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au moment où il se rendait à l'autel pour épouser une jeune créole. Bertin était l'ami de Parny, son compatriote. Ses Œuvres complètes ont été réunies à Paris on 1802 et en 1824, 1 vol. in-8.

BERTIN (Théod. Pierre), traducteur, né à Donnemarie, en 1751, mort à Paris en 1819, introduisit en France, en 1792, l'art de la sténographie, inventé par Taylor en Angleterre, et le perfectionna. Il a traduit de l'anglais : la Vie de Bacon de Mallet, 1788 ; les Satires d'Young, 1798, et le Système de Sténographie de Taylor, 1792 et 1803.

BERTIN (L. Franç.), dit Bertin l'Aîné, écrivain politique, né à Paris en 1766, mort en 1841, était fils d'un secrétaire du duc de Choiseul. Il fonda en 1799, dans le but de défendre les idées conservatrices, le Journal des Débats, qui, sous son habile direction, et grâce au concours d'hommes tels que Fiévée, Geoffroy, Dussault, Chateaubriand, Féletz, Boissonade, Malte-Brun, Hoffmann, Ch. Nodier, obtint bientôt un immense succès et jouit d'une grande autorité, surtout en littérature. Suspect de royalisme, il fut emprisonné au Temple en 1800, puis exilé, et ne put rentrer en France qu'en 1805. En 1811 il se vit dépouillé, par décret impérial, de sa propriété. En 1814 il en reprit la direction et y soutint chaudement la cause de la Restauration. En 1815, il accompagna Louis XVIII en Belgique, et fut un des rédacteurs du Moniteur dit de Gand. En 1824, il se sépara, avec Chateaubriand, d'une politique devenue impopulaire, et dès lors le Journal des Débats prit la défense des doctrines constitutionnelles. Après 1830, Bertin l'aîné se rallia promptement à Louis-Philippe, et fut, ainsi que son frère, un des plus fermes appuis de la nouvelle monarchie. — Son frère, Pierre Louis Bertin de Vaux, 1771-1842, le seconda dans la rédaction du Journal des Débats, tout en dirigeant une maison de banque, qu'il avait fondée en 1801. Député dès 1815, secrétaire général du ministère de la police sous M. Decazes, conseiller d'État en 1827, il donna sa démission à l'avènement du ministère Polignac (1829). Le roi Louis-Philippe le rappela au conseil d'État, le nomma ambassadeur près du roi des Pays-Bas, et l'éleva en 1832 à la pairie. Après la mort de Bertin l'aîné, le Journal des Débats a été dirigé successivement par ses deux fils, Armand Bertin, mort en 1854, et Ed. Bertin, mort en 1871. — Mlle Bertin, sœur d'Armand Berlin, s'est distinguée à la fois dans la poésie et la composition musicale ; on lui doit la musique de quelques opéras (le Loup-Garou, opéra-comique, 1827 ; Fausto, opéra italien, 1831 ; Esméralda, donné au grand Opéra, 1836), et un recueil de poésies, les Glanes, œuvre remarquable par la délicatesse du sentiment et la pureté de la forme, qui fut couronnée par l'Académie en 1832.

BERTINAZZI (Charles), acteur célèbre, connu au théâtre sous le nom de Carlin, né à Turin en 1713, mort à Paris en 1783, a rempli au Théâtre-Italien de Paris depuis 1742 jusqu'à sa retraite le rôle d'Arlequin avec un succès continu. Il fit les délices des spectateurs par son jeu vrai, naturel, comique, et par la gaieté de ses lazzi. On a de lui les Métamorphoses d'Arlequin, comédie en 5 actes, 1763. Sa Correspondance avec Ganganelli est une pure invention.

BERTINCOURT, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 k. E. de Bapaume ; 1535 h.

BERTINORO, v. de l'État ecclésiastique, à 11 k. S. E. de Forli ; 3000 hab. Évêché. Bons vins.

BERTON (Pierre MONTAN), habile musicien et compositeur, surintendant de la musique du roi et directeur de l'Opéra, né à Paris en 1727, mort en 1780. Sous son administration il s'opéra une véritable révolution musicale, due aux chefs-d'œuvre de Gluck et de Piccini. On lui doit à lui-même Érosine, opéra représenté en 1764, et le divertissement de Cythère assiégée, 1775. — Son fils, Henri Berton, né à Paris en 1766, mort en 1844, le surpassa comme compositeur. Il reçut les leçons de Sacchini, fit représenter à 20 ans, en 1787, son premier opéra comique, la Promesse de mariage, donna successivement plus de 40 autres ouvrages, dont plusieurs de circonstance (le Nouveau d'Assas, 1791 ; Viola, 93 ; Tyrtée, 97), fut professeur d'harmonie au Conservatoire dès la création (1796), devint en 1806 directeur de l'Opéra italien, en 1811 chef de chant à l'Académie de musique, et entra en 1815 à l'Institut. Il en fut arbitrairement exclu pour opinion politique en 1816, mais fut réélu en 1817. Parmi ses nombreuses productions, on remarque Ponce de Léon, opéra bouffon, dont il fit les paroles aussi bien que la musique (1798); Montano et Stéphanie (1798); le Délire (1801); Aline, reine de Golconde (1803); la Romance (1804); les Maris garçons (1806). Ses compositions se distinguent par l'originalité, l'élégance, la pureté du style et la vérité dramatique. Berton a laissé un Traité de l'harmonie, suivi d'un Dictionnaire des accords, 1815, 4 vol. in-4, et des Mémoires posthumes. — Son fils, nommé aussi Henri Berton, compositeur distingué, auteur de Ninette à la cour, fut enlevé prématurément en 1832 par le choléra.

BERTON (J. B.), général, né en 1769 près de Sedan, fit avec distinction les campagnes de la République et de l'Empire, prit Malaga, dont il fut nommé gouverneur, fut promu général en 1813 et eut un commandement à la bataille de Toulouse ainsi qu'à Waterloo. Rayé des contrôles sous la Restauration à cause de son attachement à l'Empire, il entra dans un complot contre les Bourbons, et marcha sur Saumur à la tête de quelques insurgés ; mais il fut pris, condamné à mort et aussitôt exécuté, 1822. On a de lui un Précis historique de la bataille de Waterloo, Paris, 1818.

BERTRADE, femme d'une grande beauté, fille d'un comte de Montfort et épouse de Foulques le Réchin, comte d'Anjou, inspira une passion violente à Philippe I, roi de France, qui la fit divorcer pour l'épouser (1092), malgré l'opposition d'Yves, évêque de Chartres, et l'excommunication prononcée contre lui par le pape. Il promit bien de s'en séparer, mais il ne put jamais s'y résoudre.

BERTRAND (S.), archidiacre de Paris et évêque du Mans, né en 553, mort en 623, était issu des comtes d'Aquitaine et vivait sous le règne de Clotaire. On l'honore le 3 juillet. — Évêque et patron de Comminges, 1073-1126, est honoré le 15 octob.

BERTRAND-MOLLEVILLE (Ant. Franç., marquis de), ministre d'État, né à Toulouse en 1744, mort à Paris en 1818, fut nommé par le chancelier Maupeou intendant de Bretagne, reçut la mission de dissoudre le parlement de Rennes, fut appelé en 1791 par Louis XVI au ministère de la marine, eut de vifs démêlés avec l'Assemblée constituante, surtout à l'occasion des désastres de St-Domingue, et se vit bientôt obligé de se retirer. Décrété d'accusation en 1792, il se réfugia en Angleterre, où il rédigea plusieurs écrits politiques et historiques. Les principaux sont une Histoire de la révolution de France, en 14 vol. in-8, Paris, 1800-3, qui passe pour fort partiale, et des Mémoires particuliers sur le règne de Louis XVI, 2 vol. in-8, 1816.

BERTRAND (H. Gratien, comte), le fidèle ami de Napoléon, né en 1773 à Châteauroux, où son père était maître des eaux et forêts, mort en 1844, servit dans le génie, fit la campagne d’Égypte, contribua au gain de la bataille d'Aboukir (1799), après laquelle Bonaparte le choisit pour aide de camp, et revint en Europe avec le grade de général de brigade. Il eut une part glorieuse aux victoires d'Austerlitz, de Friedland, de Wagram, fut en récompense nommé général de division, comte de l'Empire, et devint grand maréchal du palais à la mort de Duroc (1813). Il protégea la retraite de nos troupes en Allemagne, sauva les débris de l'armée après le désastre de Leipsick, défendit intrépidement le territoire français en 1814, surtout à Montmirail, suivit l'Empereur à l'île d'Elbe, puis à Ste-