longs rameaux qu’ils ombrageaient, à la fois, la Normandie et l’Angleterre. Ce duc s’émerveilla de ce songe, comprenant qu’il renfermait une prédiction glorieuse pour l’enfant qui naîtrait de son union avec Harlette.
On dit encore que, étant enceinte de Guillaume, Harlette rêva, une autre fois, que ses entrailles étaient étendues sur toute la Normandie et l’Angleterre.
Tous ceux qui approchaient du jeune Guillaume, dans son enfance, tiraient, de ses heureuses dispositions, un présage naturel de sa grandeur future. Mais on raconte que Guillaume Talvas crut lire plus particulièrement, sur les traits de son visage, que cet enfant était destiné à prédominer sur lui, en abaissant l’orgueil et la puissance de sa maison : « Maudit sois-tu, s’écria le comte de Bellême, au moment où se manifestait à son esprit ce fâcheux pronostic, maudit sois-tu de Dieu, enfant, puisque, par toi et ta race, ma grandeur sera humiliée, et la gloire de mes prédécesseurs obscurcie ! »[1]
L’année 1066 fut marquée par l’apparition d’une comète
qui fut visible au ciel durant quinze jours. Comme les rayons
de sa chevelure enflammée avaient été constamment tournés
du côté du nord-ouest, c’est-à-dire vers l’Angleterre, les plus
savants astrologues du temps prédirent qu’une révolution
menaçait ce pays. On ajoutait aussi que, la comète portant une
double queue, ce signe marquait la réunion de deux puissants
états sous une même domination.
Après que Guillaume eut décidé la guerre contre les Anglais, l’armée normande se rassembla dans le port de Saint-Valery-sur-Somme, en attendant qu’un vent favorable lui permit de tenter la traversée. Mais ce vent propice se faisait longuement désirer. Aussi, la plupart des seigneurs, qui composaient l’armée de Guillaume, commencèrent-ils à murmurer contre
- ↑ Gabriel Dumoulin, Histoire de Normandie, liv. vi.