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1807 avec une Notice, 1 vol. in-8. Sa Correspondance avec Frédéric II a paru en 1799.

ARGENSOLA, nom de deux frères qui se sont distingués en Espagne dans les lettres. Leonardo, né en 1565, à Barbastro (Aragon), mort en 1613, venait d'être nommé historiographe d'Aragon, lorsqu'il fut emmené à Naples par le comte de Lemos, vice-roi, avec le titre de secrétaire d'État. Il n'en trouva pas moins le loisir de composer des poésies lyriques et des tragédies dont Cervantes faisait grand cas. — Son frère Barthélemy, 1566-1631, lui succéda dans le titre d'historiographe, continua les Annales d'Aragon de G. Zurita, et publia lui-même en 1609 une Histoire de la conquête des Moluques. Il cultiva aussi la poésie avec succès.

ARGENSON (VOYER d'). Cette famille qui a produit plusieurs hommes d'État, tire son nom d'une terre voisine de Chinon en Touraine. Elle possédait plus anciennement encore la seigneurie de Paulmy (arr. de Loches), dont les aînés prenaient le nom.

ARGENSON (René VOYER, seigneur d'), 1596-1651, d'abord conseiller au parlement de Paris, ensuite intendant d'armée pendant le siège de La Rochelle, intendant de justice à l'armée du Dauphiné, surintendant du Poitou, ambassadeur, etc., fut chargé par Richelieu et Mazarin de diverses missions diplomatiques, notamment de la réunion de la Catalogne (1641). Il avait reçu la prêtrise peu de jours avant sa mort. Il mourut à Venise, où il dirigeait son fils aîné, ambassadeur près de cette république.

ARGENSON (René, comte d'), fils du préc., 1624-1700, seconda son père dans tous ses travaux; fut ambassadeur à Venise de 1651 à 1656, remplit avec succès diverses autres missions, mais déplut au roi par la sévérité de ses principes, et se retira dès 1670.

ARGENSON (Marc-René d'), fils du préc., 1652-1721, né à Venise et filleul de la République, fut nommé en 1697 lieutenant général de police, en 1715 président du conseil de l'intérieur, en 1718 garde des sceaux et président du conseil des finances. Il s'opposa fortement au système de Law, prévoyant les désastres qu'il devait amener; mais ayant reconnu l'inutilité de ses efforts, il donna sa démission, 1720. Ce ministre créa la police politique, comme La Reynie avait créé la police civile : c'est lui qui introduisit l'usage des lettres de cachet. Marc-René d'Argenson était membre titulaire de l'Académie française et membre honoraire de l'Académie des sciences.

ARGENSON (René Louis, marquis d'), fils aîné du précéd., 1694-1757, fut conseiller d'État, 1720, intendant du Hainaut et du Cambrésis, puis ministre des affaires étrangères, 1744-1747. C'est le dernier ministre qui ait persévéré dans le système anti-autrichien. Il avait beaucoup de savoir, de noblesse d'âme, de fermeté et de philanthropie. On l'accusait d'être trop favorable aux philosophes : il avait été élevé au collége Louis-le-Grand avec Voltaire, dont il resta l'ami. On a de lui des Considérations sur le gouvernement de la France, 1764 et 1784, et des Essais, dans le goût de Montaigne, Amsterdam, 1785, réimprimés sous le titre de Loisirs d'un ministre d'État, Liège, 1787, 2 vol. in-8. Il a laissé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1825, et de nouveau, d'après les manuscrits autographes, en 1857-1863, avec son Journal inédit, par le marquis Ch. d'Argenson, un de ses descendants, 5 vol. in-16. Il eut pour fils le marquis de Paulmy, ambassadeur. V. ci-après, ANT.-RENÉ D'ARGENSON.

ARGENSON (Marc-Pierre, comte d'), 1696-1764, frère du préc., remplaça, en 1720, comme lieutenant général de police, Marc-Réné d'Argenson, son père; mais il perdit bientôt cette place à cause de son opposition au système de Law. Cependant le Régent lui donna un poste élevé dans sa maison privée. Il fut le collaborateur du chancelier d'Aguesseau pour ses célèbres ordonnances. Il rentra aux affaires en 1737 comme directeur de la librairie, et reçut en 1743 le portefeuille de la guerre, pendant que son frère tenait celui des affaires étrangères : les succès de 1744 et 1745 furent regardés comme étant en partie son ouvrage; c'est lui qui fit créer l'École militaire (1751). En 1757, Mme de Pompadour réussit à le faire disgracier; il se retira dans sa terre des Ormes. Il était membre de l'Académie française et de celle des inscriptions. Il s'était toujours montré favorable aux gens de lettres et même aux philosophes. Les premiers volumes de l’Encyclopédie lui furent dédiés, 1751. — Son fils Marc-René, marquis d'Argenson, 1722-82, lieutenant général, commandant en Saintonge, assainit les marais de Rochefort. Il avait épousé une fille du maréchal de Mailly.

ARGENSON (Antoine-René d'), dit le marquis de Paulmy, fils de René-Louis, ministre des affaires étrangères, né en 1722, mort en 1787, fut conseiller au parlement dès l'âge de 20 ans, puis commissaire général des guerres; jouit d'une grande influence pendant le ministère de son oncle et de son père (V. René-Louis et Marc-Pierre d'ARGENSON); fut ambassadeur en Suisse, puis secrétaire général au département de la guerre, et obtint ce dernier porte-feuille en 1757; il le perdit au bout d'un an, mais remplit encore deux ambassades, l'une en Pologne (1762), l'autre à Venise (1766-70). Il était de l'Académie française, et membre honoraire de celles des sciences et des inscriptions. C'est lui qui donna le plan de la Bibliothèque universelle des romans, 40 vol., 1775-78; il publia lui-même les Mélanges tirés d'une grande bibliothèque, 65 vol. in-8. Sa superbe bibliothèque, achetée en 1781 par le comte d'Artois, forme auj. la Bibliothèque de l'Arsenal.

ARGENSON (Marc-René-Marie d'), petit-fils du comte Marc-Pierre, 1771-1842, avait été dans sa jeunesse aide de camp de La Fayette, et fut toute sa vie son ami politique. Préfet des Deux-Nèthes sous l'Empire, il donna sa démission en 1813 pour ne pas s'associer à des actes arbitraires. Député sous la Restauration, il combattit la réaction royaliste, et dénonça le massacre des Protestants dans le Midi. Administrateur, manufacturier, orateur, il se fit partout remarquer par ses sentiments philanthropiques et par ses maximes populaires; il réclama constamment les mesures les plus favorables aux classes pauvres et laborieuses. Retiré, à la fin de sa vie, dans sa terre des Ormes, près de Tours, il s'y occupa surtout d'agriculture. Le recueil de ses Discours a paru en 1846, 2 vol. in-8, avec une Notice sur sa vie.

ARGENT, ch.-l. de cant. (Cher), sur la Sauldre, à 40 kil. N. O. de Sancerre; 765 hab.

ARGENTAL (Ch. Augustin FERRIOL, comte d'), conseiller au parlement de Paris, né en 1700, mort en 1788, fut l'un des plus fervents admirateurs de Voltaire, et entretint avec lui une correspondance suivie. Il était neveu de Mme de Tencin, et est, selon quelques-uns, le véritable auteur du Comte de Comminges, qui parut sous le nom de cette dame.

ARGENTAN, ch.-l. d'arr. (Orne), sur l'Orne, à 44 kil. N. O. d'Alençon; 5006 hab. Fabrique de dentelles dites point d'Argentan et point d'Alençon. Trib., collége. Mézeray naquit près d'Argentan (à Ry). — Aux environs est le haras du Pin.

ARGENTARO (mont), Orbelus, haute mont. qui fait partie du Balkan, entre la Servie et l'anc. Macédoine, tire son nom du talc transparent dont elle est composée et qui a l'apparence de l'argent.

ARGENTAT, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 28 kil. S. E. de Tulle, sur la Dordogne; 2220 hab. Pont suspendu. Vins liquoreux.

ARGENTEUIL, ch. 1. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. dr. de la Seine, à 20 kil. N. E. de Versailles et à 12 kil. N. de Paris; 5465 hab. Beau pont. Station de chemin de fer. Petit vin, figues. — C'est au prieuré d'Argenteuil qu'avait été élevée Héloïse; c'est là qu'elle se retira en 1120, avant d'aller au Paraclet; on voit encore des ruines de ce couvent.

ARGENTIÈRE (l'), ch.-l. d'arr. (Ardèche), à 33 k S. O. de Privas; 2755 hab. Plomb argentifère.