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À travers plaine et forêt et montagne,
Ta rude voix chante au Sud, pleure à l’Est :
Moi, je ne fais que chanter ma Bretagne
Aux fiers enfants des vieux pays d’Ouest ;
Tout doucement je lie une humble gerbe
De fleurs d’Arvor, de Vendée et d’Anjou…
Tu vas soufflant dans ton clairon superbe :
Je ne suis, moi, qu’un sonneur de biniou !

 
Je vas chantant l’humble pêcheur d’Islande,
La Paimpolaise et son beau petit gâs,
Les chemins creux, l’océan, la grand’lande…
Je vas chantant, surtout, nos vieux combats !
Car si nos gâs, aux jours des épousailles,
Choquent gaîment leurs gros souliers à clous,
Le jour venu des sanglantes batailles,
Tous sont debout… derrière les binious !

Pour celui-là qui fera ma Patrie
Grande au dedans, respectée au dehors,
Je suis, vois-tu, prêt à risquer ma vie,
Prêt à lui faire un rempart de mon corps !
Quel est celui qui, soudain, va paraître ?
Quel est celui qui vaincra, tout à coup ?
Heureux de voir la Liberté renaître
Je sonnerai, plus fort, dans mon biniou !

Entends ces cris : c’est le Peuple qui vibre !
Hé ! que nous font, à nous, les « va-d’l’avant »,
Prison, Trépas… si la Patrie est libre,
Si le Pays est prospère et vivant !