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Oraiſon Funbre

& que l’Empire de la terre ſerve l’Empire du Ciel.[1] C’eſt la Vérité elle-meſme qui luy a dicté ces belles paroles. Car qu’y a-t-il de plus convenable à la puiſſance, que de ſecourir la vertu ? à quoy la force doit-elle ſervir, qu’à défendre la raiſon ? & pourquoy commandent les hommes, ſi ce n’eſt pour faire que Dieu ſoit obéï ? Mais ſur tout, il faut remarquer l’obligation ſi glorieuſe que ce grand Pape impoſe aux Princes, d’élargir les voyes du Ciel. Jesus-Christ a dit dans ſon Evangile, Combien eſt étroit le chemin qui meine à la vie ! & voicy ce qui le rend ſi étroit. C’eſt que le Juſte, ſevére à luy-meſme, & perſécuteur irréconciliable de ſes propres paſſions, ſe trouve en-

  1. Ad hoc enim poteſtas dominorum meorum pietati cælitus dua eſt ſuper omnes homines, ut qui bona appetunt, adjuventur ; ut cælorum via largiùs pateat, ut terreſtre regnum cæleſti regno famuletur.
    Greg. lib. 2. Ep. 62. Maur. Aug.