Page:Botrel - Coups de clairon, 1903.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De joie ineffable et d’orgueil farouche
Car le pavillon rouge, blanc et bleu
Abrite aujourd’hui la dernière couche
D’un qui sut mourir ayant à la bouche
Deux noms : France et Dieu !

On nous avait dit : « Tout se meurt : la Gloire
L’Idéal, la Foi, l’antique Fierté !… »
Soudain, tu surgis au seuil de l’Histoire
Trois palmes en main : Martyre, Victoire,
Immortalité !

Et, dès lors, narguant la Désespérance.
Au lieu d’entonner un noir Libera,
Nous nous écrions avec assurance :
« Tant que des Henry surgiront en France
La France vivra ! »

Son corps est là-bas… mais son Âme plane
Sur ce coin d’Armor qu’elle a tant chéri :
Elle est sur nos fronts, blanche et diaphane,
Avec ses amis sainte Eliboubane
Et saint Gonéry ; [1]

Elle rôdera, par landes et grèves,
Légère et ravie et grave à la fois :
Par les nuits d’été, par les nuits trop brèves,
Elle revivra tous les jolis rêves
Rêvés autrefois ;

  1. Patrons de Plougrescant