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tion limite imprudemment les éliminations ; d’autres qu’elle mitige insuffisamment les combats. Dans l’intérêt du progrès général, les uns réclament des mesures propres à mieux préserver les élites ; les autres, des mesures propres à mieux protéger les masses. Mais les uns et les autres devront convenir que la nature n’offre aucun modèle à leur idéal, et qu’il serait vain pour le réaliser, de prétendre « laisser faire » les lois de la nature. Sitôt constituées, les sociétés usent en effet « d’artifices » et interviennent fatalement dans le jeu des lois naturelles. En s’efforçant de substituer aux interventions spontanées des interventions rationnelles, plus conformes à ces raisons de vivre dont l’humanité prend peu à peu une conscience plus nette, elles ne font que poursuivre leur évolution propre. Quel que doive être le succès de cet effort, il faut du moins qu’on cesse de le déclarer suspect, du haut d’un darwinisme social qui ne s’est élevé que par d’abusives transpositions d’idées, sur une pyramide d’équivoques.