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la douleur de se voir, avant de mourir, presque entièrement oublié.

ARLINGTON (Henri BENNET, comte d'), ministre d'État et pair d'Angleterre, né en 1618, mort en 1685, se distingua d'abord par son dévouement à la cause de Charles I, combattit dans l'armée royale et émigra sous le Protectorat. Rentré en Angleterre avec Charles II, il fit en 1670 partie du ministère célèbre connu sous le nom de Cabal (V. ce mot). Il fut ensuite élevé à la dignité de lord chambellan.

ARLON, Orolaunum, ch.-l. du Luxembourg belge, à 20 k. O. de Luxembourg; 5600 h. Aux env., forêts; forges; grand commerce de fer. On y a souvent trouvé des médailles, des statues, etc. – Érigé en marquisat en 1103, et réuni au comté de Luxembourg en 1214; possédé par la France de 1684 à 1697. Victoires des Français sur les Impériaux en 1793 et 1794.

ARMADA. Ce nom, qui veut dite en espagnol flotte de vaisseaux de guerre, a été spécialement appliqué à la flotte redoutable que Philippe II équipa en 1588 contre Élisabeth, reine d'Angleterre, et qu'il nomma orgueilleusement l’invincible armada. Cette flotte, composée de 135 vaisseaux, fut détruite en peu de jours : d'abord dispersée par la tempête, elle fut ensuite battue par la flotte anglaise, que commandait l'amiral Drake.

ARMAGH, Regia, v. d'Irlande (Ulster), ch.-l. du comté d'Armagh, à 110 k. N. O. de Dublin; 13 000 hab. Archevêché qui a la primatie de toute l'Irlande ; riche bibliothèque, observatoire. – Armagh fondée, dit-on, par S. Patrick en 450, a été capit. de l'Irlande au moyen âge; elle avait alors une université très fréquentée. Souvent pillée dans les guerres avec les Danois et les Anglais, elle fut incendiée par sir Phelim O'Neil en 1642. Sa décadence date de la Réforme. – Le comté, situé entre ceux de Tyrone, Monaghan, Louth, Down, a 53 kil. sur 31 et 250 000 hab. Sol fertile.

ARMAGNAC, anc. pays de France, compris dans la prov. de Gascogne, était borné au N. par le Condomois, l'Agénois, le Quercy; au S. par le Bigorre, le Comminges, le Conserans; à l'E. par le Languedoc, à l'O. par le Béarn, le Marsan, le Gabaret, et avait pour v. princip. Lectoure, Nogaro et Auch. La Save, la Gimone, le Gers, la Baïze arrosent ce pays. Il forme auj. le dép. du Gers et une partie de ceux Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, H.-Garonne. — Compris jadis dans l'Aquitaine, puis dans le duché de Gascogne qui appartenait à une maison mérovingienne issue de Caribert, enfin, dans le comté de Fezensac, l'Armagnac devint un comté particulier en 960 et eut pour premiers comtes Bernard le Louche, Géraud Trancaléon, Bernard II. Ce dernier posséda un instant tout le duché de Gascogne (1040-1052). Géraud III, son petit-fils, réunit à l'Armagnac le comté de Fezensac (vers 1140). En 1163 on détacha pour un cadet un apanage dit comté de Fezensaguet. La branche aînée s'étant éteinte dans les mâles (1245), Géraud V, fils du premier comte de Fezansaguet, devint comte d'Armagnac (1256); mais à sa mort (1285), les deux comtés furent de nouveau séparés. Jean I (1319-1373) et ses successeurs joignirent à l'Armagnac les comtés de Rhodez et de Carlat, les vicomtés de Lomagne et d'Auvillars, le Comminges, le Charolais (qu'aliéna Jean III en 1390). Jean III eut pour successeur son frère Bernard VII, chef de la faction des Armagnacs (V. ci-après). En 1473 périt le célèbre Jean V, adversaire acharné de Louis XI. Ce prince déclara, en 1481, l'Armagnac réuni à la couronne. Cependant le roi Charles VIII le rendit à Charles I frère de Jean V. À ce Charles I succédèrent le duc Charles d'Alençon, puis Henri d'Albret (tous deux époux de Marguerite, sœur de François I), ensuite Jeanne d'Albret, et enfin Henri IV, qui réunit définitivement ce comté à la couronne de France par son avènement (1589). En 1645, Louis XIV donna le titre de comte d'Armagnac à H. de Lorraine, comte d'Harcourt, dont la postérité le porta jusqu'à la Révolution.

ARMAGNAC (Bernard VII, comte d'), chef de la faction dite des Armagnacs, fut mis en possession de son comté en 1391 par la mort de son frère Jean III (V. ci-dessus). Dans les querelles des maisons de Bourgogne et d'Orléans, qui désolèrent la France pendant la démence de Charles VI, il embrassa le parti du duc d'Orléans, dont le fils, Charles d'Orléans, était son gendre, et devint bientôt l'âme de cette faction. Après l'assassinat du duc d'Orléans par le duc de Bourgogne, 1407, il se mit à la tête des partisans de la victime, combattit la faction de Bourgogne, finit, après des succès divers, par entrer dans Paris à la tête d'une armée, 1413, se fit nommer par la reine Isabeau connétable, puis premier ministre, et s'empara de toute l'autorité, 1415. Mais il ne tarda pas à se rendre odieux par ses exactions et sa tyrannie, et rompit avec la reine, qui alla chercher un asile à la cour de Bourgogne, 1418. Les mécontents ayant réussi à introduire les Bourguignons dans Paris, toute la ville se souleva contre le comte d'A. et il se vit contraint de se cacher; mais il fut découvert dans sa retraite, et massacré avec un grand nombre des siens par la populace furieuse.

ARMAGNAC (Jean V, comte d'), petit-fils du préc., fut accusé sous Charles VII d'avoir entretenu des intelligences avec les Anglais, et condamné par le parlement au bannissement et à la perte de ses biens, 1460. Louis XI, à son avénement, le rappela et lui rendit ses biens, 1461; mais il ne paya ce prince que d'ingratitude : il entra dans la Ligue du Bien public, embrassa le parti du duc de Guyenne, frère du roi et son ennemi acharné, et livra les côtes de France aux Anglais et aux Aragonais. Condamné de nouveau, il résista les armes à la main et s'enferma dans Lectoure, où il soutint un long siége contre le cardinal Joffrédy. Celui-ci lui proposa de traiter; mais pendant qu'on négociait, les troupes royales entrèrent dans la place par trahison, et le comte d'Armagnac fut assassiné, 1473. Ce seigneur avait conçu un amour incestueux pour sa sœur Isabelle : il l'épousa publiquement malgré les foudres du Vatican, et en eut plusieurs enfants. – Son frère, Charles d'Armagnac, condamné avec lui, resta 14 ans à la Bastille et n'en sortit que sous Charles VIII, qui lui rendit l'Armagnac.

ARMAGNAC (Jacques d'), duc de Nemours, petit-fils du connétable Bernard d'Armagnac, mais issu d'un fils cadet, fut dans sa jeunesse comblé de bienfaits par Louis XI, qui lui fit épouser une de ses cousines, l'investit du duché de Nemours et lui confia des commandements importants. Loin de se montrer reconnaissant, Jacques d'Armagnac se rangea parmi les ennemis du roi, et accéda à la Ligue du Bien public. Il obtint deux fois son pardon; mais ayant pris part à de nouvelles intrigues, il fut assiégé et pris dans Carlat, et amené à la Bastille, où le roi irrité le fit enfermer dans une cage de fer. Condamné par le parlement, il fut mis à mort en 1477, à peine âgé de 40 ans. Ses fils, encore en bas âge, furent, dit-on, forcés d'assister à son supplice, et placés sous l'échafaud pour recevoir sur leur tête le sang de leur père; mais cet acte odieux est fortement contesté.

ARMAGNAC (Louis d'), duc de Nemours, troisième fils du précédent, n'avait que 5 ans lors du supplice de son père. Il fut détenu à la Bastille jusqu'à la mort de Louis XI. Charles VIII le mit en liberté et lui rendit une partie de ses biens; il accompagna ce prince dans son expédition en Italie et s'y distingua. Louis XII le nomma vice-roi de Naples : mais il éprouva plusieurs échecs, et périt à Cérignole en combattant les Espagnols, 1503. Avec lui s'éteignit cette branche de la maison d'Armagnac.

ARMAGNACS (faction des), opposée à celle des Bourguignons. V. ARMAGNAC (Bernard VII, comte d').

ARMANÇON, riv. de France, naît au S. de Pouilly (Côte-d'Or), baigne Semur, Nuyts, Ancy-le-Franc, Tonnerre, St-Florentin, Brinon-l'Archevêque, et se