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La Celte rude et belle avait un œil farouche
Où l’on voyait passer un éclair aveuglant,
Et ses longs cheveux roux flamboyaient, et sa bouche
Tremblait de colère en parlant !

Elle disait : « Pourquoi ne point me laisser seule ?
Pourquoi venir troubler le Rêve décevant
De celle-là qui fut de Saint-Malo l’Aïeule,
Et la Mère de Saint-Servan ?

D’où vient-on ? De la Mer ou bien de la Campagne ?
Et qui vient ? Est-ce encor César et les Romains ?
Est-ce Roland guidant la Marche de Bretagne,
Ou bien les Northmans inhumains ?

Sont-ce les Ducs Bretons ou les Princes de France
Qui repoussent l’Anglais, traître comme un félin ?
Et vais-je voir planer, à nouveau, sur la Rance
L’Aigle de Bertrand Duguesclin ?

Bien ! s’il en est ainsi, debout ! Que l’on me donne
Un des Glaives fameux des Aïeux triomphants,
Et l’on verra comment une vieille Bretonne
Bataille et meurt pour ses enfants ! »

Et j’ai dit à l’Aïeule, en secouant la tête :
« Calme-toi ! Calme-toi ! C’est un hymne joyeux
Que l’ancestral écho du Clos-Poulet[1] répète
Avant de l’envoyer aux Cieux !

  1. Poul-Aleth égale : Pays d’Aleth.