Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parut sur les remparts pendant le siége et traita de lâches des hommes qui venaient ainsi attaquer une femme, tandis que la gloire les appelait sous les murs d'Oréja, ville dont le roi de Castille, son époux, faisait alors le siége en personne. Les chevaliers maures, par un esprit de galanterie qui donne une idée des mœurs de ce temps-là, ordonnèrent la retraite, et l'armée défila devant la reine en célébrant sa vertu et sa beauté. Elle mourut en 1149.

BÉRENGÈRE, fille aînée d'Alphonse IV, roi de Castille, épousa Alphonse IX, roi de Léon, qui la répudia en 1209 sous prétexte de parenté. Les États de Castille l'ayant déclarée régente pendant la minorité de son frère Henri I, elle abdiqua en faveur du comte de Lara, qui néanmoins la bannit du royaume dans la suite. Elle y rentra après la mort de son frère, auquel elle succéda en 1217, remit la couronne à son fils aîné Ferdinand, et mourut en 1244.

BÉRÉNICE, fille de Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte, épousa son frère Ptolémée Évergète, et occupa le trône avec lui (247-222 av. J.-C.). Après la mort de son époux, elle fut mise à mort par son propre fils, Ptolémée Philopator. Cette princesse avait, en exécution d'un vœu, consacré sa chevelure à Vénus : cette chevelure ayant disparu du temple où elle était placée, l'astronome Conon publia par flatterie qu'elle avait été changée en astre, et donna le nom de Chevelure de Bérénice à une constellation récemment découverte. Callimaque chanta cette métamorphose dans un poëme, que Catulle a imité. — Une autre Bérénice, fille aussi de Ptolémée Philadelphe, épousa Antiochus Théos, roi de Syrie, et fut assassinée avec son époux par Laodice, sa rivale, eu 216 av. J.-C.

BÉRÉNICE, princesse juive, fille d'Agrippa, née l'an 28 de J.-C., épousa d'abord un Hérode, roi de Chalcis; puis Polémon, roi de Cilicie, et quitta ce prince pour aller vivre auprès d'Agrippa II, son frère. Titus, l'ayant vue lors de la guerre de Judée, conçut pour elle une vive passion, l'emmena à Rome, et voulut même l'épouser; mais l'opposition des Romains l'obligea de renoncer à ce projet et il se décida à éloigner Bérénice. Cette situation est, comme on le sait, le sujet d'une tragédie de Racine, qui fut composée par ce poëte pour une situation semblable, à la demande d'Henriette d'Orléans.

BÉRÉNICE, nom commun à diverses villes d’Égypte, ainsi appelées du nom de princesses de la dynastie des Lagides. Les principales étaient : 1° Bérénice de Cyrénaïque, auj. Bernik ou Bengazy, une des 5 villes de la Pentapole d'Afrique ; — 2° Bérénice de Thébaïde, sur la mer Rouge, à 36 kil. N. du Ras-el-Enf, sous le parallèle de Syène; elle servait d'entrepôt aux marchandises de l'Inde; elle est auj. détruite; — 3° Bérénice d'Éthiopie, auj. Ollaki, chez les Troglodytes et sur la mer Rouge, fameuse par ses mines d'or (d'où son surnom Panchrysos, c.-à-d. toute d'or). — 4° Bérénice Épidirès, c.-à-d. sur le col, en Éthiopie, sur le détroit de Bab-el-Mandeb : on l'appelait quelquefois Arsinoé.

BERESFORD (W. CARR, vicomte), général anglais, d'une anc. famille du Straffordshire, né en 1770, s'est distingué au commencement de ce siècle dans la guerre de la Péninsule. Nommé en 1809 généralissime de l'armée portugaise, avec le titre de maréchal du Portugal, il la réorganisa promptement, obtint plusieurs avantages sur les Français, battit Soult en 1811, à Albuhéra, et eut une grande part aux victoires de Vittoria, de Bayonne et de Toulouse. Il reçut pour récompense en Portugal les titres de duc d'Elvas et de marquis de Campo-Mayor, et dans son pays ceux de pair d'Angleterre et de vicomte.

BÉRÉSINA ou BÉRÉZINA, riv. de Russie, prend sa source aux env. de Viléika (gouvt de Minsk), passe à Stoudianka, Borisov, Bobrouisk, Gorval, Rechitza, et tombe dans le Dnieper, après un cours de 350 kil. Charles XII passa la Bérésina en 1708 au gué de Stoudianka. Mais cette rivière est surtout célèbre par le passage désastreux des Français qui eut lieu près du même gué le 26 novembre 1812.

BÉRÉSOV ou BÉRÉZOV, v. de la Russie d'Asie (Tobolsk), sur la Sosva et la Vogoulka, à 570 kil. N. de Tobolsk. Grand commerce de pelleteries; riche mine d'or. Lieu d'exil.

BERETTINI, peintre. V. CORTONE.

BERG, c.-à-d. mont en allemand, entre dans beaucoup de noms géographiques, soit comme initiale (Berg-op-zoom), soit comme finale (Kœnigsberg).

BERG (comté, puis duché de), État de l'anc. Allemagne, avait pour bornes, avant la Révolution française, à l'O. le Rhin; à l'E. Nassau-Siegen, le duché de Westphalie, le comté de la Mark; au N. le duché de Clèves; capitale Dusseldorf. Il appartint d'abord, avec titre de comté, à la maison des comtes d'Altena; porté en 1348 à la maison de Juliers par Marguerite, fille du 11e comte, Adolphe VII, il fut érigé en duché en 1389 par l'empereur Wenceslas. En 1423, Adolphe, duc de Berg, devint duc de Juliers, et depuis, Berg suivit les destinées de Juliers; il passa en 1624 à la maison de Neubourg, qui le garda lors du traité de Lunéville (1801). En 1806, Napoléon se le fit céder, y ajouta diverses parties du duché de Clèves et d'autres pays, et l'érigea en grand-duché pour Murat : il fut ensuite incorporé à l'Empire français et partagé entre les dép. du Rhin, de la Sieg, de la Roer et de l'Ems. En 1815, le duché de Berg fut attribué à la Prusse. Il fait auj. partie de la prov. Rhénane; outre Dusseldorf, on y remarque Elberfeld et Barmen, villes très-industrielles.

BERGA, petite v. d'Espagne (Barcelone), à 80 k. N. O. de Barcelone ; 6500 h. Prise et reprise pendant la guerre civile d'Espagne; définitivement enlevée aux carlistes par les troupes de la reine en 1840.

BERGAMASC, territoire de Bergame. Outre Bergame, on y remarque Romano, Martinengo, Somasca.

BERGAME, le Bergomum des anciens, Bergamo en italien, v. de Lombardie, ch.-l. de la délégation de Bergame, à 44 kil. N. E. de Milan, sur une colline, entre le Brembo et le Serio; 38 000 hab. Évêché; place forte. Cathédrale, bibliothèque, théâtre, palais-neuf, statue du Tasse. Sociétés savantes. Draps estimés. Commerce de soie, laine, toile, vin, huile, fruits, ustensiles de fer, etc. Grande foire de 14 jours. Patrie de Bernardo Tasso (père de l'auteur de la Jérusalem délivrée), du jésuite P. Mafféi, de Tiraboschi et de Donizetti. Après avoir eu des seigneurs particuliers, Bergame se donna aux Vénitiens en 1447. Prise par les Français en 1509 et 1796; ch.-l. du dép. du Serio sous Napoléon. — La délégation de Bergame, dans le gouvt de Milan, sur les frontières de la Suisse et du Tyrol, a 120 k. sur 70, et 350 000 h.

BERGARA, v. d'Espagne. V. VERGARA.

BERGASSE (Nic.), avocat de Paris, né à Lyon en 1750, mort en 1832, commença à se faire connaître en 1787 en plaidant contre Beaumarchais pour Kornmann, qui poursuivait sa femme en adultère, fut nommé en 1789 député de Lyon aux États généraux, et se montra très-favorable à la royauté; mais ne pouvant faire prévaloir ses plans, il donna sa démission dès 1789. Emprisonné pendant la Terreur, il échappa à la mort par le dévouement de quelques amis et vécut depuis dans la retraite. On a de lui des Discours et Rapports prononcés à l'Assemblée constituante, un Essai sur la loi, la souveraineté et la liberté de la presse (1817), un Essai sur la propriété (1821), où il attaque la vente des biens nationaux, et un grand nombre de brochures de circonstance. Au commencement de la Révolution on fit paraître plusieurs fois sous son nom des pamphlets odieux auquels il n'avait eu aucune part. Chaud partisan du Mesmérisme, il publia en 1784 des Considérations sur le Magnétisme animal, et une Théorie du Monde suivant les principes de Mesmer.

BERGEDORF, v. d'Allemagne, à 14 kil. S. E. de Hambourg, sur la Bille ; 2400 hab. ; appartient en commun, ainsi que son territoire, aux villes libres de