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D’vant un prètr’ votre œil s’allume :
Vous le regardez d’‹travers,
Vous qui voulez, d’un trait d’plume,
Rayer Dieu de l’Univers ;
Bon ! tout s’est fait seul : les Plaines,
Les Mers, les Soleils de feu…
Mais qui m’consol’ra d’mes peines
Quand il n’yaura pus d’bon Dieu ?
Dit’s, qui m’consol’ra d’mes peines
Quand il n’yaura pus d’bon Dieu ?

Vous criez, d’un air terrible,
La voix pleine de rancœurs,
Qu’ la Guerre est une chose horrible
Dont saign’nt même les Vainqueurs !…
J’ dis comm’ vous, moi, sans ment’rie,
Surtout d’puis qu’ j’ai des p’tits gâs…
Mais qui gard’ra la Patrie
Quand il n’yaura pus d’soldats ?
Dit’s, qui gard’ra la Patrie
Quand il n’yaura pus de soldats ?

Allons, merci d’ vos Lumières !
Sans rancune aucune, adieu !
J’ gard’ vos Journaux incendiaires…
Pour en allumer mon feu ;
J’y ferai cuir’ mes pois-chiches
En r’disant à mes p’tits fieux :
Sur Terre faut qu’y ait des Riches
Et qu’y ait des malheureux,
Car si yavait pus qu’ des Riches…
Yaurait pus qu’des malheureux !