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introduction.

modifiées suivant ses idées dominantes ou sa fantaisie du moment, ne porteraient-elles pas l’empreinte profonde de son génie ? Or, qui dit le peuple, surtout à ces époques d’inspiration, dit aussi l’humanité, dans toute la franchise de ses sentiments innés et de ses instincts primitifs.

Que ceux, donc, d’entre nos lecteurs, qui se seraient sentis disposés jusqu’alors à accueillir avec dédain les récits traditionnels, s’efforcent de prêter, à ceux dont nous sommes l’humble et fidèle narratrice, une attention plus sympathique, et nous sommes persuadée qu’ils découvriront, dans ces fables qui ne semblent, au premier aspect, qu’un tissu d’inconséquences et de puérilités, bien des significations intéressantes, que nous-même n’avons pas prévues, et que nous n’aurions su signaler. Peut-être arriveront-ils à trouver enfin, dans ces inventions fabuleuses, matière à observations et à enseignements, aussi bien que dans les pages les plus véridiques de l’histoire. En effet, les émanations divines de nos ames s’échappant pour ainsi dire à notre insu, tout ce qui nous touche en retient quelque chose, et notre liberté aveugle ignore toujours où nous avons le plus semé. C’est pourquoi il peut y avoir autant de l’esprit d’un siècle dans une humble légende, que dans ces évènements laborieux au service desquels une nation entière s’est efforcée d’employer toutes les ressources de son activité et de son génie.

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