jeunes filles furent transportées au haut de la falaise, et lancées, dans un tonneau garni de clous, à travers les rochers et les précipices.
À partir de ce jour funeste, les pêcheurs d’Étretat crurent revoir souvent les trois sœurs se promener, sur la plate-forme, voilées de la blanche robe des fantômes, et chantant une hymne pieuse, comme au moment de leur martyre. Lorsque, le soir, Fréfossé quittait son château pour se rendre à quelque tournoi, à quelque fête, ou seulement à une partie de chasse, elles, aussi, quittaient leur chambre de pierre, et accompagnaient tous les pas du meurtrier. Ces apparitions réitérées produisirent, dans l’ame de celui-ci, une terreur si douloureuse, un remords si persévérant, qu’ils triomphèrent de toute sa criminelle énergie, abattirent son courage et ses forces, et, par suite, amenèrent bientôt sa mort. Alors, la vengeance céleste se trouvant accomplie, les blancs fantômes des trois sœurs ne se montrèrent plus au sommet de la falaise, et leurs chants plaintifs cessèrent de troubler la veille laborieuse des pêcheurs d’Étretat.
Sur la côte de Fatouville, près du Havre, on aperçoit un
énorme pommier qui se distingue de tous les arbres de son
espèce par sa forme singulière. Une de ses branches principales
semble s’étendre, comme un long bras, pour indiquer un
point éloigné ; les autres sont très recourbées vers le tronc, et
l’on a remarqué que leur feuillage a l’aspect d’un chapeau de
matelot, aux larges bords, et posé sur une vaste tête. Cet arbre
est connu sous le nom de Bonhomme de Fatouville, et l’on
débite, sur son origine extraordinaire, une tradition très
touchante.
Il y a environ un siècle, la Seine, assure-t-on, vint à changer, tout-à-coup, son lit, et, pendant plusieurs années, le courant se porta vers la rive gauche, au lieu de se trouver, comme il est aujourd’hui, vers la rive droite. Grand