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bespierre il publia un écrit politique qu'il intitula : le Tribun du peuple, par Gracchus Babeuf; il y proposait une nouvelle loi agraire, c.-à-d. l'abolition de la propriété, le partage de toutes les terres et de toutes les richesses entre les citoyens pauvres, et attaquait avec violence le Directoire et les conseils ; il dirigeait en même temps le club des Égaux, dits Babouvistes, et formait un plan d'insurrection pour détruire la constitution de l'an iii. Traduit pour ces faits devant une haute cour de justice à Vendôme, il fut condamné à mort. Il subit le supplice le 5 prairial an v (24 mai 1797) ; il avait cherché à se frapper d'un poignard, mais n'avait pu y réussir. Buonarotti, un de ses sectateurs, a publié à Bruxelles, en 1828, le récit de la Conspiration de Babeuf. M. Ed. Fleury a combattu ses dangereuses théories dans un livre intitulé Babeuf et le socialisme en 1796, Paris, 1851.

BABIN (François), professeur de théologie à Angers, né dans cette ville en 1651, mort en 1734, est auteur des 18 premiers vol. des Conférences du diocèse d'Angers, ainsi que du Journal de tout ce qui s'est passé dans l’Université d’Angers au sujet de la philosophie de Descartes, 1679.

BABINGTON (Ant.), seigneur anglais dévoué au Catholicisme, trama un complot dans le but d'assassiner la reine Élisabeth et de délivrer Marie-Stuart. Il écrivit à cette princesse afin d'obtenir son assentiment, mais la correspondance fut saisie par Walsingham, et l'auteur envoyé au supplice, 20 sept. 1586.

BABOLEIN (S.), premier abbé de l'abbaye de St-Maur-des-Fossés, près de Paris, avait été disciple de S. Colomban et moine de l'abbaye de Luxeuil ; il mourut vers 660 ou 670. On le fête le 26 juin.

BABOUR (Mohammed), descendant de Tamerlan, né vers 1480, fut proclamé en 1494 souverain des Mongols dans la Tartarie occid., réduisit Samarcande qui s'était révoltée, entreprit la conquête de l'Hindostan, 1505, soumit le Candahar, le Caboul, Delhy, Agrah, et fonda ainsi l’Empire mogol de l’Inde, qui s'étendit de l'Indus au Gange. Il mourut en 1530. Sa dynastie a régné sur l'Inde jusqu'au XIXe siècle. Babour a rédigé lui-même en langue mogole la Relation de ses conquêtes et l’Histoire de sa vie (trad. en anglais par J. Leydin et W. Erskine, Lond., 1826).

BABOUVISTES. V. Babeuf.

BABRIUS ou BABRIAS poète qui mit en vers choliambiques grecs les fables d'Ésope. On ne sait rien de sa vie ni de sa patrie : l'élégance de sa diction a fait croire qu'il vivait du temps de Bion et de Moschus ; mais il est plus probable qu'il a vécu au IIe ou au IIIe siècle de notre ère. On ne connaissait de lui que quelques fragments conservés par Suidas (publ. par Coray et par Berger, Munich, 1816), lorsque M. Minoïde Mynas, chargé d'une mission par le ministre de l'instruction publique, trouva en 1843, au mont Athos, un manuscrit qui renfermait 123 fables, disposées dans l'ordre alphabétique. Ces fables, mises en prose sous le Bas-Empire, ont le même fond que celles que nous avons sous le nom d'Ésope. M. Boissonade en a donné l'édition princeps à Paris, 1844, in-8. Orelli, Lachmann et Fix en ont publié depuis des éditions critiques ; M. Boyer en a donné une traduction en vers français. M. Cornw. Lewis a publié à Londres, en 1859, un second recueil de Babrius, contenant 95 fables nouvelles; mais ces fables n'ont aucune authenticité ; le manuscrit paraît en avoir été forgé par M. Mynas.

BABYLAS (S.), évêque d'Antioche vers 237, fut persécuté sous l'empire de Dèce, et m. dans les fers en 251. On le fête le 24 janvier.

BABYLONE, Babylon, v. célèbre de l'Asie anc., capit. de la Babylonie, sur l'Euphrate, par 42° long. E., 30° 19' lat. N., à 93 kil. S. de la ville actuelle de Bagdad et dans le voisinage d'Hilleh. Elle avait plus de 40 kil. de tour ; on y admirait de superbes quais, 100 portes de bronze, des murailles très-hautes, d'une largeur extraordinaire, et flanquées de 250 tours ; des jardins suspendus, que l'on comptait parmi les merveilles du monde ; un temple de Bélus avec une haute tour (V. babel) ; beaucoup de palais, etc. Il ne reste de cette ville immense que des ruines, parmi lesquelles on remarque le Kasr ou palais et le Birs Nemrod ou tour de Nemrod. — Bâtie par Nemrod, puis agrandie par Bélus, Babylone devint sous ce prince la capitale du vaste empire d'Assyrie; elle s'éleva rapidement à la plus grande prospérité et se maintint à un très-haut rang, non-seulement après la chute de Sardanapale (759), mais après celle de Balthazar, lorsqu'elle eut été prise par Cyrus, en 538. Cette ville, où les Juifs furent 70 ans captifs (605-536), était encore, au temps d'Hérodote, la première ville du monde. Elle déclina ensuite jusqu'au temps d'Alexandre (330). Ce conquérant l'avait choisie pour en faire la capitale de son empire en Asie, et il voulait la rendre plus magnifique qu'elle n'avait jamais été; mais sa prompte mort et la fondation de Séleucie en précipitèrent la décadence. Babylone existait encore, mais petite et presque vide, lors de la conquête du 2e empire perse par les Arabes. — Les ruines de Babylone ont été explorées et décrites par MM. Fresnel et Oppert (1851 et suiv.).

L’Égypte avait aussi une Babylone, colonie de la 1re, bâtie sur la r. dr. du Nil, au point où ce fleuve reçoit le canal de Trajan. On croit que c'est auj. le Vieux Caire ou Baboul.

BABYLONE (Empire de), fondé par Nemrod vers 2640 av. J.-C. Il eut 8 rois de la dynastie de Nemrod, puis il tomba aux mains des Arabes pasteurs (2218), fut alors démembré et forma, entre autres petits royaumes, ceux de Babylone, d'Élam, de Sennaar. Six rois arabes régnèrent dans le premier de ces États (de Mardocentès à Nabonad). Vers 1993 parut Bélus qui régnait déjà sur Ninive, mais qui fit de Babylone la capitale de son empire, dit premier empire d’Assyrie. Il eut pour successeurs Ninus, Sémiramis, Ninyas, et une foule d'autres rois inconnus jusqu'à Sardanapale, qui périt en 759 (V. Assyrie). A la chute de ce dernier prince, le royaume de Babylone, sans être complétement indépendant, fut comme détaché de celui de Ninive, et reprit son nom : il eut pour rois Bélésis, 759 ; Nabonassar, 747 ; Nadius, Chinzir, Porus, Ilulée, de 733 à 721; Mardokempad et 5 princes encore plus obscurs, jusqu'en 688 ; puis vint une anarchie complète, suivie bientôt d'une entière soumission au royaume de Ninive (680). Mais en 625 Ninive lui fut soumise à son tour, et l'Assyrie devint province du royaume de Babylone sous les rois Nabopolassar, 625, Nabuchodonosor II, 605, Évilmérodac, 562, Nériglissor, 560, Laborosoarchod, 555, Nabonid ou Labynit (le Balthazar de l'Écriture), qui régna de 554 à 538, jusqu'au moment où le royaume de Babylone fut conquis par Cyrus. Depuis, la Babylonie a passé successivement du joug des Perses sous celui des Macédoniens (331), des Parthes (140 av. J.-C.), des Sassanides (226 de J.-C.), des Arabes (632), des Persans, enfin des Turcs, qui la possèdent encore.

BABYLONIE, contrée d'Asie, au S. de la Mésopotamie et au N. du golfe Persique, se divisait en Babylonie propre, entre l'Euphrate et le Tigre; Chaldée, au S. O., depuis le confluent des deux fleuves jusqu'au golfe Persique ; et Sitacène, à l'E. Villes principales : Babylone, Is ou Æiopolis, Orchoé, Sitace Ctésiphon, Séleucie. Elle fait auj. partie de l'Irak-Araby et forme les pachaliks de Bagdad et de Bassora. Pour l'histoire, V. ci-dessus.

BACCARAT, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle) sur la Meurthe, à 24 kil. S. E. de Lunéville ; 3072 h. Grande fabrique de verres et cristaux.

BACCHANALES, Bacchanalia, fêtes de Bacchus, prirent naissance en Égypte, d'où elles s'introduisirent successivement en Phénicie, en Grèce et en Italie. On les célébrait la nuit, au bruit des tambours et des cymbales phrygiennes. Les femmes seules y furent d'abord admises ; mais vers 198 av. J.-C. les hommes y parurent à Rome, et leur pré-