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LES BRISEURS DE CALVAIRES






Lorsque, surpris par la nuit sombre,
Vous traversez nos carrefours,
Vous entendez souvent, dans l’ombre,
De longs soupirs et des bruits sourds,

Des soupirs venant d’Outre-tombe,
Pleins d’un désespoir infini,
Et le bruit du granit qui tombe
Et retombe sur du granit…

Alors, tremblant de tout votre être,
Vous vous sauvez en vous signant,
Vous demandant quels peuvent être
Ces ouvriers au cœur saignant :

Ce sont des soldats de naguère
Qui voulaient — sacrilèges fous ! —
Dans le temps de la Grande Guerre
Chasser le bon Dieu de chez nous ;

Venus de Paris ou de Nantes,
Hurlant comme des loups-cerviers,
Brandissant des torches fumantes,
Armés de pics et de leviers,