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iv
introduction.

gine particulière de chacune des superstitions dont nous avions à traiter : de la croyance aux fées, aux lutins, aux animaux fantastiques, etc. ; mais, afin que ces définitions spéciales trouvent l’esprit du lecteur bien préparé, il est bon de les faire précéder ici de quelques considérations d’une nature plus générale, ayant pour but la recherche des causes immédiates qui ont dû, dans tous les lieux, et à toutes les époques du passé, donner naissance à une croyance superstitieuse, contribuer à son développement, ou amener sa décadence.

Si l’on veut arriver à se former des idées exactes sur cette matière, il faut, avant tout, se pénétrer de cette observation : qu’aucune croyance superstitieuse n’est le fait de l’invention spontanée, ni d’un individu, ni même d’un peuple. Toutes, elles se sont développées à la suite d’un système religieux quelconque, dont elles sont le complément ou plutôt la déviation. Leur autorité s’est mesurée toujours d’après celle du dogme fondamental ; et, lorsque celui-ci est venu à s’écrouler, on a vu ces mystérieuses croyances disparaître et s’anéantir peu à peu, et les nombreux miracles, qui en étaient les manifestations sensibles, ont cessé de prendre place dans l’histoire des peuples.

Afin de mettre les faits en rapport avec nos assertions, examinons quelle a été la marche décroissante des préjugés superstitieux, aussi bien dans notre pro-