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Dans les abréviations des noms propres, C signifie Caius, Caia, Cæsar, Cœlius, etc.; CN Cneus; COSS., consules; C. P., Constantinople.

CABADÈS ou KOBAD, roi du 2e empire persan, monta sur le trône en 491, fut détrôné en 498, parce qu'il voulait, dit-on, rendre les femmes communes dans ses États, mais remonta 4 ans après sur le trône. Il fit d'abord avec quelques succès la guerre à l'empereur Anastase en Arménie et en Mésopotamie ; mais il fut ensuite battu par Bélisaire et forcé à demander la paix. Il mourut en 531.

CABALE ou KABBALE, doctrine secrète des Juifs, dans laquelle on enseignait : 1o une théologie mystique dont le fond était le dogme de l'émanation divine et une explication allégorique des Écritures ; 2o une théurgie absurde par laquelle on prétendait soumettre à la volonté humaine les puissances surnaturelles en prononçant certains mots, et opérer avec leur secours toutes sortes de miracles. Cette doctrine, que l'on fait remonter à l'époque de la captivité des Juifs à Babylone, se trouve principalement exposée dans l’Yetzira, attribué au rabbin Akiba, et dans le Zohar, attribué à son disciple Ben-Yokaï. On peut consulter la Philosophia Cabbalistica de Freys, Kœnigsb., 1838, et la Kabbale ou Philosophie religieuse des Hébreux, de M. A. Franck, Paris, 1843.

CABALE (ministère de la), conseil privé qu'avait formé Charles II, roi d'Angleterre, et qui pendant 5 ans (1669-1674) exerça la plus fâcheuse influence sur les affaires du pays. On le nomma ainsi parce qu'il était composé de cinq personnes dont les initiales réunies formaient le mot anglais Cabal (c-à-d. Cabale), savoir : Clifford, Ashley, Buckingham, Arlington, Lauderdale, et aussi parce que ce nom caractérisait bien un ministère formé par l'intrigue et qui était en opposition avec la nation. Sous ce ministère, la triple alliance conclue entre l'Angleterre, la Hollande et le Suède contre la France fut rompue et le roi d'Angleterre fut soudoyé par Louis XIV.

CABALLINUS FONS. V. HIPPOCRÈNE.

CABANES (les), ch.-l. de cant. (Ariège), sur la r. g. de l'Ariége à 11 kil. S. E. de Tarascon; 1700 hab.

CABANIS (P. J. Georges), célèbre médecin et physiologiste, fils d'un astronome, naquit en 1757, à Coscac, près de Brives (Corrèze), et mourut en 1808. Envoyé à Paris pour achever ses études, il cultiva d'abord la poésie, se lia avec Roucher et entreprit une traduction d'Homère; en 1773, il accompagna un seigneur polonais à Varsovie en qualité de secrétaire; puis, pressé par son père de prendre un état, il choisit la médecine. et s'y distingua bientôt. Admis dans la société de Mme Helvétius à Auteuil, il y connut Turgot, d'Holbach, Condorcet et tous les hommes marquants de l'époque. Il embrassa chaudement les principes de la Révolution, se lia étroitement avec Mirabeau et lui donna ses soins comme médecin dans la maladie qui l'emporta. Il fut élu membre du conseil des Cinq-Cents, approuva le coup d'État du 18 brumaire, et fut appelé au Sénat lors de l'établissement de l'Empire. A la réorganisation des écoles, il fut nommé professeur d'hygiène, puis de clinique à l'école de médecine, et il devint membre de l'Institut lors de sa création. Outre quelques écrits littéraires ou politiques, on a de lui : Du degré de la certitude de la médecine (1797); Coup d'œil sur les révolutions et la réforme de la médecine (1804); Rapports du physique et du moral de l'homme (1802). Ce dernier est le plus important de ses ouvrages : il y traite de la part des organes dans la formation des idées, de l'influence des âges, des sexes, des tempéraments, des maladies, du régime; ainsi que de la réaction du moral sur le physique. Il y explique tout par des causes purement physiques, y enseigne le matérialisme, et va jusqu'à dire que le cerveau digère les impressions et sécrète la pensée comme l'estomac digère les aliments. Cependant ses opinions se modifièrent depuis : dans une Lettre sur les causes premières, qu'il avait adressée à Fauriel, et qui ne parut qu'en 1824, il se montre très-favorable aux idées spiritualistes (V. BÉRARD). Les ouvrages de Cabanis ont été réunis par M. Thurot, en 5 vol. in-8, 1823-25. Les Rapports de physique et de moral ont été édités séparément par le docteur Cerise, 1843 , et par M. Peisse, 1844. M. Mignet a lu en 1850 à l'Académie des sciences-morales une Notice sur Cabanis.

CABARDIE. V. KABARDAH.

CABARRUS (François, comte de), habile financier, né à Bayonne en 1752, mort en 1810, s'établit de bonne heure en Espagne, et s'y fit bientôt une grande réputation. Lors de la guerre de l'indépendance de l'Amérique, il créa des billets royaux qui rétablirent les finances de l'Espagne ; il fonda la banque de St-Charles, 1782, fit instituer en 1785 la Compagnie du commerce des Philippines, devint conseiller des finances, ministre plénipotentiaire au congrès de Rastadt en 1797, et enfin ministre des finances sous le roi Joseph. — Sa fille, célèbre pendant la Révolution par sa beauté et par son influence, épousa successivement Tallien et le duc de Caraman, prince de Chimay.

CABÈS, Tacapa, v. de l’État de Tunis, sur le golfe de même nom (Petite Syrte des anciens), à 320 kil, S. de Tunis; 30 000 hab. On y cultive le henné. Ruines romaines. — Pour le golfe de Cabès, V. SYRTE.

CABESTAING (Guill. de), troubadour du Roussillon, vivait au XIIe siècle. On raconte qu'ayant séduit Marguerite, femme de Raymond, seigneur de Castel-Roussillon, celui-ci le poignarda, lui arracha le cœur, et le fit manger à sa femme à laquelle il ne révéla cette vengeance qu'après que l'horrible repas eut été consommé. Au reste, on ne s'accorde pas sur le nom de la femme ni de l'époux. On attribue la même aventure à Gabrielle de Vergy. Quelques poésies de Cabestaing, ainsi que sa Vie, ont été publiées par Raynouard (Poésies des troubadours, 1er vol.).

CABET (Étienne), communiste né à Dijon en 1788, mort en 1857, était fils d'un tonnelier. Il se fit recevoir avocat, plaida, mais avec peu de succès, se jeta dans l'opposition la plus avancée sous Charles X, fut après la révolution de 1830 nommé procureur général en Corse, mais se fit bientôt révoquer à cause de l'exagération de ses opinions, fut élu en 1831 député de la Côte-d'Or, attaqua avec violence le gouvernement de Louis-Philippe dans un journal ultra-démocratique qu'il avait fondé, le Populaire, fut condamné en 1834 à deux ans de prison, se réfugia en Angleterre, d'où il ne revint qu'en 1839, publia en 1842, sous le titre de Voyage en Icarie, le plan d'une utopie communiste, tenta quelques années après de réaliser ses plans et, dans ce but, se transporta, avec quelques partisans, au Texas, sur les bords de la rivière Rouge, puis dans l'Illinois, à Nauvoo, établissement abandonné par les Mormons ; mais rencontra dans l'exécution une foule de mécomptes, eut avec ses disciples de vives contestations et des procès scandaleux, vit bientôt sa communauté se dissoudre et mourut dans la misère et le chagrin.

CABILLAUDS (le parti des), parti politique en Hollande vers le milieu du XIVe siècle, se forma à l'occasion des divisions qui s'élevèrent au sujet de la souveraineté des Pays-Bas entre la veuve de Louis de Bavière, Marguerite, et son fils Guillaume, qui avait pris le titre de comte de Hollande (1349). Les nobles, mécontents de ce dernier, avaient rappelé Marguerite malgré l'opposition des villes, et, espérant une facile victoire, avaient pris le nom de Cabil-