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Les Bretons ont ouvert leurs bourses toutes grandes
— Rustique bas de laine ou bourse de satin —
Et les plus riches dons et les humbles offrandes
Sont tombés à leurs pieds avec un gai tintin ;

En quelques mois l’on vit s’arrondir le pécule ;
Billets bleus, pièces d’or et d’argent, petits sous,
Tombaient, tombaient toujours en narguant l’incrédule…
Et rendant Duguesclin, lui-même, un peu jaloux !

De chacun des écus que la Charité donne
Vont naître des portails et surgir des piliers ;
Dinan, c’est un joyau de plus qu’à ta couronne
Vont sertir, dès demain, tes vaillants Cordeliers ;

Les prêtres ont déjà récité leurs prières
Aux lieux d’où monteront les arceaux triomphants,
Où le Dieu qu’adoraient les pères de nos Pères
Bénira les enfants de nos petits-enfants !

Car la Foi n’est pas morte au pays d’où nous sommes
Pays de Saint Malo, Saint Samson, d’Avaugour !
Elle est, et pour jamais, ancrée au cœur des hommes
Du pays des Pardons et des Clochers à jour !

Que peuvent quelques fous, quelques pâles sectaires
Contre un Peuple qui dit si vaillamment : « Je crois » ?
Pour un Temple qu’on ferme ouvrons dix sanctuaires !
Pour une Croix brisée, édifions vingt Croix !

Que les Clochers nouveaux chantent, à perdre haleine,
Leurs multiples chansons d’allégresse et d’amour
Pour étouffer les cris de révolte et de haine
Qui montent des Cités, plus nombreux chaque jour ;