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ment, pour nous faire attendre en repos l’entière réparation de notre ancien édifice.


XIII

SERMON SUR L’ARDEUR DE LA PÉNITENCE


Carême au Louvre. Mercredi de la Passion, 29 mars 1662.


C’est bien malgré moi que je laisse au plus humain, au plus tendre, au plus évangélique peut-être des sermons de Bossuet le titre un peu effrayant que tout le monde lui donne. Mieux vaudrait sans doute : Sermon sur la conversion de la Madeleine, mais le titre importe peu. Nous avons encore le manuscrit de ce sermon.


Et ecce mulier, quæ erat in civitate peccatrix, ut cognovit quod accubuisset in domo Pharisæi, attulit alabastrum unguenti.
Et voici qu’une femme connue par ses désordres dans la ville, aussitôt qu’elle eut [appris] que Jésus était en la maison du Pharisien, elle lui apporta ses parfums, et se jeta à ses pieds.
(Luc, VII, 37.)


Jésus-Christ veut être pressé ; ceux qui vont à lui lentement n’y peuvent jamais atteindre ; il aime les âmes généreuses qui lui arrachent sa grâce par une espèce de violence, comme cette fidèle Chananée ; ou qui la gagnent promptement par la force d’un amour extrême, comme Madeleine pénitente. Voyez-vous, messieurs, cette femme qui va chercher Jésus-Christ jusqu’à la table du Pharisien ? c’est quelle trouve que c’est trop tarder, que de différer un moment de courir à lui : il est dans une maison étrangère ; mais partout où se rencontre le Sauveur des âmes,