Page:Botrel - Coups de clairon, 1903.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ma Chanson pour seule compagne,
J’ai cueilli ces fleurs de Bretagne
Pour en fleurir l’Enfant d’Arvor :

D’abord le Bleuet, ce brin d’herbe
Que fleurit un regard d’enfant ;
Puis la Marguerite superbe ;
Puis encor, pour finir ma gerbe,
Le Coquelicot triomphant !

Et, lorsqu’au-dessus de ma tête
J’ai brandi mon bouquet chéri,
Au milieu des blés, l’alouette
Chanta son plus beau chant de fête
Pour fêter le Drapeau fleuri !

C’est alors qu’une Voix lointaine,
— Venait-elle du Panthéon ? —
Une voix, perceptible à peine
Mêlée aux brises de la Plaine,
M’a dit : « Mets aussi de l’ajonc ! »

Et, docile à cette prière,
J’ai dû — m’ensanglantant les mains —
Cueillir, non la douce bruyère,
Mais, au sommet des murs de pierre,
L’ajonc qui borde nos chemins !

Des ajoncs ! des ajoncs encore :
La Tour d’Auvergne en veut sa part !
Que la sauvage et rude flore
Autour du Bouquet tricolore
Fasse un imprenable rempart !