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des organes, et qu’ils ne sauraient sans dommage être spécialisés absolument. Un des naturalistes qui a le mieux montré que la différenciation, pour les éléments luttant à l’intérieur de l’organisme, est une nécessité vitale, M. W. Roux, fait pourtant remarquer qu’une glande remplirait mal ses fonctions si elle ne contenait que des éléments sécréteurs ; elle a besoin de vaisseaux pour lui amener du sang, de tissu conjonctif pour séparer les lobes et servir de soutien aux épithéliums, de nerfs pour régler son fonctionnement[1].

Ainsi la différenciation laisse subsister, entre les parties qu’elle distingue, des similitudes nombreuses : ajoutons qu’elle réclame, entre ces mêmes parties, l’installation de rapports étroits. Tout le bénéfice qu’elle peut procurer à l’organisme est à ce prix. « La division du travail, remarque M. Giglio-Tos[2], ne servirait à rien sans la symbiose. La différenciation et le perfectionnement d’une partie ne sont utiles à l’organisme qu’en tant qu’elles peuvent aider les autres parties à l’accomplissement de leurs fonctions. » Pour que l’ensemble tire profit des fonctions divisées, il importe, observe de son côté M. Verworn[3], que ces diverses fonctions se pénètrent réciproquement, que tel élément entre en mouvement ou en repos au moment opportun, qu’il règne la plus délicate harmonie entre les divers organes, tissus et cellules. En un mot, plus les activités sont variées et plus il est nécessaire pour le bien du tout qu’elles soient coordonnées.

Or remarquons que si la différenciation, pour que ses effets d’ensemble soient heureux, nous paraît réclamer cette coordination, elle ne l’implique pas, elle ne la produit pas

  1. D’après Y. Delage, Structure du protopl., p. 727.
  2. Les Problèmes, 1re partie, p. 104.
  3. Op. cit., p. 649.