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8000 h. Évêché grec, lazaret, musée. — Caffa fut occupée par les Génois de 1266 à 1475. Elle leur fut longtemps disputée par Venise, et donna lieu à la guerre de Caffa (1355). Elle servait de marché pour les pelleteries du Nord, les étoffes de soie et de coton fabriquées dans la Perse, et les denrées de l'Inde apportées par les caravanes d'Astracan, et elle devint si florissante qu'on la surnommait la Constantinople de Crimée : elle eut alors jusqu'à 100 000 h. Mahomet II enleva Caffa aux Génois en 1476; en 1770 les Russes la prirent d'assaut.

CAFFARELLI (Gaetano), fameux soprano, né à Bari en 1703, mort en 1783, était fils d'un pauvre paysan. Il eut pour maître à Bari un certain Caffaro, dont il prit le nom en diminutif, et surpassa bientôt ce maître, grâce aux leçons qu'il reçut à Naples du célèbre Porpora. Il débuta à Rome en 1724, chanta sur les principaux théâtres d'Italie, de France, d'Angleterre, et amassa de grandes richesses. Son orgueil égalait son talent : acheta dans sa patrie le duché de Santo-Donato, dont il porta depuis le titre; il s'y fit bâtir un palais sur lequel il inscrivit ces mots : Amphion Thebas, ego domum. Caffarelli eut pour rival Farinelli.

CAFARELLI DU FALGA (Maximilien), général français, né en 1756, au château du Falga (Haute-Garonne), fut nommé en 1792 officier d'artillerie à l'armée du Rhin, refusa seul, après la journée du 10 août, de reconnaître la déchéance de Louis XVI, fut suspendu de ses fonctions, et subit une détention de 14 mois. Réintégré en 1795, il servit à l'armée de Sambre-et-Meuse et se distingua au passage du Rhin où il perdit une jambe. Néanmoins, lors de l'expédition de Bonaparte en Égypte, il partit en qualité de général du génie : il contribua à la prise de Malte et d'Alexandrie, mais fut tué devant St-Jean-d'Acre, 1799. Il était associé de l'Institut. M. de Gérando a écrit sa Vie, 1801. — Son frère, Auguste Cafarelli, 1766-1849, général de division, fut aide de camp de Bonaparte en 1800, négocia le voyage de Pie VII en France pour le sacre de l'Empereur, contribua au gain de la bataille d'Austerlitz, fut ministre de la guerre et de la marine du royaume d'Italie de 1806 à 1810, et fut fait comte de l'Empire. — Un autre frère, Ch. Ambroise, baron Cafarelli, 1758-1826, était chanoine de Toul avant la Révolution. Il devint préfet sous l'Empire, puis membre du conseil général de la Hte-Garonne. Il a écrit un Abrégé des Géoponiques (de Cassianus Bassus), Paris, 1812.

CAFRERIE (de l'arabe Kafer, infidèle), vaste région de l'Afrique australe, s'étend le long de l'Océan Indien, du cap Negro à la pointe de Luabo, de 23° à 35° lat. S. ; 1300 kil. sur 2500. Elle se divise en Cafrerie maritime ou Cafrerie proprement dite, autrement côte de Natal, et Cafrerie intérieure, habitée par une foule de peuplades indépendantes. Places : Nouv.-Litakou, Meribowhey, Melita, Kouritchane, Makov, Zoula. Climat très-chaud, surtout sur les côtes; sol varié, offrant des montagnes très-âpres à l'intérieur et de vastes déserts de sable; on y manque d'eau en beaucoup d'endroits. Riches mines d'or, d'argent, de fer, de cuivre; flore analogue à celle du Cap; grande quantité de bêtes féroces. La famille cafre est noire, mais belle, grande et bien faite. Elle se divise en plusieurs tribus dont les principales sont celles des Koussas, des Zoulous, des Tamboukis, des Mamboukis, dans la Cafrerie maritime; des Gokas, des Morolongs, des Betjouanas, dans la Cafrerie intérieure. Toutes sont belliqueuses, la plupart nomades; elles élèvent de grands troupeaux de bœufs, connaissent peu l'agriculture et moins encore l'industrie. Les Cafres sont polygames; leur religion est un grossier Fétichisme, et les efforts des missionnaires pour les convertir ont été vains. — Les anciens géographes donnaient le nom de Cafrerie à toute la partie méridionale de l'Afrique qui s'étend d'une mer à l'autre, au S. de la Guinée et de la Nigritie. Ce pays a été exploré en 1781-84 par Levaillant, et par Livingstone en 1852-56 et 1861-64.

CAFRES. V. CAFRERIE et KAFERISTAN.

CAFZA, Capsa, v. de l’État de Tunis, à 240 kil. S. O. de Tunis, fit jadis partie de la Numidie. C'était sous les Numides une place très-forte : c'est une de celles où Jugurtha tenait ses trésors. Marius la prit en 107 av. J.-C., et César la détruisit en 46.

CAGLIARI, Calaris ou Caralis, capit. da l'île de Sardaigne, au S., sur le golfe de Cagliari; 30 000 h. Résidence du vice-roi, archevêché, université. Port, rade vaste et sûre. Fortifications, cathédrale du XIVe siècle; tours bâties par les Pisans; théâtre, bibliothèque, musée d'antiquités. Industrie assez active, commerce de vins, olives, sel. On croit que Cagliari est l'anc. ville d’Iolas, fondée par les Carthaginois.

CAGLIARI (Paul). V. VÉRONÈSE.

CAGLIOSTRO (Alex.), personnage mystérieux qui s'est rendu fameux dans le dernier siècle, naquit à Palerme en 1743, d'une famille obscure. Son véritable nom était Joseph Balsamo; il le changea en celui de Cagliostro que portait sa marraine, et prit la qualité de comte. Accusé d'escroquerie, il fut obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourut sous des noms différents la Grèce, l’Égypte, l'Arabie, la Perse, l'île de Malte, Naples, Rome, et presque toutes les villes de l'Europe; il acquit dans ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fit une grande réputation par des cures merveilleuses. Il arriva en France en 1780, se fixa pendant quelque temps à Strasbourg, où il fut reçu avec enthousiasme, puis vint à Paris où il n'excita pas moins d'admiration, et fut quelque temps à la mode dans la haute société. Il vendait des élixirs, des pilules, faisait des tours de magie et de sorcellerie, et prétendait faire apparaître les morts. Impliqué avec le cardinal de Rohan dans l'affaire du Collier (V. ROHAN), il fut mis à la Bastille, et ensuite exilé (1786). Il se retira en Angleterre, puis alla en Suisse et enfin en Italie. Arrêté à Rome en 1789 comme suspect de pratiquer la franc-maçonnerie, il y fut jugé et condamné en 1791 à la peine de mort, peine qui fut commuée en une prison perpétuelle; il mourut en 1795, au château de St-Léon, près de Rome. La plupart ne voient dans Cagliostro qu'un adroit charlatan; quelques-uns le regardent comme un homme vraiment extraordinaire, un véritable thaumaturge, doué du don de prédire. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il produisait des effets surprenants, et qu'il vivait toujours dans une grande opulence. On a supposé qu'il était l'agent d'une société secrète de Francs-Maçons qui fournissait à ses dépenses. On a publié à Rome, en 1790, une Vie de Cagliostro, extraite des pièces de son procès; elle a été traduite en français.

CAGNARD DE LATOUR. V. LATOUR.

CAGNOLA (le marquis Louis), architecte, né à Milan en 1762, mort en 1833, éleva à Milan l'arc de triomphe du Simplon, appelé auj. Arc de la paix, l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture moderne.

CAGOTS, espèce de parias répandus au moyen âge dans le voisinage des Pyrénées, et que la superstition faisait regarder comme des objets de mépris et d'horreur. On a supposé qu'ils étaient les restes des anciens Goths, qui possédèrent longtemps l'Aquitaine : de là leur serait venu le nom injurieux de Cagots (caas goths, chiens goths), qui leur aurait été donné par les vaincus. Selon d'autres, ce seraient des Juifs lépreux ou des Sarrasins restés en France après leur défaite par Charles-Martel. Les chroniques les désignent souvent encore par les dénominations de Caqueux, Cacous, Capos, Gaffos, termes de mépris qui signifiaient lépreux : on les croyait en effet atteints de cette horrible maladie. On les appelait aussi Canards, parce qu'ils devaient porter sur leurs habits une patte de canard pour se faire reconnaître. On trouve aujourd'hui même des débris de cette race opprimée dans l'ouest et le midi de la France ; et malgré les progrès de la civilisation, la prévention qu'inspiraient ces malheureux n'est pas complète-