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CHAPITRE XXI.

question, aux Actes de saint Romain, s’il est vrai qu’il y ait eu mélange et confusion des mêmes éléments, dans ces deux récits rivaux. Nous lisons, dans les Actes de saint Mellon : Extra urbem… vidit templum Roth in quo erat arca Dianæ et Veneris, et, dans une Vie de saint Romain, souvent citée : Juxta urbem ab aquilone fanum Veneris. Ainsi, en admettant que les deux indications s’appliquent au même monument, ce serait près de la ville, vers le nord, que le temple de Roth aurait été situé. L’auteur de la dissertation que nous consultons ajoute : que ce devait être proche de la fontaine Galaor ou Galor ; et, comme conjecture finale, que Galor, formé des deux syllabes Gall, Gaule, et or, porte, pourrait bien signifier, en langue celtique, porte de la Gaule ou porte gauloise.

Quoique toutes ces suppositions ne manquent pas d’une certaine vraisemblance, et qu’elles paraissent même se compléter logiquement les unes les autres, suivant notre opinion personnelle, elles ne méritent cependant qu’une confiance encore douteuse, les renseignements d’où elles découlent n’émanant que de deux documents falsifiés par leurs emprunts réciproques. Ce serait donc une rare chance que l’on fût parvenu à extraire, de cet alliage fabuleux, un filon pur de vérité. Ainsi, le nom de l’idole Roth serait, peut-être, la seule parcelle brillante dont nous ne suspecterions pas la valeur, le seul détail précieux auquel nous trouverions plausible de restituer un caractère historique.

Maintenant, tout en admettant, ainsi qu’il a été dit plus haut, que l’idole de Roth était une divinité locale, la personnification de la ville elle-même, nos lecteurs ne nous tiendront pas quitte sur la signification du mot Rothomagus, qui ne se trouve pas expliqué. Mais nous avons de quoi les satisfaire outre mesure, en leur offrant une variété d’étymologies d’une nature assez extravagante pour lasser l’esprit le plus enclin à ces ingénieuses recherches.

Quelques auteurs ont découvert, dans Rothomagus, le