Page:Bouglé - La Démocratie devant la science, 1904.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dantes des parents et se produisent des retours à des ancêtres éloignés : les deux choses ont pour effet commun que les métis sont physiologiquement et psychologiquement inférieurs à leurs races composantes. » Le métissage entraîne, suivant V. de Lapouge[1], non pas seulement la régression, mais finalement l’extinction de la race. Déjà on avait essayé d’établir que les métis meurent plus aisément : il faut ajouter que, leur désharmonie fondamentale impliquant des malformations cachées, ils se multiplient moins vite. L’infécondité croissante de certaines nations modernes s’expliquerait donc en partie parce qu’elles sont « métisses, cent fois métisses ». Comme la capacité de résister à la mort, le métissage diminue la capacité de propager la vie.

Ses effets mentaux ne sont pas moins désastreux, d’ailleurs, que ses effets physiques. « Tous les voyageurs ont remarqué, dit Darwin, la dégradation et les dispositions sauvages des races humaines croisées. » « On ne peut comprendre, dit Livingstone[2] en parlant du Zambèse, pourquoi les métis sont plus cruels que les Portugais, mais le fait est incontestable. » Un habitant disait au même voyageur : « Dieu a fait l’homme blanc et Dieu a fait l’homme noir ; mais c’est le diable qui a fait le métis. » L’intelligence des métis ne paraît pas supérieure à leur caractère. On ne les voit pas briller par l’art ou la science, s’acquitter avec éclat des grandes fonctions civilisatrices. Ils portent en tout le goût du médiocre — et peut-être, si des idées aussi grossières que les idées égalitaires empoisonnent lentement la civilisation occidentale, faut-il l’attribuer au métissage croissant de ses races. Ce sont bien des idées de « raisonneurs métis ».

Que penser cependant de ce réquisitoire ?

  1. Sélect. soc., p. 168. M. Manouvrier rassemble dans ses articles sur l’Indice céphalique, p. 293, les aphorismes de l’anthroposociologie contre le métissage.
  2. Cités par Ribot, L’Hérédité, p. 415 sqq.