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voyage dont la relation les a immortalisés tous deux. Bachaumont avait composé un assez grand nombre de chansons et de poésies, mais il ne prit pas le soin de les recueillir. Son Voyage et celles de ses poésies qu’on a conservées ont été publiées, avec les œuvres de Chapelle, par Lefebvre de St-Marc, Paris, 1755, par Ch. Nodier, 1825, et par Tenant de La Tour, 1854.

bachaumont (L. petit de), un des principaux membres de la société de Mme Doublet, né vers 1700, mort en 1771, avait rédigé pour cette société une espèce de journal historique et littéraire assez intéressant qui allait de 1762 à 1771. Après sa mort, ses notes furent publiées sous le titre de Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres, 1777, 6 vol. in-12. On a continué ce journal après lui, et il a été porté à 36 vol. On y trouve beaucoup d’anecdotes curieuses, mais qu’il ne faut admettre qu’avec réserve. Paul Lacroix en a donné un abrégé en 1858.

BACHELIER, titre de chevalerie et titre universitaire. V. ce mot au Dictionnaire univ. des Sciences.

BACHELIER (J. J.), peintre et directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, né en 1724, mort en 1805, fut admis en 1752 à l’Académie des beaux-arts. Il réforma le mauvais goût des peintures de la manufacture de Sèvres, et retrouva la peinture encaustique des anciens. Il fonda à ses frais à Paris, en 1763, une école de dessin pour les artisans dans l’ancien collége d’Autun (rue de l’École-de-Médecine), école qui, dès 1767, fut convertie en école royale et qui subsiste encore aujourd’hui.

BACHET DE MÉZIRIAC, né à Bourg en Bresse en 1581, mort en 1638, écrivit dans presque toutes les langues et se recommanda aussi par ses connaissances scientifiques. L’Académie française l’élut en 1635, quoique absent. On a de lui Problèmes plaisants et délectables qui se font par les nombres, Lyon, 1613, une trad. lat. de Diophante, avec commentaires, Paris, 1621, ouvrage dont Fermat et Descartes faisaient grand cas ; les épîtres d’Ovide, trad. en vers français, Bourg, 1626, in-8 ; Chansons dévotes et saintes sur les principales fêtes de l’année, etc.

BACIOCCHI (Élisa bonaparte, princesse), sœur de Napoléon, née à Ajaccio en 1777, épousa en 1797 Félix Baciocchi, d’une famille de Corse, noble, mais pauvre, et qui était alors simple capitaine. Elle vint à Paris deux ans après et s’y entoura de l’élite des hommes de lettres, dont elle faisait sa société habituelle. En 1805, son mari fut couronné prince de Piombino et de Lucques, mais le pouvoir souverain fut exercé réellement par la princesse Élisa. En 1809, elle fut nommée par Napoléon grande-duchesse de Toscane. Renversée du trône en 1814, elle se retira d’abord à Bologne, puis en Allemagne, et mourut à Trieste en 1820. — Le prince Baciocchi, qui depuis 1805 était séparé de sa femme, est mort en 1841 à Rome où il vivait en simple particulier. — Son neveu, M. Félix Baciocchi, a été premier chambellan de Napoléon III, et surintendant des spectacles de la cour.

BACKHUYSEN (Ludolph), peintre de l’école flamande, né à Embden en 1631, mort en 1709, excella dans les marines. D’abord employé dans les bureaux de son père, qui était secrétaire des États généraux de Hollande, il quitta cette position pour se livrer à son goût et se forma sans maître. Il rend bien l’agitation des eaux et les attitudes des navires en péril. Le Louvre possède 5 de ses marines.

BACLER D’ALBE (Albert-Louis), ingénieur géographe et peintre, né en 1761 à St-Pol (Pas-de-Calais), mort en 1824, cultivait la peinture quand la Révolution éclata. Il s’enrôla, fit partie de l’état-major de Bonaparte au siége de Toulon, le suivit dans toutes ses campagnes, devint général de brigade et baron, fut attaché, en 1813, au département de la guerre comme chef des géographes, puis comme directeur du cabinet topographique. Il a publié la Carte du théâtre des campagnes de Bonaparte en Italie (54 feuilles), 1802, ouvrage capital ; des Vues, des Souvenirs pittoresques des Alpes. Il est auteur des tableaux des Batailles d’Arcole et d’Austerlitz, et d’un grand nombre de paysages estimés.

BACON (Roger), célèbre moine anglais, surnommé le Docteur admirable, à cause de sa science prodigieuse, né en 1214 à Ilchester (Somerset), mort en 1292 ou 1294, entra en 1240 dans l’ordre des Franciscains, après avoir étudié à Oxford et à Paris ; se fixa à Oxford, se livra avec ardeur à l’étude de toutes les sciences connues de son temps, surtout de la physique, et acquit bientôt une instruction fort supérieure à son siècle. Quelques-uns de ses confrères, jaloux de son mérite et irrités de ce qu’il avait censuré leurs mœurs dissolues, l’accusèrent de sorcellerie : quoiqu’il eût écrit lui-même contre la magie, il fut condamné et passa dans les cachots la plus grande partie de sa longue vie. A l’avénement du pape Clément IV, qui l’avait en grande estime, il recouvra la liberté (1265), mais après la mort de ce pape éclairé, il resta en butte à de nouvelles persécutions, et fut enfermé à Paris, pendant dix ans, dans le couvent des Franciscains. Il ne sortit de prison que peu d’années avant sa mort. On lui doit d’ingénieuses observations sur l’optique et la réfraction de la lumière ; une explication de l’arc-en-ciel, une description de la chambre noire. On lui attribue l’invention de la poudre à canon, celle des verres grossissants, du télescope, de la pompe à air, et d’une substance combustible analogue au phosphore ; on trouve du moins dans ses écrits des passages où ces diverses inventions sont assez exactement décrites. Il proposa dès 1267 la réforme du calendrier. Son plus grand mérite est d’avoir renoncé à la méthode purement spéculative et d’avoir conseillé et pratiqué lui-même l’expérience. Cependant, il ne fut pas exempt des erreurs de son temps, et crut à l’alchimie et à l’astrologie. Roger Bacon a laissé des écrits sur presque toutes les parties de la science. Ses principaux ouvrages sont : l’Opus majus (publié par Samuel Jebb, Londres, 1733, in-fol.), qu’il adressa au pape Clément IV, et où il s’était proposé de rassembler toute sa doctrine ; il en fit deux refontes successives sous les noms d’Opus minus et Opus tertium (ces deux ouvrages n’ont été publiés qu’en 1860, à Londres, par J. S. Brewer) ; Epistola de secretis operibus naturæ et artis et de nullitate magiæ, Paris, 1542 ; De retardandis senectutis accidentibus, Oxford, 1590, et plusieurs traités d’alchimie, dont le principal est le Speculum alchemicum. Girard de Tournus a traduit en français, en 1557, l’Epistola de secretis sous ce titre : De l’admirable pouvoir de l’art et de la nature, et le Miroir d’alchimie. On doit à M. Em. Charles : R. Bacon, sa vie, ses ouvrages et ses doctrines, 1862.

bacon (François), illustre philosophe anglais, né à Londres en 1561, était fils de Nicolas Bacon, garde des sceaux sous Élisabeth. Il se fit remarquer dès son enfance par la précocité de son génie, et conçut de bonne heure le dessein de réformer les sciences ; mais il fut longtemps détourné de ce projet par le soin de sa fortune. Dans sa jeunesse, il accompagna l’ambassadeur d’Angleterre en France à la cour de Henri III. Rappelé dans son pays par la mort de son père, il se fit recevoir avocat, et se livra avec succès à l’étude de la jurisprudence. Préférant néanmoins la carrière des affaires publiques, il fit tous ses efforts pour obtenir quelque emploi important, et s’attacha dans ce but au comte d’Essex ; il se fit aussi nommer membre de la Chambre des communes (1592). Cependant, il ne put réussir à s’avancer sous Élisabeth, quoiqu’il eût consenti, pour se concilier la faveur de cette princesse, à justifier la condamnation du malheureux Essex, qui avait été son protecteur ; il ne reçut d’elle que le titre honorifique de conseil ou avocat extraordinaire de la reine. Il se consola de cet oubli par la culture des sciences et commença dès lors les travaux qui l’ont immortalisé. Après la mort d’Élisabeth, Jacques I, qui aimait les savants, éleva rapidement Bacon aux honneurs ; il fut successivement nommé solliciteur général (1607),