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XXX

OHQUOUÉOUÊE ARRIVE À SARASTAU

Ohquouéouée avait dit à Roger, quand elle lui avait raconté son histoire, au bord de la rivière du Loup, que son pays était à deux fois autant de journées de marche du Saint-Laurent que ses deux mains comptaient de doigts ; c’est-à-dire vingt jours. La pauvre enfant en avait mis trente-deux à parcourir cette distance.

Elle était bien lasse !

Quand elle arriva à la rivière Hudson, vers le milieu de l’après-midi, elle était dans un tel état d’épuisement qu’elle n’osa entreprendre de traverser la rivière ce jour-là. Elle se reposa quelque temps, se trouva de la nourriture, fit un bon repas, puis elle s’arrangea une place pour dormir.

Le matin venu, un peu reposée et réconfortée, elle se déshabilla, fit un paquet de ses vêtements qu’elle s’attacha sur la nuque, puis elle se lança dans le courant. Elle nagea jusqu’à la petite île au milieu de la rivière, y atterrit et se reposa encore environ une heure, puis elle se remit à l’eau.

Quand elle sortit définitivement de l’onde, sur la rive ouest de l’Hudson, Ohquouéouée pouvait à peine se tenir debout, tant elle était à bout de forces. Cependant elle se rhabilla et continua sa route, en se traînant presque, toute la journée.

Le lendemain matin, quand elle voulut se remettre en marche, il lui fallut faire un grand effort de volonté pour forcer ses membres raidis à lui obéir. Et malgré tout son courage, elle n’avança, pour commencer, que