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800 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES.


qui ont reconnu les lois de Toutmès III. Il est probable que le pays qui fut entièrement conquis et annexé à l’Egypte s’étendait sur les rives du Nil jusques et y compris l’île de Méroé et même au delà de Khartoum. Amada, Corte, Talmis, Pselchis, Semne, Koumm et Mahata (au pied du Gebel-Bakal), qui a été la résidence de rois éthiopiens conquérants de l’Egypte, tels que Pianchi Mériamoun, et Tharaka, sont les noms les plus connus de cette partie de l’empire égyptien. Un texte dit expressément que les princes d’Ethiopie administraient le pays au nom du roi Toutmès III.

Sous Amenhotep II, les peuples de l’Asie sont maintenus dans l’état de tributaires. On voit la Chypre figurer comme un pays soumis sur un monument de Thèbes.

Toutmès IV, vers 1550, ne paraît pas avoir perdu le fruit des conquêtes du grand Toutmès.

Amenhotep III ou Aménophis III, représenté par le fameux colosse de Memnon, à Thèbes, conserva et fortifia l’empire dans les mêmes limites. On a la longue liste des peuples qui dépendaient de ce roi et ce sont les mêmes qu’au temps de Toutmès le Grand.

Amenhotep IV (Chou-en-Aten) maintint l’empire intact ; mais, à la suite de la révolution religieuse que provoqua ce roi, une partie des pays soumis échappèrent à ses successeurs, et sous les Pharaons de la XIXe dynastie il fallut, recommencer l’œuvre de Toutmès. Ce fut l’emploi des règnes de Ramsès Ier, de Séti Ier (Sethos) et surtout de Ramsès II le Grand ou Sésostris, son fils, qui renouvela les conquêtes de Toutmès le Grand sans le surpasser, ni même l’égaler, pendant son long règne de soixante ans environ. S’il est plus connu que tout autre dans la tradition égyptienne dont Hérodote a donné le reflet altéré, c’est qu’il couvrit l’Egypte et l’Ethiopie de monuments et que ses exploits ont été chantés par les poètes. Mais il a plutôt organisé l’empire qu’il ne l’a étendu. On connaît sept gouverneurs ou préfets du Soudan (Ethiopie) sous son règne. Ses prétendues campagnes en Asie au delà du Tigre et jusqu’au Gange, aussi bien qu’en Asie Mineure, sont une fable. Aucun monument n’en parle, et cependant ils racontent avec prolixité tous les événements de son règne. On en peut faire les annales complètes. Sa plus grande victoire, célébrée à Thèbes, au Ramesseum et à Médinet-Abou, est celle qu’il a remportée sur les Chétas (Chananéens). Nous ne donnerons donc pas d’autres limites à ses États que celles de Toutmès le Grand.

Après Ramsès II cet empire se soutint encore quelque temps, surtout sous Ramsès III ; puis, avec les derniers rois de ce nom (XXe dynastie) et surtout avec les prêtres d’Ammon (XXIe dynastie), commence la décadence de l’Egypte qui est peu à peu réduite à ses anciennes limites, paraît sans cesse agitée par des luttes de prétendants et est enfin envahie par les conquérants éthiopiens.

II. Topographie de Menphis et de ses environs.

La ville de Memphis, dont les ruines sont à peine inconnaissables, sauf le colosse couché de Ramsès II, embrassait, sur la rive gauche, un espace considérable qui se trouve entre les villages modernes de Bédréchyn, Sakkarah, Abousir et la fameuse forêt de palmiers et dont le centre est le village de MitRahineh. Ce ne sont pas les ruines de Memphis

. escarpements de sanie qui appartiennent déjà au désert. La limite qui sépare les cultures des sables est formée, comme autrefois, par un canal appelé aujourd’hui le Bar-Yousouf.

Cette nécropole a plus de 10 lieues d’étendue et comprend plusieurs régions dont les différents groupes de pyramides forment comme autant de centres. À partir du N., se trouvent d’abord les


groupes des grandes pyramides de Giseh, du nom de la petite ville chef-lieu de moudyrie, qui est située en face et sur la même rive du Nil. Ce sont les tombeaux de Choufou(Chéops),le plus haut monument du monde, de Chafra (Chephrem), la seconde par ses dimensions, et de Menkerès (Mycérinus) où a été trouvé le sarcophage de ce roi. Un grand nombre de sépultures de tous les âges et d’édifices religieux dont les plus remarquables sont de la IVe dynastie, se groupent autour des pyramides. Le grand sphinx (le dieu Amarchis), avec son magnifique temple en granit rose, est du nombre. Viennent ensuite, au sud des pyramides de Giseh, celles d’Abousir avec d’autres tombeaux ; puis celles de Sakkarah dont les environs sont le noyau le plus important de la nécropole de Memphis et où se trouve le fameux Serapeum découvert par Mariette. On reconnaît dans cette vaste nécropole comme autant de quartiers différents, les cimetières des dynasties primitives et surtout de la IVe, celui des XVIIIe et XIXe, celui de la XXVIe et enfin celui des Grecs de l’époque ptolémaïque. On n’a pu encore trouver un seul monument des XIIe et XIIIe dynasties si fréquentes dans le Fayoum, aux abords du lac Méris et à Abydos. Enfin le dernier groupe est figuré par le Mastabat-el-Pharaoun et les pyramides de Dashour.

III. Ruines de Thèbes.

Thèbes était la seule ville de l’Egypte qui s’étendit sur les deux rives du fleuve, cependant très-large en cet endroit. À droite était le quartier principal qu’on peut appeler la cité par excellence. À gauche était surtout la ville des morts, quoiqu’un vaste territoire fût certainement habité de ce côté. La ville de droite, dont les imposantes ruines révèlent l’immense étendue, possède les monuments les plus célèbres de l’Egypte et est couverte, sur deux points, des débris les plus vastes qui soient au monde. Le plus important de ces deux quartiers est celui auquel le petit village de Karnak a donné son nom ; c’est là que sont ces temples, dont l’ensemble n’a guère moins d’une lieue de tour et où se trouvent les pylônes, les salles hypostyles, les obélisques, les sanctuaires de tous les âges depuis l’époque antérieure aux Pasteurs jusqu’à Philippe Arrhidée. Ces pages d’histoire, déchiffrées aujourd’hui, nous donnent surtout des annales entières des grands règnes des Toutmès et des Ramsès. À Luqsor, sont des temples du temps de la XVIIIe et de la XIXe dynastie.

Sur la rive gauche, on ne trouve guère que des monuments sacrés sur la limite du désert et semblant appartenir déjà à la nécropole. Ce sont, du N. au S. : le temple de Gournah, du temps de Séti Ier et de Ramsès II son fils ; le Ramesseum, ou grand temple de Ramsès II avec des pylônes célèbres racontant ses victoires ; le Memnonium, avec ses deux colosses qui remontent à Aménophis III ; les temples de Médinet-Abou, ou mieux Medineh-Tabou, dont l’un est du temps des Ramsès, les deux autres de l’époque ptolémaïque ; on y voit aussi les débris du palais de Ramsès II. À l’O. de ces édifices, commence la nécropole de Thèbes, d’abord resserrée vers le S. entre la ville et les montagnes libyques, puis, s’élargissant vers le N., pour former les quartiers célèbres désignés sous le nom de Deir-el-Bahari, où se trouve, parmi des myriades de sépultures, un temple du temps des premiers Toutmès et de la régente Hatasou, l’Assassif, Drah-Abou — Neggah, où dominent les tombes de la XIe et peut-être même de la VIe dynastie. Enfin, derrière les plus hauts sommets de la montagne libyque, et à l’extrémité d’un chemin tortueux et aride encaissé dans des roches inaccessibles, sont les tombes des rois. Ce quartier, connu sous le nom de Biban-el-Molouk, a déjà fait connaître les magnifiques tombes