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CHAPITRE XV.

mémorial. Enfin, dans certains cantons, on croit que le septième garçon ou la septième fille, et leurs descendants jusqu’au quatrième degré, reçoivent, par droit de naissance, le don de toucher le carreau.

Les renseignements que nous avions à offrir au lecteur, sur le fond du sujet qui nous occupe, sont épuisés ; mais nous devons y ajouter, comme accessoire indispensable, la définition de quelques pratiques superstitieuses qui, pour n’être pas employées en vue de se procurer l’entremise du diable, n’en doivent pas moins être considérées comme une espèce de sortilèges religieux, à cause de l’efficacité surnaturelle et infaillible qu’on leur suppose.

Sur le littoral de la Seine, dans les environs de Jumiéges, si un individu se noie, et que l’on ne puisse retrouver son cadavre, on supplée à l’inutilité de la recherche par le procédé suivant : on fait bénir un cierge, que l’on fixe sur une planche ou sur un morceau de liège ; après cette préparation, on allume le cierge, on le lance au gré du courant, et il doit immanquablement s’arrêter à l’endroit où le corps a disparu sous les flots[1].

Il est d’usage, parmi le peuple, lorsqu’un malade est en proie aux luttes affreuses de l’agonie, que, pour abréger ses souffrances, quelqu’un de ses parents ou de ses amis aille offrir un cierge dans une église, en l’honneur de Notre-Dame de la Délivrance. En semblable circonstance, les habitants du canton de Jumiéges invoquent naïvement le patronage de saint Fini[2]. Nous avons eu déjà occasion, ailleurs, de faire remarquer cette étrange idolâtrie qui s’adresse, non à la forme matérielle, mais, à moins encore, au mot, à la forme verbale. Quoi qu’il en soit, le patronage de saint Fini résume,

  1. C.-A. Deshayes, Hist, de l’Abbaye de Jumiéges, p. 257.
  2. En Basse-Normandie, les fonctions de saint Fini sont remplies par saint Va-t-et-saint-Vient, personnage d’une réalité non moins équivoque.