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Mais lorsque vient de la famille
Une lettre… il est moins joyeux :
Ah ! Voici qu’une larme brille ;
Va-t-elle lui tomber des yeux ?
Non, non ! Sa peine est éphémère,
La chose n’a rien d’attristant :
Aussitôt qu’il pense à sa mère
Le soldat pleure… en chantant,
Tra la la la, la la la la !
En chantant !

Mais le jeune « bleu » de naguère
Est un vieux grognard aujourd’hui…
Quand voici qu’éclate la Guerre,
Que le Pays est envahi ;
Sans même casser une croûte
Il faut partir, tambour battant :
Afin de raccourcir la route
Le soldat marche… en chantant,
Tra la la la, la la la la !
En chantant !

C’est le combat : le canon tonne…
Le grognard dit : « Mes petits-fieux,
Cette « romance » est monotone :
La Marseillaise vaut bien mieux !…
« Allons, enfants de la Patrie…
… » À ces mots, un obus l’étend :
Ainsi qu’il a vécu sa vie
Le soldat meurt… en chantant…
Pour la Patrie il meurt content,
En chantant !