Elle fut prise en 1531 par André Doria et en 1840 par les Français.

CHÉRÉA (Cassius), tribun d'une cohorte prétorienne, tua de sa main Caligula, et tenta de rétablir la république. Claude le fit mettre à mort dès qu'il fut sur le trône, 41 de J.-C.

CHÉRÉDIN, pour Kaïr-Eddyn. V. BARBEROUSSE.

CHERI'A (EL), l'ancien Jourdain. V. JOURDAIN.

CHÉRIBON, v. de l'île de Java, ch.-l. de la prov.