Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Séquanes contre les Éduens, battit ceux-ci à Amagetobria, 63 ans av. J.-C., mais bientôt il opprima ses propres alliés. Il voulut s'opposer aux conquêtes de César, mais il fut complétement défait par ce général près de Vesontio, en 58 av. J.-C. Selon une tradition, il se retira sur le mont Taunus.

ARIPERT, roi des Lombards. V. ARIBERT.

ARISTAGORAS, un des auteurs du soulèvement de l'Ionie contre les Perses, était, en 504 av. J.-C., gouverneur de Milet en l'absence d'Histiée, son parent. Il se révolta contre Darius, alla chercher des secours en Grèce et fut accueilli à Athènes, mais il succomba en Ionie devant des forces supérieures, et s'enfuit vers la Thrace, où il fut tué, en 498.

ARISTARQUE, astronome et mathématicien grec, natif de Samos, était disciple du péripatéticien Straton et florissait vers 280 av. J.-C. Il est un des premiers qui ait soupçonné que la terre tourne sur son axe et autour du soleil; il fut accusé, pour cette opinion, de troubler le repos des dieux. On a de lui un Traité de la grandeur et de l'éloignement du soleil et de la lune, publié par Wallis, Oxford, 1688, grec-latin, et par Fortia d'Urban, Paris, 1810, puis traduit en français par le même, 1823.

ARISTARQUE, critique et grammairien célèbre, né dans la Samothrace, vers 180 av. J.-C., disciple d'Aristophane de Byzance, vint de bonne heure à Alexandrie, fut chargé de l'éducation des fils de Ptolémée Philométor, et mourut dans l'île de Chypre à 72 ans. Aristarque s'est rendu célèbre par ses travaux sur Homère : il soumit l’Iliade et l’Odyssée à la critique la plus rigoureuse, et en donna une édition nouvelle qui jouit d'un grand crédit chez les anciens; cependant on l'accuse d'avoir arbitrairement changé ou rejeté un bon nombre de vers. Il avait également travaillé sur Archiloque, Pindare, Aratus et plusieurs autres poëtes. Aristarque était un censeur sévère, mais d'un goût sûr : son nom est resté comme le type du critique. Villoison a donné dans son édition de l’Iliade ce qui nous reste des corrections d'Aristarque sur Homère.

ARISTÉE, Aristœus, berger célèbre, fils d'Apollon et de la nymphe Cyrène, fille du fleuve Pénée, apprit aux hommes l'art de soigner les troupeaux, de faire cailler le lait et d'élever les abeilles. Il épousa Autonoé, princesse de Thèbes, de laquelle il eut Actéon. Désespéré de la mort de son fils, qui périt à la chasse, déchiré par ses chiens, il quitta la Grèce, passa à Cos, de là en Sardaigne, puis en Thrace, où Bacchus l'initia aux mystères des orgies, et fixa enfin son séjour sur le mont Hémus; mais il en fut enlevé et disparut tout à coup. Virgile fait de lui, dans ses Géorgiques (IVe livre), l'amant d'Eurydice, dont il causa involontairement la mort en la poursuivant, et il le montre faisant sortir des flancs d'un taureau immolé d'innombrables essaims d'abeilles. On l'honorait comme un dieu, surtout en Sicile.

ARISTÉE, Aristeas, officier de Ptolémée Philadelphe. Selon une tradition douteuse, il fut chargé d'aller en Judée pour y chercher les livres saints, ramena avec lui 70 savants pour les traduire, et fit faire à son retour la version dite des Septante. On a sous le nom d'Aristée une Histoire de la traduction des Septante, qui paraît apocryphe, mais qui n'en est pas moins fort ancienne. Elle a été imprimée à Bâle, 1561, et à Oxford, 1692, grec-latin.

ARISTÉNÈTE, écrivain grec, né à Nicée vers l'an 300 après J.-C., est auteur d'un roman en forme de lettres, dans lequel on trouve des détails curieux sur les mœurs de son temps. Il périt, dit-on, dans le tremblement de terre qui renversa Nicomédie en 358. Il était contemporain et ami de Libanius. Les Lettres d'Aristénète ont été publiées à Anvers, 1566, par Sambucus; à Utrecht, grec-latin, avec notes de Pauw, 1737; et à Paris, 1823, par M. Boissonade, édit. préférable à toutes les autres. Elles ont été traduites ou imitées en français, par Cyre-Foucault, 1597; Lesage, 1695; Moreau, 1752; F. Nogaret, 1797.

ARISTIDE, Aristides, Athénien célèbre par ses vertus civiles et militaires, eut une grande part à l'administration de la république, et reçut du peuple le surnom de Juste. Il est un de ceux qui commandaient à la bataille de Marathon, 490 av. J.-C. Thémistocle, son rival, jaloux de son crédit, le fit bannir par l'ostracisme, 483 : ses légers concitoyens étaient las de l'entendre nommer le juste. Rappelé lors de l'invasion de Xerxès, il seconda généreusement Thémistocle et contribua aux succès de Salamine et de Platée. Estimé de tous pour sa douceur, sa modération et son désintéressement, il réussit à faire déférer aux Athéniens la suprématie, et fut chargé d'administrer le trésor commun de toute la Grèce. Il mourut dans un âge avancé (469), et si pauvre que l'État fut obligé de pourvoir à ses funérailles et de doter ses filles. Plutarque et Cornélius ont écrit sa Vie.

ARISTIDE (S.), philosophe athénien, se convertit au Christianisme, et présenta à Adrien, l'an 125, une Apologie pour les Chrétiens, que nous n'avons plus. On le fête le 31 août.

ARISTIDE (Ælius), orateur grec, né à Bithynie vers l'an 129 de J.-C., reçut à Athènes les leçons d'Hérode Atticus, et alla se fixer à Smyrne où il enseigna la rhétorique avec un grand éclat. Smyrne ayant été renversée par un tremblement de terre l'an 178, il détermina par son éloquence l'empereur Marc-Aurèle à la rebâtir. Il reste de lui 54 Discours et quelques autres écrits, qui font bien connaître l'état moral de la société au temps des Antonins. Samuel Jebb en a donné une édit. gr.-lat., Oxford, 1722, 2 vol. in-4, avec notes; G. Dindorff en a publié en 1829, à Leipsick, une nouv. édition qui renferme quelques morceaux récemment découverts. On le trouve aussi dans la Collection Didot.

ARISTIDE (Quintilien), auteur grec qui paraît avoir vécu au IIe siècle de J.-C., a laissé un traité sur la Musique, inséré par Meibomius dans sa collection des Auctores septem antiquæ musicæ, Amst., 1652, in-4.

ARISTION, sophiste d'Athènes, fit déclarer cette ville en faveur de Mithridate contre les Romains, et y exerça un instant le souverain pouvoir. Sylla, s'étant rendu maître d'Athènes, le mit à mort, 87 av. J.-C.

ARISTIPPE, philosophe grec de la secte cyrénaïque, né à. Cyrène vers 435 av. J.-C., d'une famille riche, vint à Athènes étudier sous Socrate, et fonda lui-même une école dans laquelle il dénatura la morale de son maître. Il proposait pour but unique de la vie la recherche du plaisir, ἡδονή, d'où le nom d’hédonisme donné à son système; toutefois il proscrivait les excès et voulait que l'homme possédât la volupté sans se laisser posséder par elle. Il mit cette doctrine en pratique, et passa ses plus belles années à la cour de Denys le Tyran dans la mollesse et les délices. Aristippe avait la repartie fine et l'esprit brillant; l'on cite de lui beaucoup d'heureuses saillies. On lui reprochait un jour de s'être jeté aux pieds de Denys pour obtenir une faveur : « Est-ce ma faute, répondit-il, s'il a les oreilles aux pieds? » Il eut une fille nommée Arété, et un petit-fils nommé aussi Aristippe, qui enseignèrent sa philosophie. On a sous son nom 4 Lettres (dans les Epistolæ Socraticorum d'Allatius), qui sont apocryphes. Wieland a mis ce philosophe en scène dans un roman historique intitulé : Aristippe et ses contemporains.

ARISTOBULE I, surnommé Philhellène, c.-à-d, Ami des Grecs, prince juif, succéda à son père Jean Hyrcan comme grand prêtre l'an 107 av. J.-C., prit le titre de roi, soumit une partie de l'Iturée, et mit à mort sur de faux soupçons son frère Antigone, à qui il devait cette conquête. Son règne ne dura qu'un an.

ARISTOBULE II, fils d'Alexandre Jannée, détrôna son frère Hyrcan II, et devint roi de Judée l'an 70 av. J.-C. Assiégé par Arétas, prince arabe, il fut délivré par les Romains qu'il avait appelés à son secours, mais il ne tarda pas à se brouiller avec eux. Assiégé dans Jérusalem par Pompée, il fut pris après