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QUO VADIS ?


Quo vadis ? Quo vadis ? Où vas-tu, pauvre France ?
Sais-tu, sais-tu toi-même où te mènent tes pas ?
Nos yeux, écarquillés jusques à la souffrance,
Cherchent quel est ton but… et ne le trouvent pas !
Un grand vent de Folie a passé sur le Monde
Et sur son noble cœur, soudain, s’est abattu,
Et te voilà tournant dans l’infernale ronde :
Quo vadis ? Pauvre France, où vas-tu ?

Quo vadis ? Quo vadis ? Où vas-tu, pauvre Aveugle ?
Tu n’en sais rien, te dis-je, et tu vas devant toi…
Et l’aurochs Anarchie est là, tout près, qui beugle,
Couvrant de sa clameur nos cris d’horrible effroi ;
L’aurochs est là, dans l’ombre ; et sa rage sans bornes
Se lit dans son œil torve et sur son front têtu :
Ne sens-tu pas, déjà, les pointes de ses cornes ?…
Quo vadis ? Pauvre Aveugle, où vas-tu ?

Quo vadis ? Quo vadis ? Où vas-tu, la Chrétienne ?
Vas-tu laisser l’Apôtre errer à l’abandon ?
La Loi du doux Chrestos n’est-elle plus la tienne,
Sa Loi toute d’Amour, de Paix et de Pardon ?
Vas-tu, pour assouvir quelques nouvelles haines,
Traquer, martyriser les hommes de vertu ?
Sais-tu vers quel Néron sinistre tu nous mènes ?
Quo vadis ? Ô Chrétienne, où vas-tu ?