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ATYS, jeune et beau Phrygien, fut aimé de Cybèle, qui lui confia le soin de son culte, mais en lui faisant jurer de garder la chasteté. Atys ayant violé son vœu, la déesse, pour le punir, lui inspira une telle fureur qu'il se mutila lui-même. Il en mourut, mais Cybèle, affligée de sa perte, lui rendit la vie. Quinault a composé un opéra d’Atys.

ATYS, roi de Lydie, au XVIe siècle av. J.-C., fut le chef de la dynastie des Atyades, qui régna de 1579 à 1292, et fut remplacée par celle des Héraclides.

ATYS, fils de Crésus, roi de Lydie, était muet, mais recouvra la parole par un suprême effort en voyant, dans une bataille, un soldat prêt à percer son père, et s'écria : « Soldat, ne frappe point Crésus ; » ce qui sauva le roi.

AUBAGNE, Albania, ch.-l. de cant. (Bouches-du-Rhône), à 35 k. E. de Marseille ; 4008 h. Excellents vins de liqueur. L'abbé Barthélemy naquit près de là.

AUBAINE (droit d'), droit en vertu duquel le souverain recueillait la succession de tout étranger (aubain, alibi natus) qui venait à mourir dans ses États sans avoir été naturalisé. Ce droit barbare, qui a régné sur presque toute l'Europe, a été aboli en France en 1790 par l'Assemblée nationale.

AUBE, Alba, riv. de France, naît près de Praslay (H.-Marne), arrose Auberive, La Ferté-sur-Aube, Clairvaux, Bar-sur-Aube, Brienne, Lesmont, Arcis, et grossit la Seine à Conflans-sur-Aube, après un cours de 200 k.

Petite riv. du dép. des Ardennes, s'unit au Ton à Aubenton et tombe avec lui dans l'Oise.

AUBE (dép. de l'), entre ceux de la Marne au N., de la Côte-d'Or et de l'Yonne au S., de Seine-et-Marne à l'O., de la Haute-Marne àl'E.: 6050 k. carrés ; 262 785 h. ; ch.-l. Troyes. Il est formé de la Champagne propre et d'une petite partie de la Bourgogne. Sol plat, sauf au N. et à l'O.; presque stérile dans la partie N., qui ne se compose guère que de craie et qui forme ce qu'on appelait vulgairement la Champagne Pouilleuse; très-fertile au S. Forêts assez vastes. Vins ordinaires et vins de Champagne, chanvre, navette. Bétail, moutons, volailles. Pierres de taille, grès à paver, marbre lumachelle, etc. Industrie : bonneterie, tricots, draps communs, cordes de boyau, papeteries, chamoiseries. Commerce en vins, bois de chauffage. — Ce dép. a 5 arr. (Arcis-sur-Aube, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Nogent-sur-Seine, Troyes), 26 cantons et 446 comm.; il appartient à la 1re division militaire, dépend de la cour impér. de Paris et a un évêché à Troyes.

AUBENAS, Albinatium, ch.-l. de cant. (Ardèche), sur l'Ardèche, à 31 k. S. O. de Privas ; 4921 h. Collége. Vers à soie, truffes, marrons et vins.

AUBENTON, ch.-l. de c. (Aisne), à 25 kil. E. de Vervins, près du confluent de l’Aube et du Ton; 1200 h.

AUBERIVE, ch.-l. de cant. (H.-Marne), sur l'Aube, près de sa source, à 30 kil. S. O. de Langres ; 323 h. Forges. Anc. abbaye.

AUBERT (l'abbé), fabuliste et critique, né à Paris en 1731, mort en 1814, se fit connaître dès 1756 par un recueil de fables qui eut un grand succès. Voltaire disait des Fables intitulées, le Merle, le Patriarche et les Fourmis : « C'est du sublime écrit avec naïveté. » Il rédigea, depuis 1752 jusqu'en 1772, la partie critique et littéraire des Petites-Affiches, et fit longtemps la fortune de ce journal ; il travailla ensuite au Journal des Beaux-Arts et dirigea depuis 1774 la Gazette de France. En 1773, on créa pour lui, au collége de France, une chaire de littérature française, qu'il occupa jusqu'en 1784. L'abbé Aubert publia en 1774, en 2 vol. in-8, une édition de ses Fables, fort augmentée, et accompagnée d’OEuvres diverses ; on y remarque des Contes moraux en vers.

AUBERVILLIERS, vge du dép. de la Seine à 7 kil. N. de Paris ; 8096 hab. On voyait dans l'église une image de la Vierge à laquelle on attribuait la vertu de faire des miracles, ce qui lui valut le nom de Notre-Dame des Vertus. Fort, construit en 1842

AUBERY (Antoine), écrivain savant et laborieux, né en 1616 à Paris, mort en 1695, a composé : Histoire des Cardinaux, 1642 ; Histoire de Richelieu, 1660, qu'il fit suivre de Mémoires sur le cardinal ; Histoire de Mazarin, 1695. Il avait publié en 1667 un traité Des justes prétentions du roi de France sur l'Empire, qui excita des réclamations de la part des princes d'Allemagne ; pour les apaiser, on mit un instant l'auteur à la Bastille.

AUBERY DE MAURIER (Benjamin), ambassadeur de France en Hollande, puis en Angleterre sous Élisabeth, mort en 1626, a laissé une Instruction sur l'art de négocier. — Son fils, Louis A., mort en 1687, l'accompagna dans les ambassades et fut en faveur près d'Anne d'Autriche. On a de lui : Relation de l'exécution de Cabrières, Paris, 1645, et des Mémoires sur l'histoire de Hollande, 1680, et sur Hambourg, le Holstein, la Suède, la Pologne, 1748 (posthumes).

AUBESPINE (Claude de L'), baron de Châteauneuf, d'une famille noble de Bourgogne, habile diplomate, fut chargé de plusieurs négociations sous Henri II et ses successeurs, fut un des plénipotentiaires de France au traité de Cateau-Cambrésis, et attacha son nom à l'assemblée de Fontainebleau où fut rendu un édit de tolérance pour les Réformés (1560), ainsi qu'à la reddition de Bourges (1562). Il mourut en 1567. — Charles de L'AUBESPINE, marquis de Châteauneuf, remplit diverses ambassades, fut fait garde des sceaux par Richelieu en 1630, et servit la vengeance du cardinal en votant la mort des maréchaux de Marillac et de Montmorency. Néanmoins, Richelieu lui ôta les sceaux en 1633, et le fit jeter dans une prison où il resta jusqu'à la mort de Louis XIII. Anne d'Autriche lui rendit les sceaux ; mais deux ans après elle l'exila, ce qui le fit entrer dans le parti de la Fronde. Il se réconcilia ensuite avec la cour. Il mourut en 1653.

AUBETERRE, ch.-l. de cant. (Charente), non loin de la Dronne, à 52 kil. S. E. de Barbezieux ; 634 h.

AUBETTE, petite riv. du dép. de la Seine-Inf., se jette dans la Seine à Rouen, après un cours de 13 kil. Ses eaux sont excellentes pour la teinture.

AUBIGNAC (François HÉDELIN, abbé d'), né à Paris en 1604, mort à Nemours en 1672, fut choisi par le cardinal de Richelieu pour être précepteur du duc de Fronsac, son neveu, et fut peu après pourvu de l'abbaye d'Aubignac, dont il conserva le nom. Il se livra à la littérature, et fut en relation avec les plus beaux esprits de son temps. On a de lui la Pratique du Théâtre, 1657, souvent réimprimée, sorte de commentaire de la Poétique d'Aristote où il maintient les trois unités ; des romans et quelques pièces de théâtre, entre autres une tragédie en prose, Zénobie, qui fut représentée sans succès. Il est surtout connu par ses querelles avec Corneille, dont il attaqua les tragédies, et avec Ménage, contre lequel il publia Térence justifié. Il soutint un des premiers qu’Homère est un personnage chimérique, et que les poëmes qu'on lui attribue ne sont qu'un recueil de morceaux détachés. Ses Conjectures académiques sur l'Iliade n'ont paru qu'en 1715.

AUBIGNÉ (Théodore Agrippa d'), un des favoris de Henri IV, né en 1552 au château de St-Maury, près de Pons eu Saintonge, mort en 1630, était zélé calviniste. Il étudia à Genève sous Théodore de Bèze et se lia de bonne heure avec le jeune roi de Navarre, qui le prit d'abord pour écuyer et le nomma dans la suite maréchal de camp, gouverneur d'Oléron et de Maillezais, et vice-amiral de Guyenne et de Bretagne. Il est un de ceux qui contribuèrent le plus par leur valeur à placer Henri IV sur le trône ; mais il n'en fut pas fort généreusement récompensé. Il avait une franchise et une causticité qui convenaient peu à un courtisan, et il conserva pour le Calvinisme un attachement qui semblait condamner la conversion de son maître. Écarté de la cour après la mort de Henri IV, il composa dans sa retraite plusieurs écrits, dont le principal est une Histoire universelle depuis 1550 jusqu'en 1601 (Maillé, 1616-20 et 1626, 3 vol.