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CHAPITRE III

LIBRE CONCURRENCE ET SOLIDARISME

Il est peut-être plus facile, après les réflexions qui précèdent, de comprendre les questions qui divisent actuellement les esprits. Au moment de l’évolution où nous en sommes, ce sont les efforts de la démocratie pour intervenir, au nom de l’égalité, dans l’organisation économique, qui paraissent le plus inquiétants à ceux qui parlent au nom de la science.

C’est dans ces efforts que la démocratie laisse voir à plein, pensent-ils, sa tendance antiphysique : ne cherche-t-elle pas à enrayer systématiquement cette libre concurrence préconisée par l’économie classique, et dont l’étude de la nature vient démontrer invinciblement la nécessité ?

Tels sont les deux points où il nous faut maintenant concentrer notre recherche : dans quelle mesure et en quel sens est-il vrai que l’effort de la démocratie contrarie la concurrence ? dans quelle mesure et en quel sens la concurrence vantée par les économistes correspond-elle à la loi naturelle de la lutte pour la vie ?

I

Ce que nous venons de dire des conditions humaines de la lutte et des règles plus ou moins complexes qui, dans toute société, en canalisent en quelque sorte l’énergie, nous permet