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fornie pour y observer un autre passage de Vénus annoncé pour le 3 juin 1769, et mourut dans ce pays, à San-Lucar, le 1er août suivant. Ses observations furent publiées par Cassini, Paris, 1772, in-4, sous le titre de Voyage de Californie. — Claude Chappe, son neveu, né à Brûlon, dans le Maine, en 1763, mort en 1805, inventa en 1790 le télégraphe aérien, et fut nommé administrateur du nouvel établissement. On lui a contesté le mérite de l’invention (V. AMONTONS) ; il eut du moins celui de l’exécution, et fit en 1793 la 1re application de la télégraphie. — Son frère, Jean Chappe, a donné une Histoire de la Télégraphie, 1824.

CHAPSAL (Charles Pierre), grammairien, né à Paris en 1787, mort en 1858, d’abord employé à l’hôtel de ville, se consacra ensuite à la rédaction d’ouvrages classiques qui ont fait sa réputation et sa fortune. Le principal est une Nouvelle Grammaire française avec Exercices, en collaboration avec Noël, ouvrage plus complet et plus logique que la Grammaire de Lhomond, et qui eut un rapide et légitime succès. Publiée pour la 1re fois en 1823, cette grammaire comptait à la mort de l’auteur plus de 40 éditions. Riche des fruits de son travail, Chapsal se retira au château de Polangis, près de Joinville-le-Pont (Seine), et devint le bienfaiteur de la commune. Il légua en mourant une somme de 80 000 francs pour être distribuée en secours et encouragements aux instituteurs de la banlieue de Paris.

CHAPTAL (Jean Antoine), comte de Chanteloup, né en 1756 à Nogaret (Lozère), mort en 1832, se fit recevoir docteur en médecine à Montpellier ; fut appelé en 1781 à une chaire de chimie qui venait d’être fondée dans cette ville, éleva une fabrique de produits chimiques qui le fit bientôt connaître dans toute l’Europe, et reçut de Louis XVI en 1786 des titres de noblesse. En 1793, il fut appelé à Paris pour diriger la fabrique de poudre de guerre de Grenelle, et déploya dans ces fonctions une incroyable activité. Il professa quelque temps la chimie végétale à l’École polytechnique, fut membre de l’Institut dès la fondation, devint en 1800 ministre de l’intérieur, et signala son administration par un grand nombre de mesures utiles aux progrès de l’agriculture et de l’industrie. Il fut en sortant de charge (1805) nommé sénateur, et devint pair de France sous la Restauration (1819). Chaptal n’a fait aucune découverte du premier ordre, mais il a propagé l’étude de la chimie par ses leçons et ses écrits, et il a fait les plus heureuses applications de la science à l’industrie : on lui doit la fabrication artificielle de l’alun, du salpêtre, de ciments imitant ceux de pouzzolane, le blanchiment à la vapeur, l’art de teindre le coton en rouge d’Andrinople, etc. Il fut un des fondateurs de la Société d’encouragement de l’industrie nationale. Ses principaux ouvrages sont : Éléments de Chimie, 1790 ; Chimie appliquée aux arts, 1806 ; Chimie appliquée à l’agriculture, 1823 ; l’Industrie française, 1819.

CHARAS (Moïse), pharmacien, né à Uzès en 1618, m. en 1698, se fit connaître par des travaux sur la thériaque qui lui valurent le titre de démonstrateur au Jardin du roi, se vit forcé de quitter ce poste comme protestant, alla exercer son art avec un grand succès en Angleterre, en Hollande, en Espagne, mais fut dans ce dernier pays dénoncé à l’inquisition et n’échappa à l’auto-da-fé qu’en abjurant. Il finit ses jours en France, où il fut admis à l’Académie des sciences en 1692. On a de lui : Pharmacopée royale, 1672, ouvrage qui fut traduit dans plusieurs langues ; Traité de la Thériaque, 1668 ; Expériences sur la vipère, 1669. Il recommanda le sel essentiel de vipère (sous carbonate d’ammoniaque) contre la morsure de ce reptile, dont ce sel est en effet resté le meilleur antidote.

CHARAX, auj. Karacaja, cap de la Chersonèse Taurique, au N. E. du Criu-Métopon.

CHARAX PASINI, auj. Karem, v. de la Susiane, près du golfe Persique, sur le Copratès, entre l’Eulæus et le Pasitigris, faisait donner le nom de Characène au pays environnant. Elle fut agrandie par Alexandre, ce qui le fit appeler Alexandria Characenes. Patrie de Denys le Périégète et d’Isidore.

CHARBONNERIE, CHARBONNIERS. V. CARBONARI.

CHARCAS, ville de la Bolivie. V. CHUQUISACA.

CHARDIN (J.), voyageur, né à Paris en 1643, mort près de Londres en 1713, était fils d’un bijoutier protestant. Il fut envoyé jeune en Perse pour y faire le commerce des diamants, en revint en 1670, et y retourna en 1671. Il plut au roi de Perse qui le nomma son marchand, et il profita de son séjour dans ce pays peu connu pour l’étudier avec soin et le faire connaître à ses compatriotes. Voyant à son retour que les Protestants étaient persécutés en France, il se rendit en Angleterre, 1681, et y fut fort bien accueilli par Charles II, qui le nomma son plénipotentiaire en Hollande. Chardin a publié un Voyage en Perse (Londres, 1686 et 1711), fort estimé pour l’intérêt des matières et pour l’exactitude des faits. M. Langlès en a donné une édition plus complète, Paris, 1811, 10 v. in-8. Il paraît que Chardin fut aidé dans la rédaction de son Voyage par Fr. Charpentier, de l’Académie Française.

CHARDIN (J. B. Siméon), peintre de genre, né à Paris en 1699, mort en 1779, était fils d’un menuisier et se forma seul : sa manière, qui procède par empâtements successifs, diffère complètement des traditions de l’Académie. Ses tableaux, un peu dans le goût des Hollandais, reproduisent des scènes d’intérieur et des objets familiers. Ils se distinguent par la vérité, une naïveté charmante, un pinceau léger, un coloris vif et frais, qui donne aux objets un relief surprenant. Son chef-d’œuvre est un Benedicite, qui est au Louvre. Chardin était l’ami de Diderot, qui s’inspirait de ses conseils.

CHARDON (Ordre du), ordre écossais, fondé en 1540 par Jacques V, roi d’Écosse, et renouvelé en Angleterre, après la réunion des deux royaumes, est destiné à la noblesse écossaise et ne compte que 16 membres. Les insignes sont un écusson d’or sur lequel est figuré un S. André portant sa croix, et une plaque représentant un chardon à feuille d’or avec cette devise : Nemo me impune lacesset. — Louis II, duc de Bourbon, avait institué en 1670, à l’occasion de son mariage avec Anne, fille du Dauphin d’Auvergne, un ordre du Chardon qui subsista peu.

CHARDON DE LA ROCHETTE (Simon), philologue et bibliographe, né dans le Gévaudan en 1753, mort à Paris en 1814, fut un des principaux collaborateurs de la Bibliothèque des romans grecs. Il a publié en outre une Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, 1811, et des Mélanges de critique et de philologie, 1813 ; a donné une édition abrégée des Racines grecques (1808), et plusieurs éditions d’opuscules rares : Vie de la marquise de Courcelles, 1800 ; le Sémélion, histoire du marquis de Belle-Isle, 1807 ; Histoire secrète du cardinal Richelieu, 1808. Il préparait, quand il mourut, une édition de l’Anthologie, d’après le ms. palatin.

CHARENTE, Carantonus, riv. de France, naît à Chéronnac (Hte-Vienne), arrose les dép. de la Charente et de la Char.-Inf., passe à Ruffec, Angoulême, Jarnac, Cognac, Saintes, Taillebourg, Tonnay-Charente, Rochefort, Soubise ; reçoit la Bonnieure, le Brouage, la Boutonne, et se jette dans l’Océan Atlantique après un cours de 340 kil.

CHARENTE (dép. de la), entre ceux de la Charente-Inf. à l’O., des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Hte-Vienne au N., de la Dordogne au S. ; 5882 kil. carr. ; 379 081 hab. ; ch.-l., Angoulême. Il est formé de l’Angoumois et de petites parties de la Saintonge, du Poitou et de la Marche. Peu de hauteurs, sauf vers Angoulême. Fer en roche et en grains, plomb, bonnes pierres de taille, plâtre ; pâturages ; céréales de toute espèce, colza, chanvre, fruits, marrons, châtaignes, truffes, oranges ; vins propres à la fa-