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Après avoir, par la grand’plaine,
Chassé les femmes, les petits,
Ils ont, pour assouvir leur haine,
Tout brûlé… puis ils sont partis ! »

Si bien qu’en ce beau jour de fête
Le Boër qui vient de guerroyer
N’a plus, pour reposer sa tête,
Que la pierre de son foyer !

Mais, subitement, le jour tombe ;
Il n’entend, dans le soir obscur,
Qu’un roucoulement de colombe
Qui sort d’un des trous du vieux mur.

Ses pieds lui font mal : le pauvre être
Met ses souliers auprès de lui
Et, priant Celui qui va naitre,
Il s’endort en l’horrible nuit ;

Il dort… la colombe s’élance
Et le laisse, en la nuit, plus seul ;
Il dort… et l’Ombre et le Silence
Lui tissent un double linceul.

Il dort, le pauvre ! Il dort sans trêve
Par ce soir de Nativité.
Il dort en faisant un beau rêve
De Travail et de Liberté !