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Et voici qu’aujourd’hui s’en sont venus en foule
Ceux qui gardent encor le respect des Aïeux ;
Écoute bien, Carhaix : avec un bruit de houle
Leur flot monte vers toi, monte encore… et s’écroule
Aux pieds du Grenadier stoïque et glorieux !

Les guerriers, en chantant, sont venus à tes Fêtes,
Répondant à l’appel du triomphal Clairon :
Les vieux aux fronts blanchis, les « bleus » aux blondes têtes,
Ceux qui saignent encor des dernières Défaites
Près de ceux qui demain — qui sait ? — les vengeront !

Voici les Héritiers de la noble phalange
Du « quarante et sixième », où le grand Cœur meurtri,
Frappant les ennemis d’une terreur étrange,
Flamboyait au combat comme un glaive d’Archange :
Leur devise est : « Potius mori, quam fœdari ! »
Regarde bien, Carhaix : du sol jusqu’à leurs faîtes

Tes rustiques maisons se remplissent d’amis :
Français, Bretons, bergers couverts de peaux de bêtes,
Citadins et fermiers, matelots et poète…
Dont moi, le plus petit des Bardes du Pays !…

Pour te fêter, ô rude Ancêtre !
J’ai voulu t’offrir un bouquet
Digne de toi : bouquet champêtre,
Un peu trop rustique, peut-être,
Mais bien Breton, sinon coquet ;

Je suis parti par la campagne
Et, le long des blés verts encor,