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À présent, comptez-vous, les hommes :
Dix ! vingt !! trente !!! pourquoi pas plus ?
Quatre suffiront, car nous sommes
Des gâs d’attaque et des poilus !

Allons, ne pleure pas, du mousse !
Grandis et nous t’emmènerons !
Nous sommes parés ? Va bien ! Pousse !
Et souquez dur aux avirons !

Le brick est loin, faut qu’on l’atteigne !
Hardi ! souquez dur, les enfants !
Tant pis tant mieux si la main saigne :
Plus besoin de cracher dedans !

Fameux temps pour rincer les voiles !
Fameux temps pour laver les ponts !
L’embrun nous perce jusqu’aux moelles,
On tremble ainsi que des capons…

Mais ça n’est qu’à fleur de carcasse :
Les cœurs sont chauds sous les cirés !…
Bon ! voici leur grand mât qui casse !
J’arrivons, les gâs ! Espérez !

Ils ont talonné de l’arrière…
Que bruit : on dirait du canon !
Vite, lançons-leur une aussière :
Leur bateau coule, nom d’un nom

Raté !… Laissons virer la barque,
Nous aurons le vent sur tribord…
Victoire ! Ohé ! du gâs, embarque !
Le mousse et les femmes d’abord !