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DEUX DE TROUVÉES

— Quel malheur ! n’importe. Vous pensez que nous arriverons demain. Aurons-nous besoin de prendre un remorqueur ?

Le vent est tout juste comme il faut, nous irons aussi vite qu’avec un remorqueur, outre qu’en ce moment il n’y en a pas à la balise.

— C’est bien, monsieur le pilote, vous commandez à bord maintenant. Quel est votre nom ?

— Édouard Phaneuf.

Et le capitaine descendit à la cabine pour préparer le manifeste du bâtiment, et un état de la cargaison et des consignations.

Le pilote se promenait de long en large sur le pont répondant d’un ton sec et brusque aux questions qu’on lui adressait.

— Décidément c’est un ours, disait le comte d’Alcantara à Sir Gosford. Il n’y a pas moyen d’en tirer une réponse satisfaisante.

— Il y en a beaucoup comme lui, quoique cependant on en trouve de plus polis, répondit Sir Gosford ; tout occupés de leur métier, ils ne connaissent que cela. Encore bien heureux quand ils remplissent leur devoir avec habileté et qu’ils ne nous échouent pas quelque part sur ces bancs de sable, qui sont si mauvais à l’entrée du Mississipi.

— J’ai envie de lui parler d’autres choses, peut-être aimera-t-il que nous lui donnions des nouvelles, s’il n’aime pas à nous-en donner ? Si nous lui parlions des pirates ?

— Faites comme vous voudrez, répondit Sir Gosford.

— Savez-vous, monsieur le pilote, lui dit le comte, que nous avons été attaqués par des pirates, il y a trois ou quatre jours ?