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824 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES.


d'Auguste en Germanie, à Sa Maria-sopra-Quintiliolo, en face des cascatelles ; la villa de Vopiscus, décrite par Stace, près de la grande cascade ; les villas des Pisons, de Cassius, de Brutus, au sud de Tibur et sur les flancs de l'Æfflianus (Mte Affliano), au pied duquel sont les immenses débris de la villa d'Hadrien, dans le domaine du prince Braschi. Il faut encore citer les villas de Popilius, de Ruber, des Cæsonii, et le domaine des Plautii. Dans la Vie d'Horace, attribuée à Suétone, il est parlé d'un petit domaine du poëte à Tibur ; on ne sait sur quel fondement on le place à la petite chapelle S. Antonio, en face des cascatelles, dans un endroit inhospitalier où croissent difficilement l'olivier et même l'aloès. C'est à 12 milles environ de Tibur, qu'était la vraie campagne d'Horace, à Ustica, retrouvée à Rustica par M. Pietro Rosa, près des sources de la Licenza, l'ancienne Digentia, à quelque distance au N., de Rocca Giovine, où était le Fanum Vacunæ. Quant au vicus de Mandela, il était près de l'Anio, à Bardella, non loin de Varia, Vicovaro. En continuant de remonter l'Anio, on arrive à la villa de Néron, à Sublaqueum (Subiaço) ; plus près de Tibur, dans les montagnes des Èques, on reconnaît encore des ruines qui marquent sans doute l'emplacement de Sassula et d'Empulum ; la station des Aquæ Albulæ, à 4 m. de Tibur sur la route de Rome, avec les bains d' Agrippa, encore debout, près du Lago delle Isole Natanti.

Entre l'Anio et la via Appia : Antemnæ, au confluent de l'Anio et du Tibre, et avant d'arriver à l'Anio, en partant de Rome, comme le nom l'indique (Ante amnem) ; Collatia, que M. Pietro Rosa a démontré ne pouvoir être à Castelluccio dell'Osa, mais à quelque distance de là, au N. de Gabii, dont les ruines se voient encore près des lacs desséchés de Gabii et de Regillus. Toute cette topographie a été récemment éclaircie et fixée avec certitude par l'habile archéologue ; Querquetula, à l'Osteria di Corcollo ; Scaptia, à Passerano ; Pedum et Bola, positions moins certaines. Près de l'Anio, M. Pietro Rosa a retrouvé les carrières mentionnées par Strabon et Denys et qui ont fourni la pierre de travertin dont Rome a été construite. — Plus près de Rome, sont les villas des Gordiens et le Suburbanum Hadriani. — Dans le massif des Mts Albains : Tusculum, dont les ruines se voient au-dessus de Frascati ; le Tusculanum Ciceronis. que Pietro Rosa porte à Frascati même dans la villa Aldobrandini ; la villa de Lucullus dont la ville de Frascati et les villas fameuses, Torlonia et Picolomini, représenteraient l'emplacement ; — la villa de Porcius Caton à Mte Porzio ; — Labicum, à Mte Compatri ; — la villa de C. Julius César après la station Ad Quintanas ; — Corbio et Tolerium à l'O. de l'Algidus qui donnait son nom au pays, Algidum, si célèbre dans les guerres des premiers temps de la République et où passait la voie Latine qui conduisait, par ce défilé, aux pays des Èques, des Herniques et des Volsques, ce qui en faisait un point stratégique de première importance. — En Algide était le Fanum Fortunæ. — Sur le sommet de l'Albanus, le temple de Jupiter Latial, qui réunissait pour des sacrifices communs, tous les peuples de la ligue latine ; — la douteuse position de Fabia doit être cherchée sur les flancs de la montagne ; Alba Longa est reconnue sur les bords du cratère du lac Albain, entre le temple de Jupiter et le lac. Le couvent de Palazzola montre encore l'inscription consulaire déposée sur la route du cortège sacré qui, de la source Férentine (près de Marino), se rendait au temple. — Autour de la moderne Marino, se groupent les emplacements des villas de Marius, de Murena, de Sylla ; puis Roboraria et Castrimœnium doivent être cherchées dans les environs. — Sur les flancs opposés du cratère, au sud, se voient encore les ruines de la villa de Domitien (à Castel Gandolfo et aux villas Barberini et Torlonia),


construite, en partie, sur l'emplacement d'une des villas de Clodius, qui en possédait une autre sur les flancs de l'Albanus, entre Aricia et le temple de Jupiter, à 16 ou 17 m. de Rome (supposition rendue nécessaire par le texte de la milonienne). C'est la villa inférieure, celle qui était voisine du 13e m. de la voie Appienne, qui renfermait les hommes placés en embuscade, et c'est en face de cette seconde villa qu'il fut tué, près de l'autel de la Bonne-Déesse, non loin de la ville de Bovillæ, qui est au 12e m. de la voie Appienne. La ville moderne d'Albano occupe l'emplacement du camp prétorien des empereurs. On en voit encore les étages divers et la disposition générale. — La villa de Pompée était à l'entrée même de la moderne Albano ; et le monument que l'on remarque, à gauche de la porte, au 15e m., passe pour avoir reçu ses cendres (Plutarque). Aricia avait une citadelle, qui est la Riccia, et s'étendait jusque sur les bords du lac, desséché aujourd'hui, mais dont on voit très-nettement le cratère. — M. Pietro Rosa a retrouvé et restitué le fameux temple de Diana Nemorensis, sur les bords du lac du même nom, aujourd'hui lago di Nemi, en face de Genzano. Il a reconnu également le Clivus Virbii, sentier d'Hippolyte Virbius qui y conduisait et se raccordait avec la via Appia, au 16e m. L'émissaire souterrain du lac Nemorensis et celui du lac Albanus ont été déterminés avec exactitude par le même savant. — Sur les confins du pays des Eques et des Volsques, il faut citer encore Velitræ, Velletri, première ville des Volsques de ce côté, autrefois immense et dont l'étendue est encore facile à reconnaître ; dans la montagne : Cora, Cori, Norba avec ses murs cyclopéens, l'arx Carventana, Artena Volscorum, Vitellia, dans la plaine, et, sur la limite du pays des Èques : Præneste, Palestrine, avec sa citadelle, où Marius le Jeune se fit donner la mort, après la bataille de Sacriportus. La ville moderne de Palestrine occupe en partie l'emplacement de l'immense temple de la Fortune.

Entre la via Appia, la mer et le Tibre, rive gauche, s'étend aujourd'hui un désert couvert de ruines et rempli des plus illustres souvenirs ; sur la via Appia sont, au 2e m., les catacombes historiques de S. Caliste, découvertes par M. de Rossi, en 1854, avec les tombeaux des papes de l'Église primitive, la basilique S. Sébastien, le cirque de Maxence, le seul au monde qui soit assez bien conservé pour faire comprendre les courses de char. Le Nymphæum de la nymphe Lara (Ovide), fille de l'Almo, pris, à tort, pour la fontaine Égérie. Le tombeau de Cæcilia Metella, femme de Crassus, les fossæ Cluiliæ, où combattirent les Romains et les Albains ; au 5e m., le Campus sacer Horatiorum avec les tombeaux des Horace, encore subsistant, la villa des Quintilii, usurpée par Commode ; à droite de la voie, en partant de Rome, on voit, sur des éminences, des ruines de villes latines, Appiola, Mugilla, Tellene, dont les positions respectives ne sont pas faciles à déterminer ; la villa des Sulpicii, à la 3e borne de la voie Ardéatine ; la catacombe de Domitilla du 1er siècle de J.-C, explorée par M. de Rossi ; le vicus Alexandrinus, près de S. Paul-hors-les-murs ; Politorium, dont l'emplacement est douteux ; ainsi que celui de Ficana et de Canens ; à 18 ou 20 m. de Rome, Corioli, qui appartient déjà au pays Volsque et Lanuvium, Citta di Lavigna. En nous rapprochant de la mer et de l'embouchure du Tibre nous entrons sur le théâtre des sept derniers livres de l'Énéide.

Topographie de Virgile.

(Énéide, les 7 dern. livres.)

Pour comprendre la topographie de Virgile, il faut rétablir, par la pensée, le rivage, — si complètement changé aujourd'hui par suite des atterrissements considérables du Tibre, tel qu'il était, — non