quelques monuments, entre autres la cathédrale. Bibliothèque, musée, observatoire. — Fondée en 1538 par les Espagnols, elle fut en 1811 le siége du Congrès et la même année proclama la république. Prise par les Espagnols en 1816, elle fut délivrée par Bolivar en 1819 et fut jusqu'en 1831 la capitale de toute la Colombie. Un tremblement de terre l'a presque détruite en 1827.
BOHAIN, ch.-l. de cant. (Aisne), à 20 kil. N. E. de St-Quentin ; 4212 hab. Châles façon cachemire. Prise par les Impériaux en 1537; mais bientôt reprise.
BOHÊME (Roy. de), Boiohemum en latin, Bœhm en allem., grande contrée de l'Europe, située par 9° 59' 14° 26' long. E. et 48° 34'-51° 2' lat. N., a pour bornes au N. O. la Saxe, au N. E. les États prussiens, à l'E. la Moravie, au S. l'Autriche propre et compte 4 500 000 d'hab.; capitale, Prague. Longtemps indépendante, elle forme auj. un des grands gouvernements des États autrichiens. Elle se divise en 13 cercles, qui prennent les noms de leurs chefs-lieux : Prague, Budweiss, Pisek, Pilsen, Eger, Saaz, Leitmentz, Jungbunzlau, Gitschin, Kœnigsgratz, Chrudim, Czaslaw, Tabor. Elle comprend en outre le capitanat de Prague; ch.-l., Prague. L'ancien roy. de Bohême formait 4 prov. : Bohême propre, Moravie, Lusace et Silésie. — De hautes montagnes entourent la Bohème : l'Erzgebirge au N., le Bœhmerwald à l'O., les monts de la Moravie au S. E. et au S., les Sudètes et le Riesengebirge à l'E. Elle est arrosée par l'Elbe et la Moldau, qui y reçoivent l'Iser, l'Eger, la Bila; elle a des sources minérales renommées à Calsbad, Marienbad, Tœplitz, Seddlitz, et est sillonnée par plusieurs chemins de fer, conduisant de Prague à Vienne, à Dresde, à Pilsen, etc. Climat froid et âpre dans les montagnes, mais plus doux ailleurs. Mines nombreuses; argent, étain, mercure, fer, cobalt, antimoine, pierres précieuses, marbres, albâtre, porphyre, terre à porcelaine, sable à verre, etc. Sol fertile, agriculture arriérée. Industrie active : lainages, cuirs, glaces, verreries très-estimées, grenats, alun, poudre à tirer. Commerce important. Beaucoup de gibier, surtout de faisans; beaucoup de poissons. Les Bohêmes sont de race slave : ils se nomment en leur langue Czech (prononcez Tchèque), et ont un idiome particulier. Le Christianisme ne s'introduisit chez eux qu'au VIIIe siècle. Le Catholicisme est le culte dominant; cependant on y compte un grand nombre de Frères moraves, que l'on connaît même sous le nom de Frère bohêmes.
La Bohême doit son nom aux Boii, nation gauloise qui, à ce qu'on croit, vint s'y fixer sous Sigovèse, en 587 av. J.-C., mais qui en fut chassée, sous Auguste, par les Marcomans, lesquels eux-mêmes furent expulsés ou subjugués au VIIe siècle par les Tchèques, peuple slave, conduits par Samo. Ceux-ci y fondèrent divers États, dont le principal fut celui de Prague. Tous ces États furent réunis au commencement du VIIIe siècle, sous un chef nommé Croc ou Crac. Przémysl, qui avait épousé Libussa, fille de ce prince, régna après lui et commença en 722 une dynastie qui ne s'éteignit qu'en 1306, et qui, après avoir porté la couronne ducale jusqu'à Wratislas II, devint royale sous ce prince (1086), par un décret de l'empereur d'Allemagne Henri IV. Spitignew I avait, dès le Xe siècle, reconnu la suzeraineté de l'empire germanique. A la mort de Wencelas II en 1306, le royaume passa d'abord à Rodolphe d'Autriche, puis à Henri de Carinthie, et enfin à la maison de Luxembourg, qui lui donna quatre rois, de 1309 à 1437. Ce fut sous le règne de Wenceslas IV, un des princes de cette maison, que Jean Huss et ses disciples répandirent en Bohême ces nouvelles doctrines religieuses qui embrasèrent l'Allemagne et suscitèrent, même après le supplice de J. Huss et Jér. de Prague condamnés en 1415 par le concile de Constance, une guerre civile qui désola ce pays plus de 16 ans. La Bohême fut ensuite dévolue par mariage à Albert d'Autriche (1437-1439), dont le fils, Ladislas I, mourut en 1457, sans postérité. Georges Podiebrad, simple gentilhomme bohémien, fut alors élu : il se maintint jusqu'en 1471, malgré les foudres du Vatican, la trahison de son gendre Mathias, roi de Hongrie, et la rébellion des plus puissants vassaux. Ladislas II et Louis, de la race des Jagellons de Pologne, occupèrent le trône après lui. En 1526, Ferdinand I, frère de Charles-Quint, fut élu roi, et avec lui commença définitivement la maison autrichienne de Bohême, élective jusqu'en 1547, héréditaire depuis ce temps. La Bohême ne cessa plus dès lors d'appartenir à l'Autriche que pendant quelques instants, en 1619 et 1629. Toutefois, ce pays porte encore le titre de royaume et conserve quelques priviléges. L'empereur d'Autriche porte le titre de roi de Bohême; en cas d'extinction de la dynastie autrichienne, les États ont le droit de se choisir un souverain. Le roi de Bohême était un des sept électeurs.
Premiers ducs |
Wenceslas II, | 1191 | |
Samo, | vers 650 | Henri (évêque), | 1193 |
Croc, | vers 700 | Wladislas III, | 1196 |
Maison de Przémysl. |
abdique en | 1107 | |
(Ducs.) |
(Rois héréditaires) |
||
Przémysl, mari de Libussa, fille de Croc, | 722 | Ottokar I, | 1197 |
Wenceslas I ou III, | 1230 | ||
Ottokar II, | 1253 | ||
Borsiwog I, | 894 | Wenceslas II, | 1278 |
Spitignew I, | 902 | Interrègne | (1278-1283) |
Wratislas I, | 936 | Wenceslas III, | 1305 |
Wenceslas I, | 907 | Rodolphe d'Autriche, | 1306 |
Boleslas I, | 916 | Henri de Carinthie, | 1307 |
Boleslas II, | 967 | Maison de Luxembourg. |
|
Boleslas III, | 999 | Jean, | 1310 |
Jaromir, | 1002 | Charles IV, emp., | 1346 |
Udalrich, | 1012 | Wenceslas IV, emp., | 1378 |
Brzétislas I, | 1037 | Sigismond, | 1419 |
Spitignew II, | 1055 | ||
(Rois électifs.) |
Albert d’Autriche, | 1437 | |
Wratislas II, duc, | 1061 | Ladislas I, fils d'Albert, | 1440 |
roi en | 1092 | ||
Conrad I, | 1092 | Georges Podiebrad, | 1458 |
Brzétislas II, | 1093 | Ladislas II, de Pologne, | 1471 |
Borsiwog II, | 1100 | ||
Swatopulck, | 1107 | Louis, fils Ladislas, | 1516 |
Wladislas I, | 1109 | Ferdinand I, d'Autriche, | 1526 |
Sobieslas I, | 1125 | ||
Wladislas II, | 1140 | Les empereurs d'Allemagne, de la maison d'Autriche, sont en même temps rois de Bohême depuis | 1556 |
Frédéric (1re fois), | 1173 | ||
Sobieslas II, | 1174 | ||
Frédéric (2e fois), | 1178 | ||
Conrad II, | 1190 |
BOHÈMES (monts. de). V. BŒHMERWALD.
BOHÈMES (les Frères). V. MORAVES (Frères).
BOHÉMIENS, nom que l'on donne vulgairement en France à des bandes nomades d'aventuriers qui parcourent les villes et les villages, en faisant des tours d'adresse, ou en disant la bonne aventure. Les Anglais les appellent Égyptiens (Gypsies), les Suédois et les Danois Tartares, les Espagnols Gitanos, les Allemands Zigeunes, les Italiens et les Turcs Zingari, etc. Eux-mêmes ils se nomment Pharaons. Les premières bandes qui parurent en France étaient sorties de la Bohême : de là, le nom qu'on leur a donné parmi nous. On ne connaît point d'une manière certaine l'origine de cette population exceptionnelle qui se trouve dans tous les pays, et n'a point de patrie, et l'on a fait à leur sujet les contes les plus absurdes. Les Bohémiens se prétendent sortis de l’Égypte; mais, selon l'opinion la plus probable, ils sont originaires de l'Inde : on voit en eux les descendants des anciens Tchinganes ou Zingaris, peuple mahratte,qui habitaient sur les bords de l'Indus et qui furent expulsés au XVIe siècle par l'invasion de Tamerlan. Ils parurent vers l'an 1417 en Moldavie et en Valachie, se répandirent en 1418 en Allemagne et en Suisse et pénétrèrent en France en 1427. On évalue le nombre des Bohémiens répandus sur le globe à 3 ou 4