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Puis, c’est des Huns velus la hideuse cohorte,
Et, plus hideux encor, Lantbert ouvrant la Porte
Aux farouches Normands qui pillent la Cité ;
Mais, voici les vengeurs : c’est Alain-Barbe-Torte
Après le grand Nominoë !

Et c’est Pierre de Dreux, vainqueur de Jean-sans-Terre…
Puis, hélas ! rougissant d’un même sang la terre,
Jean de Montfort luttant contre Charles de Blois ;
Et voici que surgit, tout-à-coup, l’Angleterre,
Jalouse et traîtresse à la fois ;

Puis, dans un gai refrain qui monte plus à l’aise,
La Duchesse Anne accourt, qui fit Nantes Française
En recevant, deux fois, le nuptial anneau ;
Puis la Ligue et Mercœur, et puis Quatre-vingt-treize
Et Charette et Cathelineau !

Oui, vous dis-je, les pleurs, les rires, les alarmes,
Les refrains triomphants, les cris d’appel aux armes,
Ce que Nante entendit, la Loire le redit…
Si bien qu’en l’écoutant, mes yeux emplis de larmes
Ont des Visions dans la nuit !…

. . . . . . . . . . . . . . . .


Et c’est ainsi qu’un soir, en voyant par la Ville
Le Fleuve charrier des glaçons à la file
Sous la neige épandant une glauque clarté,
Je songeais aux martyrs qui, par mille et par mille,
Autrefois l’ont ensanglanté…

Et, comme j’arrivais aux confins de l’Histoire,
Chacun des lourds glaçons qu’entraînait l’onde noire