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sous de l'Ens ou Haute-Autriche, ch.-l., Linz. L'une et l'autre est subdivisée en capitaineries de cercles, dont le nombre a varié. L'archiduché d'Autriche se composait avant 1801 de 4 portions : 1° B.-Autriche (divisée en pays au-dessus de l'Ens et pays au-dessous de l'Ens) ; 2° Hte-Autriche (Styrie, Carinthie, Carniole, Frioul autrichien, littoral allemand) ; 3° Autriche intérieure (comté de Tyrol) ; 4° Autriche antérieure (Brisgau autrichien, Souabe autrichienne et divers petits pays). On y substitua depuis une division en 9 cercles

Gouvt de Hte-Autriche. Chefs-lieux.
1° Mühl, Linz.
2° Inn, Ried.
3° Haussruck, Wels.
4° Pralin, Steyer.
5° Saltzbourg, Saltzbourg
Gouvt de Basse-Autriche.
6° Manhartsberg supérieur, Krems.
7° Manhartsberg inf., Korneuburg.
8° Wienerwald sup., St-Polten.
9° Wienerwald inf., Traiskirchen.

Il faut y joindre le capitanat de Vienne, ch.-l., Vienne.

Histoire. L'Autriche propre faisait originairement partie des prov. romaines appelées Norique et Pannonie supérieure. Elle fut réunie à l'empire romain sous Tibère, vers l'an 33 de J.-C. A partir du Ve siècle, elle fut tour à tour envahie par les Huns, les Ostrogoths, les Boiens les Vandales, les Longobards, et enfin partagée entre les Bavarois et les Avares, jusqu'à 1'époque où Charlemagne en chassa les Avares, 799, et la joignit à ses États sous le nom d’Austria ou de Marche orientale. En 928, Henri l'Oiseleur, voulant opposer une barrière aux incursions des Hongrois, érigea l'Autriche en margraviat. En 982, Othon II en investit Léopold de Babenberg (ou Bamberg), dont les descendants possédèrent d'abord cette province sous le titre de margraves ou de marquis (980), et prirent ensuite le titre de ducs, à partir de l'an 1156. Après l'extinction de cette famille (1246), l'Autriche passa entre les mains de l'emp. Frédéric II, puis dans celles d'Ottocar, roi de Bohême (1251), et après lui dans celles de Rodolphe de Habsbourg, emp. d'Allemagne. Ce dernier donna l'Autriche à son fils Albert (1282), dont les descendants l'ont conservée d'abord sous le titre de ducs, et, à partir de 1453, sous celui d'archiducs. La maison de Habsbourg ou d'Autriche qui, depuis Rodolphe, avait déjà fourni plusieurs empereurs à l'Allemagne, vit cette dignité devenir héréditaire chez elle à partir de l'avénement d'Albert II, en 1438. À cette époque, l'Autriche s'était déjà agrandie de la Styrie (1186), de la Carniole et des domaines héréditaires de Rodolphe de Habsbourg, savoir : l'Alsace, la Souabe et la Suisse (1282); mais, en 1307, la Suisse s'était rendue indépendante. Le mariage de Maximilien avec Marie de Bourgogne (1477) donna à la maison d'Autriche les Pays-Bas et une grande partie de la Bourgogne; l'avénement de Charles-Quint y joignit l'Espagne avec ses immenses possessions dans les deux mondes. Par le partage de 1521 entre Charles-Quint et l'archiduc Ferdinand, son frère, les Pays-Bas et le cercle de Bourgogne échurent à la branche espagnole d'Autriche; Ferdinand conserva l'archiduché d'Autriche et toutes ses dépendances, auxquelles il joignit la Bohême et la Hongrie, puis la Moravie, la Silésie et la Lusace. Le traité de Westphalie (1648) enleva cette dernière prov., ainsi que l'Alsace, à l'Autriche, qui répara cette perte par l'acquisition de la Transylvanie et de la Croatie. Par les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714), l'Autriche reçut comme héritage de Charles II, roi d'Espagne, le cercle de Bourgogne, le duché de Mantoue, le royaume de Naples et la Sardaigne; en 1714, elle échangea ce dernier royaume contre la Sicile. Après 1735, elle rendit les Deux-Siciles à l'infant don Carlos et reçut en échange Parme, Plaisance et Guastalla. Ces fatales acquisitions, dues pour la plupart à des alliances ont donné lieu au distique suivant :

Bella gerant alii; tu, felix Austria, nube :
Nam quæ Mars aliis, dat tibi regna Venus.

En 1740, la branche masculine de la maison d'Autriche s'étant éteinte, ses États héréditaires échurent à Marie-Thérèse, fille du dernier empereur, dont le mari, François de Lorraine, fut, après de longs démêlés, reconnu empereur en 1745, sous le nom de François I, et devint le chef de la nouvelle maison d’Autriche-Lorraine. L'Autriche eut depuis à soutenir contre la Prusse la guerre de Sept ans, qui lui fit perdre la Silésie (1756-63) ;' elle se dédommagea, lors du partage de la Pologne (1772 et 1795), en se faisant adjuger la Gallicie et la Lodomirie, auxquelles elle a joint depuis le territoire de Cracovie. En 1791, elle entra, par le traité de Pilnitz, dans la coalition contre la France, ce qui attira sur elle les plus grandes calamités : après avoir vu sa capitale occupée par les Français, l'empereur François II fut contraint de renoncer au titre d'empereur d'Allemagne, et de se borner à ses États héréditaires, avec le titre d’empereur d'Autriche. Les guerres de la Révolution et de l'Empire avaient enlevé à l'Autriche une grande partie de ses possessions en Allemagne et toute l'Italie; mais les événements de 1815 les lui rendirent, à l'exception du cercle de Bourgogne, dont la perte fut compensée par les provinces de Lombardie et de Vénétie en Italie. En 1848, éclata à Vienne une violente insurrection ; en même temps la Hongrie et les provinces italiennes s'insurgèrent, mais l'Italie fut promptement soumise, malgré l'appui du roi de Piémont, qui perdit la bataille décisive de Novare (mai 1849), et la Hongrie fut après une longue résistance réduite avec l'aide de la Russie (1849) : une constitution lui est octroyée en 1861, puis une nouvelle en 1865, qui établit une diète et un ministère hongrois, et calme les esprits. En 1859, l'empereur, menacé dans ses possessions italiennes par les États sardes, les envahit; repoussé par les Piémontais et les Français, notamment à Magenta et à Solferino, il signe le traité de Villafranca, et cède la Lombardie. En 1866, il soutient contre la Prusse et l'Italie, une guerre où il bat les Italiens à Custozza (24 juin), mais est vaincu par la Prusse à Sadowa (3 juillet), est obligé de céder la Vénétie, et au traité de Prague (23 août), voit l'Autriche exclue de l'Allemagne, reconstituée sans sa participation.

Empereurs d'Autriche :
François I, 1806-1835
Ferdinand I, 1835, abdique en 1848
François-Joseph I, 1848

AUTRICUM, Chartres, v. de Gaule, capit. des Carnutes, tirait son nom de l’Autura (Eure) qui l'arrosait.

AUTUN, Bibracte, puis Augustodunum, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), près de l'Arroux, à 106 k. N. O. de Mâcon ; 11 897 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de comm., collége. Belle cathédrale, dédiée à S. Celse, église St-Martin, où est le tombeau de Brunehaut; champ de Mars. Ruines romaines, arc de triomphe, etc. — Fondée par les Phocéens, cette ville devint, sous le nom de Bibracte, la capitale des Éduens, et l'une des villes les plus importantes de la Gaule (avec un chef électif, dit vergobret, un sénat des Druides et une école druidique où l'on venait de très-loin). Elle fut également très-importante sous les Romains, qui la nommèrent Augustodunum en l'honneur d'Auguste : elle contenait une fameuse école de rhétorique. Prise par Sacrovir en l'an 21, elle fut le foyer de la révolte de ce Gaulois (qui se tua aux environs). Au IIIe siècle, elle fut assiégée pendant sept mois, prise et détruite par Tétricus; rebâtie dans le siècle suivant par Constantin; elle fut saccagée par les Sarrasins en 731; par les Normands en 888. Elle fut depuis le Xe siècle le ch.-1. d'un comté dépendant du duché de Bourgogne. Patrie du président Jeannin.

AUTUN (Jehan d'). V. AUTHON.