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CHAPITRE XI.

moment, et pour cause, l’entrée des étables est défendue, sous prétexte que celui qui voudrait s’assurer de la vérité du fait, courrait le risque d’être battu[1].

Lorsqu’on fait un retour sur les croyances qui se sont établies relativement aux facultés, aux mœurs, aux habitudes imaginaires des animaux, on est forcé de convenir que les inventions de cette espèce, toutes merveilleuses et singulières qu’elles soient, n’ont pas autant de valeur intellectuelle que le plus simple fait acquis à la science. Mais aussi la science n’est pas l’œuvre d’un jour ; elle réclame, pour arriver à ses fins, le concours d’un grand nombre de moyens dont le temps seul dispose. Les inventions merveilleuses qui ne pouvaient y suppléer, occupèrent du moins les loisirs de l’incertitude plutôt qu’elles n’entravèrent la marche du progrès ; car l’intelligence développe ses facultés, excite son propre essor, et se prépare à la conquête de la vérité, en expérimentant l’erreur, en s’exerçant sur des chimères.



  1. L.-S. Chrétien, Usages, préjugés et superst. de l’arrond. d’Argentan, p. 22.