Page:Botrel - Coups de clairon, 1903.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il a la Haine vivace :
Sur la Lorraine et l’Alsace
Il pleure encore aujourd’hui !
Sur leur Douleur il se penche :
On dirait que la Revanche
S’est comme incarnée en lui !

C’est le grand Clairon de France :
Dans la Joie et la Souffrance
Elle est toutes ses Amours !
C’est sa Mère et son Amante :
Près d’Elle, dans la Tourmente,
Il sonne, il sonne toujours !

Semblant défier l’Orage
Il sonne, il sonne avec rage,
Tourné vers l’Est et le Nord ;
Guettant si l’Ennemi bouge,
Debout sur l’Horizon rouge,
Il sonne, il sonne plus fort !

On le traque, on l’emprisonne,
On l’exile… mais il sonne,
Toujours fier, toujours debout !
Par-dessus les Pyrénées
On entend ses Claironnées :
II sonnera jusqu’au bout !

Jusqu’au bout, d’un souffle large,
II nous sonnera la charge…
Et les Français l’entendront !
Et, seule, la Mort farouche
Fera tomber de sa bouche
Son Clairon… son grand Clairon !