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Vous m’traitez d’être servile,
Courbé sous l’joug des seigneurs ;
Vous m’dit’s de v’nir à la Ville
Oùsque les gains sont meilleurs…
Dam’ ! ma foi, je n’puis vous l’taire,
Ça m’irait d’ètr’ pus heureux…
Mais qui donc soign’ra la Terre
Quand y-aura pus d’laboureux ?
Dit’s, qui donc soign’ra la Terre
Quand y-aura pus d’laboureux ?

Pour noyer quelque déboire
Souvent — dit’s la vérité —
Vous ne dédaignez pas d’boire
Un’ bouteille… à not’ santé !
Mais boir’ du vin c’est indigne :
C’est boir’ la sueur de nos fronts…
Puis, qui donc taill’ra la Vigne
Quand il n’y-aura pus d’Vign’rons ?
Dit’s, qui donc taill’ra la Vigne
Quand il n’y-aura pus d’Vign’rons ?

Qui donc moudra vot’ farine
Quand il n’y-aura pus d’meuniers.
Comment f’ra-t-on vot’ cuisine
Quand n’y-aura pus d’charbonniers ?
Pour vous loger, vous, les vôtres,
Qui donc qui f’ra des maisons ?
Franch’ment, ça s’ra-t-il vous autres,
Vous qu’èt’s tous des francs… maçons ?
Vous m’fait’s rigoler, vous autres,
Qui n’ét’s pas pus francs qu’maçons !